Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.261

11 apr 1853 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Laissons Clichy et parlons de direction spirituelle. – Notre misère provient de ce que nous n’aimons pas assez Dieu. – Si l’humble discours de saint Pierre a converti les foules, c’est que le Saint-Esprit était sous chacune de ses paroles. – Il devrait en être de même pour les supérieurs.

Informations générales
  • T1-261
  • 239
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.261
  • Orig.ms. ACR, AD 877; D'A., T.D. 21, n. 134, pp. 83-84.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE CLICHY
    1 LACHETE
    1 SAINT-ESPRIT SOURCE DE LA CHARITE
    1 SPIRITUALITE TRINITAIRE
    1 SUPERIEUR
    1 TEMPLE DU SAINT-ESPRIT
    1 UNION DES COEURS
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PIERRE, SAINT
    3 CLICHY-LA-GARENNE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 11 avril [18]53.
  • 11 apr 1853
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Je vous ai écrit ce matin, je persévère, malgré la dépêche du P. Laurent, à ne vouloir de Clichy qu’autant que vous y donnerez votre plein et entier consentement. Mais ce n’est pas de cela que je veux vous entretenir. Il me semble que je puis bien vous parler un peu de vous, et tout ce que vous m’avez écrit trouve sa réponse, ce me semble, dans une pensée que je me sens pressé de vous communiquer. Ce qui fait notre misère devant Dieu, c’est que nous n’aimons pas assez et [que] nous ne donnons pas assez à nos actions le mérite de l’amour, c’est que nous ne savons pas entrer assez en rapport avec l’amour substantiel qu’est le Saint-Esprit. Je me fais de très grands reproches par rapport à la manière dont j’honore le Saint-Esprit, dont je suis le temple, et, si vous y réfléchissez un peu, je pense que vous vous sentirez également coupable de ce côté. Que faire? Ne convient-il pas que, vous et moi, nous retrempions un peu sérieusement dans nos relations avec le Saint-Esprit?

Je suis très frappé d’un fait, que j’ai fait observer à quelques personnes et qu’il faut que je vous redise: Quelle est la valeur oratoire du premier discours de saint Pierre, au sortir du Cénacle? Franchement, elle n’est pas grande, et pourtant il convertit trois mille personnes. C’est que le Saint-Esprit était sous chacune de ses paroles. Pourquoi une supérieure, un supérieur comme vous et moi, dont la vie a quelque chose d’apostolique, ne s’efforceraient-ils pas de se pénétrer si fort de l’action du Saint-Esprit en eux qu’ils puissent le reproduire dans tous leurs actes et toutes leurs paroles? Quelque chose me pousse à entrer dans cet état de dépendance à l’esprit de Dieu jusqu’à la Pentecôte. N’est-ce pas un bon moyen de profiter du temps pascal? Voilà ce que je voulais vous dire et vous inviter à mettre votre âme dans la même disposition que la mienne. N’est-ce pas là un bon moyen, chacun selon la différence de nos natures, d’entrer dans cette unité de vues, de sentiments et d’esprit, que Dieu veut de nous? Le Saint-Esprit serait le lien de nos âmes, comme il est le lien du Père et du Fils dans l’adorable Trinité.

Adieu, ma fille. Mon coeur avait besoin de vous dire ces choses. Je souhaite qu’elles vous fassent autant de bien qu’elles m’en font à moi et qu’elles vous fassent trouver le principe de vie surnaturelle, qui doit transformer tout votre être en Dieu.

J’ai été un peu souffrant, mais je vais mieux.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum