Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.273

1 may 1853 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Convient-il qu’elle se fasse caution pour lui? – Exemple récent des Carmélites de Nîmes. Des liens d’argent pourraient gêner les relations spirituelles de Congrégation à Congrégation.

Informations générales
  • T1-273
  • 251
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.273
  • Orig.ms. ACR, AD 887; D'A., T.D. 21, n. 144, pp. 87-88.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 CAPITAUX EMPRUNTES
    1 DECISIONS DU CHAPITRE
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 RELATIONS ENTRE RELIGIEUX
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    2 ALZON, EMMANUEL D'
    2 ESCURES, MADAME GAILLARD D'
    2 LAURENT, CHARLES
    2 POILOUP, FERDINAND-M.
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 NIMES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 1er mai [18]53.
  • 1 may 1853
  • Nîmes,
La lettre

Me voici un peu soulagé par votre si parfait dévouement, ma chère fille; cependant, je sens bien qu’il faut que j’aie des tribulations. A la garde de Dieu! Au moins, si j’en profitais! Je fais ce que je peux pour n’en pas perdre le mérite et je l’offre à votre intention. C’est mon seul moyen de vous témoigner ma reconnaissance. Quant à ce qui regarde ce que vous pouvez faire pour moi, je vais vous dire bien simplement mon avis.

Le chapitre des conseillères porte qu’elles ne doivent répondre que lorsqu’on les interroge, et je ne vois nulle part que la supérieure soit obligée de les interroger sur les affaires d’argent. Si donc il vous était plus commode de consulter le supérieur, je n’y verrais pas de difficulté. Mais la question n’est pas là. Convient-il que vous vous fassiez caution pour moi? En général, on recommande de ne pas prêter de Communauté à Communauté. En 1848, la supérieure des Carmélites refusa de me prêter de l’argent qui m’eût été si nécessaire. Aujourd’hui elle a besoin d’argent. Je n’ai pas voulu qu’elle sût que je lui prêtais 4.000 francs. Il est vrai que quand elle me les aura rendus, je lui dirai que si, il y a cinq ans, elle était venue à mon aide, je ne l’aurais pas laissée aujourd’hui dans l’embarras. Une fois la leçon donnée, je l’aiderai de mon mieux. Cependant, en général, on engage les Communautés à s’appuyer sur elles seules. J’avoue que ce principe me paraît anti-charitable.

Mais à cause de nos futures relations, ne devons-nous pas, autant que possible, séparer nos affaires? J’y vois des avantages, quoique j’en visse un très grand pour moi en ce moment à la méthode opposée. Il est sûr que je vous ai rendu service, quand je vous ai prêté 30.000 francs. Il est sûr que les Sulpiciens avaient prêté 200.000 francs à l’abbé Poiloup. Voyez et jugez, surtout examinez s’il faut que nous gênions nos relations spirituelles, de Congrégation à Congrégation, par des liens d’argent. La seule chose qui me déterminerait à accepter votre caution serait que, par là, vous entreriez dans l’esprit de celle de vos règles qui porte que vous viendrez en aide à des oeuvres pieuses. Or, vous nous aidez merveilleusement en cette circonstance. Mais alors, quoique je ne veuille certes pas diminuer ma part de reconnaissance envers ma fille, ce n’est plus Soeur Marie-Eugénie de Jésus qui aide M. d’Alzon, c’est la Congrégation des femmes qui aide la Congrégation des hommes, et ce point me semble mettre plus votre conscience à l’aise, car vous faites une oeuvre dans l’esprit de votre Ordre.

Voyez, priez et réfléchissez d’après ces observations. Moi, je me réserve de vous être reconnaissant de ce que décide votre coeur de fille et d’amie, quelque parti que vous preniez.

Tout à vous, mon enfant.

J’écris à dessein une lettre au P. Laurent qui le mettra dans l’embarras, pour le forcer à vous consulter[1].

E. D' ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mis en cause à son tour, le P. Laurent écrit, le 15 mai, au P. d'Alzon: <>.*