Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.297

12 jun 1853 [Nîmes, ESCURES Comtesse

Ses objections à la mission offerte n’en sont pas, et il compte toujours sur elle. – Objet précis de cette mission. – Pourquoi la débilité actuelle des vocations? – Son opinion sur les tables tournantes et frappantes.

Informations générales
  • T1-297
  • 266
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.297
  • Orig.ms. ACR, AN 32; D'A., T.D. 38, n. 32, pp. 159-161.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AMOUR DES AISES
    1 BONNES OEUVRES DES LAICS
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 EDUCATION RELIGIEUSE
    1 MAGNETISME
    1 MANQUE DE FOI
    1 RESISTANCE A LA GRACE
    1 SAINTETE
    1 SALUT DES AMES
    1 SATAN
    1 SPIRITISME
    1 VERTU DE FORCE
    1 VOCATION
    2 REVOIL, MADAME HENRI-ANTOINE
    2 VAILHE, SIMEON
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le] dimanche (12 juin 1853].
  • 12 jun 1853
  • [Nîmes,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle de Pélissier
    13, avenue Marbeuf, près les Champs Elysées
    Paris.
La lettre

Ma chère fille,

Comme j’ai l’habitude de déchirer vos lettres aussitôt que j’y ai répondu, il m’est assez difficile de vous donner satisfaction sur celles de vos questions que je n’ai pas abordées. Je vais répondre aux lignes qui m’arrivent de vous, et j’espère ne rien passer cette fois. Je suis souffrant, mais par boutades; en ce moment, je vais bien et j’en profite pour écrire.

Les objections que vous me faites n’en sont point, et je vous préviens que je suis très résolu à ne pas m’y arrêter, si je ne trouve pas d’autres obstacles. D’ailleurs qui est digne? Qui est instruit? Qui a le feu sacré? Ce sont des vérités qui courent les rues. Ainsi je ne me laisse pas arrêter par toutes vos observations. Il faut vous préparer, il faut vous instruire, il faut vous sanctifier, voilà l’essentiel. Vous avez un but, et, partant, un encouragement, un aiguillon. Je puis vous assurer que je n’ai aucune arrière-pensée sur votre avenir. Je fais mes arrangements, comme si vous ne deviez pas être religieuse. Est-ce que je puis jurer que vous ne le serez jamais? Evidemment non, car les préjugés que vous avez contre les couvents sont moins dans votre nature que dans des idées communiquées. Mais, très franchement, je n’y songe pas et j’arrange pour vous une vie de bonnes oeuvres ou une vie de prosélytisme, comme je vous le disais. Et encore en quoi consisterait-elle? A recevoir les femmes ébranlées qui voudraient se convertir, ou les enfants que des parents hérétiques céderaient pour être élevés catholiquement.

Quant à la vocation de ma chère fille, je la conjure de songer que ses anxiétés l’obligent à ne pas s’en préoccuper; c’est mon affaire. Or, pour le moment, je crois qu’elle doit se préparer dans le sens que je lui indique. La raison pour laquelle les vocations se dessinent moins aujourd’hui dans un sens ou dans un autre, vient tout bonnement: 1° de la perte de l’esprit de foi; 2° de l’affaiblissement des caractères. On n’a ni esprit de foi, ni énergie, ni désir de la perfection, ni esprit pratique de la perfection. Voilà tout, ni plus ni moins.

Les tables tournantes et parlantes sont à mes yeux, et d’après les exemples de Mme R[evoil], un fait magnétique mis en train par l’imagination. Il peut cependant y avoir un peu de diablerie, mais ce n’est pas du tout sûr. Voilà mon opinion.

Chère fille, devenez-vous une sainte? Pour cela ayez le courage d’envisager un avenir tel que Dieu veut vous le faire. Je n’ai aucune nouvelle de vos demoiselles[2]. Adieu, ma chère fille. Soyez convaincue que je pense tout haut, et, quand je ne vous dis rien, c’est que je ne pense pas. Croyez à mon bien paternel attachement.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. <>. - Nous ne pouvons plus vérifier la date donnée par le cachet de la poste, mais nous devons corriger une erreur du P.S. Vailhé: le *12* et non le 11 était un dimanche.
2. Mlles des Rousseaux.