Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.293

7 jun 1853 Nîmes, ESCURES Comtesse

Il songe à créer une oeuvre pour la conversion des protestants, soit à Nîmes, soit ailleurs, et voudrait la lui confier. Accepte-t-elle? – Elle ne se délivrera de ses incertitudes qu’en sacrifiant sa volonté. – Recommandations diverses.

Informations générales
  • T1-293
  • 263
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.293
  • Orig.ms. ACR, AN 31; D'A., T.D. 38, n. 31, pp. 157-159.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ASSOMPTION
    1 CONVERSIONS
    1 ENGAGEMENT APOSTOLIQUE DES LAICS
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PROTESTANTISME
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 SALUT DES AMES
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 VOEU DE CHASTETE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 ISAIE, PROPHETE
    2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
    2 NICOLAS, AUGUSTE
    2 RATISBONNE, THEODORE
    2 ROUSSEAUX, MESDEMOISELLES
    2 VENTURA, GIOACCHINO
    3 ANNECY
    3 NIMES
    3 NIMES, CATHEDRALE
    3 NIMES, EGLISE SAINT-CHARLES
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le 7 juin 1853.
  • 7 jun 1853
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
  • Mademoiselle
    Mademoiselle de Pélissier
    13, avenue Marbeuf, près les Champs Elysées
    Paris.
La lettre

Il me semble, ma chère enfant, que mes lettres succèdent assez promptement aux vôtres, pour que vous ayez sujet d’être contente de votre père. Et en effet, comme vous le dites, vous êtes dans un moment de crise qui finira bientôt, je l’espère. Votre vie me paraît se dessiner assez nettement, et après avoir si bien prié Dieu, il me semble que je crois voir à quoi vous employer. Ne pensez-vous pas que ce serait une chose utile à la cause de l’Eglise et à votre sanctification que de vous donner un peu généreusement à préparer une oeuvre pour la conversion des protestants? Une oeuvre pour les protestants semblable à celle que M. Ratisbonne fait pour les juifs, ce serait il me semble, une oeuvre dont il serait important de s’occuper un peu activement. Or des religieuses, dans les commencements du moins, feraient peut-être et presque à coup sûr, moins bien que des personnes dans votre position. Pour ma part, j’y verrais de grands avantages, et je suis, depuis quelques jours, obsédé par cette idée. Songez-y beaucoup, parce que je verrais un moyen d’exercer votre activité, un moyen de vous sanctifier et de vous faire travailler de concert avec les demoiselles des Rousseaux. Cette oeuvre rentre parfaitement dans les attributions du Tiers-Ordre, et il me paraît que, soit que vous la fissiez à Nîmes, soit que vous la fissiez ailleurs, elle entrerait tout à fait dans un ordre d’idée qui est le vôtre[1]. Si, plus tard, le désir de vous consacrer à Dieu par des liens plus forts se manifestait, rien ne vous empêcherait de donner un peu plus à Notre-Seigneur; si, au contraire, ceci était le terme de la volonté divine, vous auriez votre nid tout fait.

Vous voyez, ma chère enfant, que je songe à vous, et que je dispose presque de vous, car je vois venir le moment où vos irrésolutions ne pourront être apaisées que par le sacrifice absolu de votre volonté. Vous en viendrez à dire, comme Isaïe: [[Me voici, envoyez-moi]][2], et je vous le dis bien simplement, vous ne serez débarrassée des fatigues de votre volonté et de ses incertitudes que le jour où vous en déposerez le fardeau tout entier aux pieds de Notre-Seigneur. Vous avez un immense besoin d’être portée, et c’est ce qui m’avait fait croire que vous finiriez par vous faire religieuse, mais il est fort possible que si l’on vous porte, sans que vous vous courbiez sous le joug d’une règle trop forte, vous trouviez là ce qui conviendrait le mieux et à vos besoins et à votre faiblesse. Mais je suis indéchiffrable; pourrez-vous me lire?

Vous me parlez du voeu de chasteté. Il me semble que vous devez vous y préparer, pour l’Assomption. Vous pourrez, si vous vous croyez trop faible, ne le faire d’abord que pour un temps, sinon pour toujours. Je suis souffrant et j’abrège. Je n’ai rien reçu d’Annecy. Je veux absolument que vous poursuiviez vos études; vous en voyez l’utilité. Mardi 14, je dirai la messe pour vous. Il me paraît assez facile de vous procurer saint Jean Chrysostome en français. Lisez le dernier ouvrage de M. Nicolas, et les dernières conférences du P. Ventura.

Ecrivez-moi le plus tôt possible sur mon idée; vous voyez que je me mets à penser tout haut avec vous. Adieu, ma fille. Croyez que je vous rends votre affection avec un coeur de père.

Soignez votre santé.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. On peut voir là les germes de *l'oeuvre de Saint-François de Sales* inaugurée en janvier 1855, précédée par l'ouverture d'un orphelinat d'enfants protestants et des séries de conférences pour adultes au cours de l'hiver 1853-54. Le succès de la restauration des processions à Nîmes encourage le P. d'Alzon. V. de P. Bailly donne dans ses lettres de précieuses indications sur la situation chrétienne de la ville de Nîmes: <>. Cependant si à la paroisse Saint-Charles il y a <>, on a vu <>, aider <> de la procession de la cathédrale, <>.2. Is 6,8.