Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.251

22 mar 1853 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Surabondance de ses occupations. – Réponses à diverses questions. – Ne pas se tracasser des misères, il y en a partout. – Nécessité de se sanctifier.

Informations générales
  • T1-251
  • 231
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.251
  • Orig.ms. ACR, AD 871;D'A.,T.D. 21, n. 128, p.78.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES
    1 MAITRES
    1 PROVIDENCE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SALUT DES AMES
    1 SCHISME
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    2 ADAM
    2 CHATEL, FERDINAND-FRANCOIS
    2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
    2 FABRE-PALAPRAT, BERNARD-RAYMOND
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 POULLARD, THOMAS
    3 PARIS, PASSY
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 22 mars 1853.
  • 22 mar 1853
  • Nîmes,
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Vous êtes occupée, ma chère fille. Hélas! et moi, je suis écrasé. Les morts, les mourants et ceux qui restent pour pleurer ceux qui meurent me font tourner la cervelle. Un examen à faire subir à près de 60 gamins, un quart d’heure par individu, et mes confessions de Pâques! Je me lève matin, je me couche tard. Aujourd’hui, j’avais bien arrêté que je ferais une petite visite par lettre, à ma chère fille pendant la récréation du déjeuner. C’était un excellent moyen de tromper l’appétit. D’autres s’en sont chargés. Le père d’un enfant chassé, une vieille femme à conseiller, le médecin à consulter, un enfant à éclairer sur sa vocation, M. Durand qui réclame une solution à quatre questions, Mme Durand qui réclame une visite, et me voilà à 8 h. 1/2, et ma lettre n’est pas commencée. Notez qu’on m’attend à la chapelle et que les Carmélites attendent un sermon de moi avant 10 h. Elles attendront tant qu’elles voudront; je vous écrirai.

1 ° L’affaire de Passy me semble prendre une mauvaise tournure[1]. Dieu est bon, et si nous n’avons pas Passy, c’est que ce ne sera pas convenable. Toutefois, d’après ce que m’en dit le P. Laurent, c’est bien séduisant.

2° Châtel est bien et dûment évêque; sa conversion serait un triple prodige, il a tant profané de choses. Je prierai pour lui de tout mon coeur[2].

3° Il ne faut pas se tracasser de quelques misères qui peuvent entraver le Tiers-Ordre. Quelle oeuvre n’est pas un tissu de misères! Dieu prend tout cela et en fait un corps, comme celui d’Adam avec de la boue, et quand son esprit a soufflé dessus, cela devient une très belle chose.

4° Pour l’amour de Dieu, talonnez le P. Laurent pour que j’aie un professeur de physique.

Et maintenant, chère fille, parlons un peu de nous. Si je vous ai fait du bien, vous me l’avez rendu. Que Dieu nous maintienne dans cette disposition de sanctification l’un par l’autre! Je ne puis vous dire combien je suis heureux de vous être bon à quelque chose, et tout à la fois le père, l’ami et le serviteur d’une âme qui m’est si chère.

Quant à Soeur M[arie]-Thérèse, il me semble que je pourrai tout arranger, si vous y trouvez des difficultés. Je prierai bien pour vous cette semaine sainte. Ma fille, ma fille, sanctifions-nous. Dieu vous bénira dans nos oeuvres en proportion de notre sainteté. Je m’arrête, mais croyez que, pendant tous ces jours, je ferai les mêmes demandes pour vous que pour moi.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Désormais, jusqu'au 16 avril, la question d'un achat de terrain à Paris, pour le transfert du collège du faubourg Saint-Honoré, va dominer la correspondance du P. d'Alzon soit avec Mère M. Eugénie, soit avec le P. Laurent. Une première proposition est celle de Passy, où une propriété était en vente, qui coûtait quelque 800.000 francs, à verser presque intégralement après l'achat. On a reproché à tort au P. Laurent de ne pas vouloir de Passy; il désirait bien cette propriété, mais qui lui aurait fourni la somme pour l'acheter? Là-dessus, on offrit au P. Laurent une seconde proposition celle de Clichy: un château situé dans une propriété d'environ 8 hectares, dont la mise à prix s'élevait à 160.000 francs, dont 30.000 étaient payables dans le délai de 3 mois, le reste distribué sur une période de 10 ans.
2. Ferdinand-Toussaint-François Châtel (1795-1857), prêtre en 1818, aux idées libérales et gallicanes, fonda en 1830 l'<>, dissoute en 1842 et reconstituée à la faveur de la révolution de 1848 sous le nom d'<>. Châtel se prétendit élu évêque, mais ne put être sacré par l'ancien évêque constitutionnel Poulard; il le fut par le médecin Fabré-Palaprat, chef d'une secte maçonnique.