Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.359

31 dec 1853 [Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il passera cette dernière nuit de l’année à prier et à écrire. – Souhaits de bonne année. – Question d’argent. – Enthousiasme du peuple pour ses conférences sur les protestants. – Murmures de quelques catholiques.

Informations générales
  • T1-359
  • 328
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.359
  • Orig.ms. ACR, AD 3; D'A., T.D. 21, n. 188, p. 114.
Informations détaillées
  • 1 CATHOLIQUES SANS FOI
    1 COURS PUBLICS
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 MINISTRES PROTESTANTS
    1 PROTESTANTISME
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 SALUT DES AMES
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VIE DE PRIERE
    2 ALZON, HENRI D'
    2 MILLERET, LOUIS
    2 SAGE, ATHANASE
    3 ROME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le] 31 déc[embre 18]53.
  • 31 dec 1853
  • [Nîmes,
La lettre

Quelque chose me pousse à passer cette dernière et première nuit de l’année à prier, à faire quelques lettres. Pouvez-vous n’être pas près de moi par la prière, bien chère fille? Que Dieu vous fasse tout le bien que mon coeur de père et d’ami vous souhaite, à vous et à toutes vos filles! Offrez-leur mes voeux pour une année qui nous sera précieuse, si, comme je l’espère, Rome veut bien nous donner une existence aux yeux de l’Eglise.

Je voudrais mettre sur-le-champ les 20.000 francs à vos ordres. Peut-être les aurai-je bientôt. Si la vente d’une terre de 70.000 francs, dont ma mère doit me donner le prix, s’effectue bientôt, vous toucherez ce que veut M. votre frère[1]. L’homme d’affaires de mon père est en voyage pour négocier cette affaire. D’autre part, il est possible que quelqu’un mette une somme considérable à ma disposition. Si c’est bientôt, vous aurez tout; mais en ce moment, je suis à court. Croyez que j’y mettrai toute la bonne volonté possible.

Laissez-moi vous dire que mon coeur se dilate de votre côté, ma chère fille, d’une façon qui vous rendrait contente de votre père, si vous pouviez voir tout ce qu’il sent pour vous. Tournons tout cela du côté de Notre-Seigneur et remercions-le bien de nous avoir fait un appui réciproque de nos relations.

Je suis effrayé de la tournure que peuvent prendre les conférences sur les protestants. Les catholiques (le peuple) sont dans l’enthousiasme. Une femme, ne sachant que dire, affirmait qu’elle s’assoirait sur une fourchette pour m’entendre. Notez que ce n’est pas de mon éloquence qu’il est ici question, mais des sujets traités. Les ministres eux-mêmes viennent m’entendre. Les catholiques tièdes murmurent de ce qu’on trouble leur quiétude. Priez Dieu pour que je sois un apôtre[2].

Adieu, bien-aimée fille. Je me suis disposé à être avec vous toujours plus confiant et père. Adieu. Que Notre-Seigneur vous fasse trouver, dans vos maux, un peu de soulagement, dans l’affection si grande que je vous porte.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. son frère Louis.
2. Les notes ms des conférences du P. d'Alzon aux protestants (D'A., T.D. 51, pp. 255-281) sont présentées par le P. Sage, dans *Un Maître spirituel,* (Voir *Lettre* 349, note 1).