Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.306

4 jul 1853 [Nîmes, ESCURES Comtesse

Quelle demeure prête à venir. – Arrangement possible pour des propriétés de famille. – Dieu lui fait sentir la nécessité d’un détachement absolu. – La mortification extérieure peut y aider.

Informations générales
  • T1-306
  • 275
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.306
  • Orig.ms. ACR, AN 34; D'A., T.D. 38, n. 34, pp. 163-164.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 DETACHEMENT
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 HUMILITE
    1 MORTIFICATION
    1 PROPRIETES FONCIERES
    1 REFORME DU COEUR
    1 REGLE DU TIERS-ORDRE
    1 RELIGIEUSES
    1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    2 ALEYRAC, BARON D'
    2 ALEYRAC, MADAME D'
    2 COURTOIS, ALBERT DE
    2 COURTOIS, FAMILLE DE
    3 ALES, PROPRIETE D'ARENES
    3 BEAUVOIR, PROPRIETE
    3 NIMES
    3 VISAN, PROPRIETE
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le] 4 juillet [18]53.
  • 4 jul 1853
  • [Nîmes,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle de Pélissier
    13, avenue Marbeuf, près les Champs Elysées
    Paris.
La lettre

Je suis très franc, ma chère fille, et plus vos lettres sont longues, plus elles me plaisent. Si je suis bref aujourd’hui, c’est que je suis très souffrant. Cependant je veux vous dire deux mots.

1° Je pense comme vous, vous ferez mieux de ne pas venir; mais tenez-vous prête au premier signal, car si j’ai besoin de vous, je vous appellerai.

Vous avez très bien fait d’envoyer à vos demoiselles la règle du T[iers-] O[rdre]. Je désire qu’elles en soient contentes; c’est très court, mais à cause de cela même très souple, et l’on a besoin de cela pour commencer[1].

Ne pourriez-vous pas vous arranger avec les Courtois pour Arènes? Le jeune Albert de Courtois me parlait d’aller s’y enterrer. On pourrait peut-être faire des arrangements de famille en pressant un peu. Peut-être pourrait-on vous céder Beauvoir. Quant à Visan, il me paraîtrait très bien de l’avoir. Pourquoi n’y établiriez-vous pas votre oeuvre? Ce serait un moyen de ne pas le vendre, à moins que vous ne préfériez être plus près de Nîmes; mais il me semble que tout pourrait s’arranger.

Je vois un très grand avantage à ce que vous vous fortifiiez un peu dans l’étude et dans l’habitude de l’application. Peu à peu vous serez plus maîtresse de vous, et cela ne vous nuira pas. Je ne pense pas que la sécheresse dans laquelle vous vous trouvez soit une bien mauvaise marque. Dieu vous éprouve et vous fait payer bien des misères; il faut donc vous porter à ce qu’il vous impose, vous courber sous sa main et le laisser faire.

Soyez bonne pour Mme d’Aleyrac. Je travaille pour elle tant que je puis. J’avais obtenu de son mari bien des concessions; mais il faut qu’elle emporte tout de haute lutte, et tout mon échafaudage croule. Non, le bon Dieu ne vous oublie pas, mais il veut savoir si vous êtes capable de quelque chose. Oui, mon enfant, exercez-vous à pratiquer l’humilité, autant que vous le pourrez, dans toutes les occasions. Oui, il faut vous détacher de tout ce qui plaît au coeur, à l’esprit et au sens, comme vous le dites très bien; il le faut même en pensant au lendemain. Que les imaginations qui vous tourmentent ne vous préoccupent pas trop. Il faut vous y mettre tout de bon, et c’est là que je voudrais pouvoir exercer toute mon autorité sur vous. Oui, il faut vous détacher de tout, absolument de tout.* Voilà la condition de la perfection.

Pratiquez la mortification avec les intentions qui vous paraîtront les meilleures; je vous laisse carte blanche là-dessus, pourvu que vous pratiquiez le détachement, l’oubli, l’abandon, le sacrifice de vous-même entre les mains de Dieu. Vous trouverez ce que vous désirez vous procurer chez les Carmélites de la rue d’Enfer. Il ne faut pas vous tuer, mais je crois qu’il y a des moments où l’on a besoin de faire effort, et la mortification extérieure nous y aide.

Voilà la plus longue lettre que j’aie écrite depuis longtemps. Adieu, ma fille. Croyez que je pense bien à vous. Il me tarde bien de vous voir. Adieu encore une fois. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La *Règle de l-Association de l'Assomption* (cf. *Lettres* 11,pp.507-512) fut, de 1845 à 1855 la règle même du Tiers-Ordre. Cependant, en 1847, elle comporte une rédaction nouvelle au début et à la fin, concernant *le but, les bonnes oeuvres et l'esprit du Tiers-Ordre* (cf. *Maître spirituel,* pp. 3839). Lors de la rédaction de la *Règle de l'Assomption* en 1855, le chapitre 1er de cette règle supplante les textes précédents et devient la règle même du Tiers-Ordre (cf. *Premières Constitutions,* pp. 37-45).