Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.220

4 dec 1852 Nîmes, AMOUROUX Adolphe

Ne pas changer de confesseur parce qu’il est difficile à trouver. – Grâces que Dieu réserve à l’âge de 17 à 18 ans. – Ne pas trop lire Massillon, qui est un désespérant. – La société des 24 va fort bien.

Informations générales
  • T1-220
  • 205
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.220
  • Cop.ms. du P. Vailhé, ACR, AR 108.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONFESSEUR
    1 FORMATION DES JEUNES AUX VERTUS
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LIVRES
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 OEUVRES DE JEUNES
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 MASSILLON, JEAN-BAPTISTE
    2 PIE IX
    3 ANGLETERRE
    3 ITALIE
    3 NIMES
    3 PIEMONT
    3 SUISSE
  • A MONSIEUR ADOLPHE AMOUROUX
  • AMOUROUX Adolphe
  • le 4 décembre 1852.
  • 4 dec 1852
  • Nîmes,
La lettre

Mon cher enfant,

Votre lettre est si bonne que je me sens tout heureux en la lisant; elle me montre quelque chose de très sérieux chez vous et la disposition de prendre la vie qui s’ouvre devant vous par le côté pratique. C’est une excellente disposition. Laissez-moi d’abord vous conjurer de ne pas abandonner votre confesseur, parce qu’il est difficile à trouver. Ce vous est, au contraire, une raison de redoubler d’obsessions auprès de lui, parce qu’après tout il s’agit de vous et de votre utilité personnelle. Je sais qu’il est quelquefois difficile de bien marcher, quand on a dix-sept ou dix-huit ans. Je ne crois pas qu’il y ait un âge, pour lequel Notre-Seigneur réserve plus de miséricorde que celui là. Il y a, à ce moment, tant de dangers à courir qu’il faut bien trouver auprès de Notre-Seigneur ce que notre faiblesse semble nous enlever d’activité pour le bien.

Continuez, mon cher Adolphe, les lectures comme celles que vous me citez. Seulement, je vous avoue que j’aime peu le genre désespérant de Massillon: c’est un homme qui vous damne, à force de vous menacer de l’enfer. Certes, la pensée du salut et de l’éternité est bien propre à faire réfléchir; mais, à côté de la justice de Dieu, je pense qu’il faut toujours parler de sa bonté; et, quoiqu’il ne faille pas en abuser, il y a dans un sentiment de confiance filiale quelque chose qui touche plus le coeur de Dieu et le dispose plus en notre faveur.

Que faites-vous en fait d’études? La société des 24 fonctionne ici avec un zèle admirable et acquiert des proportions, que, du reste, je lui souhaite depuis longtemps[1]. Je pense qu’il peut être très utile à nos jeunes gens de travailler dans la direction qui leur est donnée là[2].

Adieu, mon cher Adolphe. J’attache un grand prix à notre correspondance et je vous promets que, si elle languit, ce ne sera pas ma faute.

Tout à vous du fond du coeur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Groupe d'élite recruté dans les classes terminales.
2. Les Archives de Rome possèdent le brouillon d'une adresse au Pape Pie IX, datée du 8 décembre 1852, dont le texte latin a été élaboré par Germer-Durand; maîtres et élèves du collège assurent le Pape de leur attachement à sa personne et de leurs prières à son intention, d'autant plus que, depuis quatre ans, l'Eglise est menacée, en Italie, d'une subversion politique et d'une propagande protestante qui vient d'Angleterre et qui va s'intensifiant: *Etenim illud fama ad nos usque pertulit, populum quemdam, artibus sane et mercatura florentem et heretica labe jam a tribus saeculis infectum, catholicae religionis perniciem, non solum in provinciis suis ab continenti sejunctis, sed in ipsa quoque Italia, ad ipsas prope romanae Urbis portas.*
Nous savons qu'en 1848, le Piémont avait accordé aux <> la liberté et qu'ils devinrent aussitôt missionnaires, à travers l'Italie, soutenus par la Suisse et surtout par l'Angleterre. On était informé à Nîmes de ces événements et, sans doute, l'initiative d'une adresse au Pape émanait de la <>, c'est-à-dire de l'élite des grands élèves avec l'accord du préfet des études et du P. d'Alzon. Elle témoigne du moins de <> aux élèves de l'Assomption: un grand amour de l'Eglise, aux prises avec les difficultés du moment, en Italie comme ailleurs.