Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.329

13 sep 1853 [Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Deux terribles journées d’angoisses. – Il aime un peu plus la croix et l’accepte avec plus d’amour. – A son exemple, il devient plus miséricordieux. – Il se dévouera envers son frère, comme elle le désire. – Son souvenir l’aide à tenir dans l’isolement où le place Jésus-Christ.

Informations générales
  • T1-329
  • 300
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.329
  • Orig.ms. ACR, AD 917. D'A. T.D. 21, n. 174, pp. 105-106.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ANGOISSE
    1 BON EXEMPLE
    1 BONTE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CRAINTE
    1 FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 LACHETE
    1 MALADIES
    1 PENITENCES
    1 PROJET D'UNION AVEC LES RESURRECTIONNISTES
    1 REFORME DU COEUR
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE RELIGIEUSE
    2 ANANIE
    2 BECQUEREL, EDMOND
    2 DAGUERRE, JACQUES
    2 DISDERI, ADOLPHE-EUGENE
    2 GARNIER, PAULIN
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GOURAUD, HENRI
    2 IMLE, HENRI-JOSEPH
    2 KAJZIEWICZ, JEROME
    2 MILLERET, EUGENE
    2 PAUL, SAINT
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    3 MIREMAN
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le] 13 sept[embre 18]53.
  • 13 sep 1853
  • [Nîmes,
La lettre

Votre lettre, ma fille, m’est arrivée entre deux journées d’angoisses assez grandes. Mais ces angoisses, pourquoi les ai-je eues? Parce que je deviens plus faible. Il me semble pourtant que, la veille de l’Exaltation de la Sainte Croix, je reprends un peu courage; non pas précisément que je souffre moins, mais j’aime un peu plus la croix et j’accepte avec un peu plus d’amour celle que Notre-Seigneur veut que je porte. Enfin, qu’il soit béni en tout, et pour tout, et surtout de mes humiliations, de mes blessures, de mes craintes, de mes sécheresses, de tout, pourvu que je puisse le glorifier un peu! Il me semble même que je suis heureux et même très heureux de souffrir. Quelque chose qui me frappe beaucoup, c’est ce mot de Notre-Seigneur à Ananie, à propos de saint Paul: [[Je lui montrerai combien il faut qu’il souffre pour mon nom,,[1]. Vraiment, je me crois bon à procurer un peu la gloire de Dieu, quand je vois que je n’en puis plus.

Mais vous, ma fille, c’est bien autre chose, les forces du corps ne peuvent venir en aide à celles de l’âme. Tout le monde vous trouve bonne, et je crois que tout le monde se plaint de moi. Avec cela je dois bien vous dire que, sauf quelques mouvements d’impatience, il me semble que je deviens miséricordieux plus que jamais.

Je vous remercie de tout ce que vous me dites sur le compte de Monsieur votre frère. Dans l’impossibilité où je me vois de vous faire tout le bien que je voudrais, vous ne voulez donc pas que je cherche à être un peu bon pour le fils de votre mère? Je prendrai mes précautions, mais ce sera au moins un moyen de vous prouver ma bonne volonté. Notre petite colonie de Mireman va assez bien. Il y a là des religieux vraiment bons et édifiants.

Adieu, chère fille. Prions bien l’un pour l’autre. Expliquez-moi cette espèce d’isolement, où Notre-Seigneur semble me mettre, dans lequel je ne sens ni ne veux l’appui de personne, et où pourtant je sens très bien que je vous suis plus attaché, d’une volonté plus forte et plus libre. Il est très sûr que je ne veux être consolé par aucune créature, dans les plus forts moments d’angoisses, et il est sûr que vous me faites du bien par votre seul souvenir. Adieu.

Tout à vous en Notre-Seigneur[2].

Le P. Jérôme m’écrit que les siens de Rome ne goûtent pas du tout le rapprochement. il a une névralgie qui l’empêchera d’aller à Paris.

Notes et post-scriptum
2. Le 10 septembre, Mère M.-Eugénie recevait à Paris la visite de M. Germer-Durand: <>.
Il est difficile, d'après ce passage, de dire exactement s'il s'agit d'un <> fait par un peintre ou d'une photographie en couleur ou <>, dont on pourrait faire des <> en noir. Peut-être que le P. d'Alzon, par cet envoi, veut répondre au geste même de Mère M.-Eugénie qui, en septembre 1846, lui offrait un exemplaire du portrait qu'avait fait d'elle le peintre Imlé.
Pour ce qui est de la *photographie,* les archives de Rome possèdent deux daguerréotypes que le P. d'Alzon date de 1838 ou 1840 au plus tard. - Daguerre avait mis au point son procédé en 1839. C'est à cette époque qu'apparaissent dans le vocabulaire les mots de <> et de <> et que le procédé de la photographie sur papier est acquis. En 1848, Edmond Becqueret expérimentait les plaques daguerriennes en vue d'obtenir des photographies en couleur. On devine par là l'intérêt qu'il y aurait à retrouver le <> qu'on peut reproduire <>, s'il s'agissait d'une photographie du P. d'Alzon, dont parle Mère M.-Eugénie.
Quoi qu'il en soit, les archives de Rome possèdent encore des portraits du P. d'Alzon signés par *Disdéri, photographe.* Ce personnage a vécu de 1819 à 1890 et a fait un séjour à Nîmes, peut être même à l'Assomption, de 1852 à 1853. Dans l'histoire de la photographie, au point de vue technique, il propose un viseur optique doublant l'objectif et, du point de vue artistique, il s'attache à l'apparence et au détail. En 1854, ses portraits <> font date dans la reproduction photographique.
Nous avons encore quatre *portraits photographiques du P. d'Alzon* réalisés par Disdéri: - deux poses du P. d'Alzon assis, en habit religieux, camail et cordelière; c'est en 1851, à Noël, que les religieux de l'Assomption revêtaient l'habit religieux; - le P. d'Alzon assis, un livre ouvert sur les genoux, avec Paulin Garnier à ses côtés; - le P. d'Alzon debout au milieu de ses élèves dans la cour du collège.
Peuvent être de la même époque, étant données les similitudes de pose ou de visage: - le P. d'Alzon assis, un bilboquet à la main, avec Jean de Puységur à ses côtés (Photo Disdéri?); - le P. d'Alzon assis, la main droite sur un livre dressé sur les genoux.
Par contre, on a daté de 1856 la photographie du P. d'Alzon debout, tenant de la main droite un livre fermé, la main gauche posée sur la cordelière. Est postérieure à cette date la photographie du P. d'Alzon aux tempes qui blanchissent et dont la chevelure ne retombe plus sur les épaules, photographie non datée et reproduite au début des *Ecrits spirituels.*1. Ac 9,16.