Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.370

12 jan 1854 [Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il partage ses appréhensions devant une opération éventuelle. – Les supérieurs, tiraillés dans tous les sens, doivent s’exercer à l’esprit de martyre. Sa présence est nécessaire auprès de ses élèves. – Ses conférences aux protestants attirent les prêtres. – Il prêche une retraite aux anciennes élèves de Saint-Maur.

Informations générales
  • T1-370
  • 337
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.370
  • Orig.ms. ACR, AD 7;D'A., T.D. 21 n. 193, p. 116.
Informations détaillées
  • 1 ACTES MEDICAUX
    1 APOSTOLAT DES RELIGIEUX
    1 CLERGE NIMOIS
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COURS PUBLICS
    1 CRAINTE
    1 EPREUVES
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PROJET D'UNION AVEC LES RESURRECTIONNISTES
    1 PROTESTANTISME
    1 SALUT DES AMES
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CORAIL, ALPHONSE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le] 12 janvier [18]54.
  • 12 jan 1854
  • [Nîmes
La lettre

Comment va votre mal, ma chère fille? Cette vilaine opération, l’aurons-nous évitée? Je me demande si, après tout, les appréhensions par où vous avez passé n’ont pas fait du bien à votre âme; et pourtant, Dieu sait si je les comprends. Je demande à Notre-Seigneur, et du fond du coeur, de me donner les peines de ma fille, selon que cela pourra contribuer à la gloire de Dieu, et, dans tous les cas, je lui offre de bon coeur toute l’angoisse que je puis ressentir, afin que cette bonne fille tourne toujours en amour et en esprit de sacrifice les épreuves qui peuvent lui être encore ménagées.

Vous avez bien raison, ma chère enfant, de vous exercer à l’esprit de martyre. Il me paraît que ce doit être là l’esprit d’une supérieure générale de communauté. Nous sommes condamnés à être tiraillés dans tous les sens, et du matin au soir, et du soir au matin. Vraiment j’ai besoin de me rappeler vos bons conseils, à mon dernier voyage.

Je ne puis encore vous dire rien de positif sur mon voyage à Paris. Si je le faisais, ce ne serait en tous cas que la première semaine de carême. Je tiendrais beaucoup à évangéliser vos enfants, quoique je sente ici ma présence extrêmement nécessaire. Figurez-vous qu’un certain nombre des moyens ont pris la manie de se donner, par billets signés avec leur sang, au diable. La retraite que le P. Corail a prêchée n’a pas fait un aussi grand bien que je l’espérais. Il faut encore travailler après ce bon Père. Ce qui fixera mes incertitudes sur mon voyage à Rome, ce sera le voyage des Polonais, car, s’ils devaient venir bientôt, j’irais les voir à Paris[1].

Ce qui me retient à Nîmes, ce sont mes conférences sur le protestantisme: elles font peut-être trop de bruit. Le bien en résulte en ce sens que le clergé se groupe. Lundi dernier, il y avait dans la cathédrale environ 40 prêtres, ce qui est énorme pour Nîmes. Mais pour préparer, il faut prendre sur son sommeil, et quand à cela il faut joindre des serrements de coeur, je ne sais pas bien ce que je deviens. Je vous dis cela à vous, car il me paraît qu’en général je supporte assez bien ces fatigues à l’extérieur.

Je prêche en ce moment une retraite aux anciennes élèves de Saint-Maur. Il pourrait bien se faire que, parmi elles, je trouve quelques bonnes vocations; je vous promets d’y avoir l’oeil. L’abbé de Cabrières vient confesser deux ou trois de nos enfants. J’ai dû revenir à cinq ou six reprises pour finir cette lettre. Pardonnez-moi mon décousu, mais je vous conjure sur toutes choses de ne voir jamais en moi rien qui puisse vous faire soupçonner que je suis autre pour vous que vous ne m’avez vu pendant mon dernier voyage.

Adieu, ma bien chère enfant. Tout à vous en Notre-Seigneur crucifié.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Il s'agit de faire avancer, ou non, l'union avec les Pères Résurrectionistes.