Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.278

8 may 1853 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les Résurrectionistes. – Ce qu’il a fait et compte faire pour la maison de Clichy. – Manière dont elle pourrait prêter de l’argent. – L’abbé Gaume leur serait un bon aumônier.

Informations générales
  • T1-278
  • 254
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.278
  • Orig.ms. ACR AD 888; D'A., T.D. 21, n. 145, pp. 88-89.
Informations détaillées
  • 1 ACTIONS
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 ARGENT DU PERE D'ALZON
    1 AUMONIER
    1 CAPITAUX EMPRUNTES
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONTRAT D'ACHAT
    1 DONS EN ARGENT
    1 DOT
    1 LOI HUMAINE
    1 MOIS DE MARIE
    1 PROJET D'UNION AVEC LES RESURRECTIONNISTES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SAINT-ESPRIT
    2 ESCURES, MADAME GAILLARD D'
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 GAUME, JEAN-ALEXIS
    2 GAUME, JEAN-JOSEPH
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 HUBE, JOSEPH
    2 JELOWICKI, ALEXANDRE
    2 KAJZIEWICZ, JEROME
    2 LAURENT, CHARLES
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SEMENENKO, PIERRE
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 ESPAGNE
    3 ITALIE
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 8 mai [18]53.
  • 8 may 1853
  • Nîmes,
La lettre

Je reçois à l’instant votre lettre du 2 mai et je conçois parfaitement le dérangement continuel où vous vous trouvez. Il m’est impossible de ne pas le comprendre, moi qui y suis si exposé. Je vais répondre à votre lettre par articles.

1° Pour le P. Jérôme, je suis tout à fait d’avis que vous lui écriviez. Notre position à Paris peut leur sourire et ils peuvent, de leur côté, nous être très utiles[1].

2° Je réponds à l’affaire de Clichy. Les choses en sont au point que, pour le moment, je ne puis disposer de rien par l’effet du mécontentement de mes parents et de la conduite de l’abbé Henri; comme aussi, d’ici trois semaines, peut-être pourrai-je avoir 75.000 francs, peut-être 100.000, peut-être plus. Cela est fort extraordinaire, mais cela est ainsi. Je voudrais agir comme si je ne devais compter sur rien, quoique je fasse tout ce que je puis pour trouver quelque chose; mais je voudrais bien faire comme si je ne devais rien avoir, parce qu’il me faut agir pour le moment avec la plus extrême prudence.

Pour Mlle de Pélissier, je lui ai écrit un mot, où, sans lui rien dire, je l’ai prévenue que vous lui parleriez peut-être d’un service à me rendre. Ainsi, il est possible que de ce côté-là encore, nous ayons quelque chose.

Je vous le répète, j’agis tant que je puis, mais il faut aller très doucement, à cause de mes parents. Je préférerais que la maison fût achetée au nom du P. Laurent et du Fr. Hippolyte, et ne pas y paraître le moins du monde pour cette fois[2]. Cela me paraît indispensable. Nous aurons bien des dots un jour, mais pas encore. Dans ce moment je ne puis guère avoir d’argent, mais il me paraît qu’avant quelques mois je pourrai disposer d’une assez forte somme. Si donc on me prêtait, je ne pense pas que ce fût pour longtemps.

Je ne pense pas que, légalement, ce soit la Congrégation qui dût s’engager. Aux yeux de la loi, on ne devrait être qu’une seule personne, mais il serait convenu que la bonne oeuvre ne se ferait que du consentement de la Congrégation. Voilà ce que j’avais voulu dire. Aussi, vous prêterez, je suppose, mais avec la permission de la Congrégation[3].

L’abbé Gaume me semblerait un bien bon aumônier[4]. Son frère le ferait accepter à l’archevêché, et je crois que cela vous poserait très bien à Rome, où la question gaumiste fait des progrès étonnants. Le mois de Marie fait ici des merveilles dans la maison. Je suis, tant que je puis, confit dans le Saint-Esprit que j’aime à la folie. Au moins voudrais-je être fou de lui et de Notre-Seigneur: Nos stulti propter Christum[5].

Adieu, chère fille.

Je n’ai pas le temps de relire, mais j’ai, je crois, un débouché pour vos charbons d’Espagne: les chemins de fer d’Italie[6].

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Il s'agit ici des religieux Résurrectionistes, issus de Polonais émigrés à Paris après 1830. Leur fondation remontait à 1836; ils avaient leur centre à Rome et une activité à Paris. Bientôt se formerait dans leur mouvance une congrégation féminine, sous le vocable de l'Immaculée Conception. Le P. d'Alzon avait eu l'occasion de connaître ces religieux à Paris, en 1843, par l'intermédiaire de Mère M.-Eugénie qui les appréciait, et même de recevoir à Nîmes, en 1845, le P. Semenenko, fonda teur et législateur de l'ordre. <>. En 1848, le P. Hubé devient supérieur général, à la place du P. Jérôme Kajziéwicz, qui sera le négociateur de l'union entre son Institut et l'Assomption. Car le projet réapparaît en 1853 dans l'esprit de Mère M.-Eugénie. <>. Le 2 mai, après avoir regretté que le P. d'Alzon ne lui ait rien répondu à ce sujet, elle ajoute: <>.
2. Le P. d'Alzon se range à l'avis de Mère M.-Eugénie, exprimé dans sa lettre du 2 mai.
3. Certe permission ouvre un droit de regard sur l'affaire de Clichy aux Religieuses, dont les sentiments envers les religieux de Paris ou de Nîmes peuvent différer de leurs sentiments envers le P. d'Alzon, ou même des sentiments de Mère M.-Eugénie.
4. C'est le cardinal Gousset qui avait émis cette proposition, pour rendre service à l'abbé Gaume, en difficulté avec son évêque.
6. Il s'agit des actions de M. de Franchessin.5. 1 Co 4, 10.