Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.319

2 aug 1853 Nîmes, ESCURES Comtesse

Il lui propose un entretien à Valence, vers le 20 août, sur l’oeuvre des protestantes. – Ce qui compte, ce n’est pas de se dire incapable, mais de commencer. – Ce que sera l’oeuvre projetée. – On peut songer à un établissement des Petites Soeurs des pauvres, mais avant même songer à imiter leur générosité. – Bailler en priant n’est pas un motif d’abandonner la prière.

Informations générales
  • T1-319
  • 287
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.319
  • Orig.ms. ACR, AN 36; D'A., T.D. 38, n. 36, pp. 166-168.
Informations détaillées
  • 1 BON EXEMPLE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 GENEROSITE
    1 INSTRUCTION RELIGIEUSE
    1 OEUVRES CARITATIVES
    1 OUBLI DE SOI
    1 PERSEVERANCE
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 PURETE D'INTENTION
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SALUT DES AMES
    1 VENERATION DE RELIQUES
    2 DUQUESNAY, ALFRED
    2 EUTYCHIANA, SAINTE
    2 JEANNE JUGAN, BIENHEUREUSE
    2 LE PAILLEUR, AUGUSTE
    2 ZABOLA, MADEMOISELLE DE
    3 EVIAN-LES-BAINS
    3 GRENOBLE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 RHONE, FLEUVE
    3 ROME
    3 SAVOIE
    3 VALENCE
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le 2 août 1853.
  • 2 aug 1853
  • Nîmes,
  • Evêché de Nîmes
  • Mademoiselle
    Mademoiselle de Pélissier
    13, avenue Marbeuf, près les Champs Elysées
    Paris.
La lettre

Ma chère fille,

Voici une proposition que je vous fais, mais je ne vous la donne que pour ce qu’elle vous semblera réalisable. Je serai à Valence les samedi, dimanche et lundi, 20, 21 et 22 août. Eh! bien, voulez-vous, si vous allez à Evian, descendre le Rhône et remonter en Savoie par Grenoble? Supposé que cette date coïncide avec vos projets de voyage, voyez, examinez. Je pourrai avoir deux ou trois très longues conversations. Qu’en pensez-vous? Ecrivez-moi à l’avance, afin que je puisse vous faire retenir un appartement, car je vais à Valence pour une cérémonie qui attirera un certain concours[1]. Quoiqu’il en soit, ma chère fille, je vous promets de vous y donner du temps, et, dans le cas où vous ne viendriez pas, adressez-moi toutes vos questions à l’évêché de Valence, de façon à ce que je les y trouve le samedi 20 août, vers midi.

Est-ce que votre Mademoiselle de Zabola ne pourrait pas passer par Nîmes? Sans doute, il faut un peu d’instruction religieuse, mais je ne pense pas qu’il en faille beaucoup; je crois plutôt qu’il faut un peu de générosité, d’amour de Dieu, d’oubli de soi. Quant à votre incapacité, tenez pour sûr que je n’y crois pas du tout. Le difficile, c’est que vous commenciez; le reste ensuite viendra.

Vous ne savez pas le premier mot de ce que peut être une maison pour des protestantes. C’est, d’une part, une espèce de providence, où l’on élève un certain nombre de petites filles, puis une maison où l’on peut faire faire des retraites plus ou moins longues pour préparer les personnes qui veulent rentrer dans le sein de l’Eglise et faire leur abjuration.

Vous me parlez des Petites Soeurs des pauvres[2]. Une personne paraît assez disposée à faire quelques sacrifices pour cela, et il est bien possible que nous en ayons, avant qu’il soit longtemps. Mais ma fille, savez-vous [ ce] qu’il faut surtout imiter de ces saintes filles, ce que l’on peut en prendre? Croyez-moi, malgré votre prétendue incapacité vous pourrez beaucoup, dès que vous le voudrez un peu fortement.

Ce que vous a dit M. Duquesnay est très vrai, et c’est précisément pour cela que votre état est un commencement d’expiation. En un sens, je vous trouve très heureuse, parce que vous pouvez apprendre à aimer. Ne croyez pas que vos baillements y soient un obstacle. Dieu voit surtout la force de l’intention. Tout cela est très humiliant, et c’est précisément pour cela qu’il faut vous y tenir. Une fille qui voudrait être une sainte et qui baille en priant Dieu, cela est fort désagréable, mais ce n’est pas un motif de vous décourager.

J’irai à Paris avant d’aller à Rome. Adieu, ma fille; vos bonnes paroles me touchent bien. Croyez que je voudrais vous être très bon. Tout à vous en Notre-Seigneur.

Je ne puis me relire.

Notes et post-scriptum
1. Transfert solennel des reliques de sainte Eutychiana, martyre, rapportées des catacombes de Rome.
2. Fondées en 1839, à Saint-Servan, par Jeanne Jugan (1792-1879) avec l'aide de l'abbé Le Pailleur *(Lettre* 441, note 2).