Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.395

23 feb 1854 [Nîmes, ESCURES Comtesse

Remerciements et informations. Il faut que, chaque jour, elle prenne promptement quelque décision, surtout celles qui lui répugnent le plus. – Elle a besoin d’être portée jusqu’à ce que ses pieds se raffermissent. – Il désire toujours faire d’elle une grande sainte.

Informations générales
  • T1-395
  • 359
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.395
  • Orig.ms. ACR, AN 50; D'A., T.D. 38, n. 50, pp. 188-190.
Informations détaillées
  • 1 CHOIX
    1 CRITIQUES
    1 DEGOUTS
    1 ENERGIE
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 IDEES DU MONDE
    1 MISSION DES LAICS
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 ALEYRAC, MADAME D'
    2 BOURGOGNE, LOUIS DUC DE
    2 BOYER, FERDINAND
    2 COURTOIS, RAYMOND DE
    2 FENELON
    2 REVOIL, HENRI-ANTOINE
    2 SAINT-PREGNON, MADAME DE
    2 VAILHE, SIMEON
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le 23 février 1854].
  • 23 feb 1854
  • [Nîmes,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle de Pélissier
    13, avenue Marbeuf, près les Champs-Elysées
    Paris.
La lettre

Ma bien chère fille,

Mille remerciements pour le petit paquet que m’apporte M. Revoil de votre part. Merci également pour tout ce que vous avez bien voulu écrire à M. de Courtois. Vous êtes réellement bien bonne dans ces grands et petits services que vous voulez bien me rendre.

L’affaire d’Al[eyrac] est arrivée à un point, où il n’y a plus rien à espérer. Veuillez remercier Mme de Saint-Pr[égnon] de m’avoir fait répéter ce qu’elle m’avait dit, il y a deux ans; avec la tournure que prennent les choses, c’est inutile. Que tout cela est épouvantable! Je crois que l’on se trompe à l’égard de M. Boyer. Je l’ai fait longuement causer; il a gagné plusieurs procès du même genre, depuis quelque temps, et je pense que, s’il a suivi la ligne qu’il a indiquée, c’est qu’il avait de bonnes raisons pour cela. Je plains Mme d’Al[eyrac], dont le coeur est toujours d’une admirable noblesse, mais je crains qu’elle ne soit à présent dans une position bien fausse.

Mais parlons de vous. Les longs détails que vous me donnez me prouvent qu’il y a moyen de tirer un très bon parti de vous. Vous n’avez pas l’habitude de vous décider. Cela viendra. Il faut tous les jours prendre quelque petite décision avec une certaine promptitude, surtout de celles qui vous répugnent, pourvu qu’elles n’aient pas de conséquences trop sérieuses. Peu importe la résolution, pourvu que vous ayez décidé quelque chose. Fénelon disait au duc de Bourg[ogne], indécis comme vous: [[Il vaut mieux, pour le pouvoir, de faire mal que de ne rien faire]]. Je dirais: [[Il vaut mieux pour vous, en choses peu graves, mal décider que ne pas décider]]. Je vous engage donc, dans une foule de circonstances, à décider un peu rondement. — Quoi? me direz-vous. — Par exemple, tout ce qui pourra servir à vous poser rondement en chrétienne, et, à ce sujet, je dois vous dire que je n’ai entendu personne me parler de ce que vous êtes chez Mme de Saint-Pr[égnon]. C’est une phrase de votre précédente lettre, où vous sembliez vous faire vous-même quelques reproches, qui m’avait fait tirer cette conclusion. Ce que je désire, c’est que vous sentiez tous les jours un peu plus la distance qui vous sépare des idées qui règnent dans son salon au point de vue religieux; le reste viendra peu à peu. Ne vous tracassez pas, pourvu que de temps en temps vous montriez un peu simplement que vous n’en êtes pas là.

Votre voie, toute obscure qu’elle est pour vous, m’apparaît plus claire. Vous avez besoin d’être portée, jusqu’à ce que vos pieds se raffermissent, Nous aurons une conversation là-dessus, et j’espère vous y faire quelque bien. D’ici à ce que je vous voie, demandez beaucoup à Notre-Seigneur une absolue confiance en lui.

Je crois que vous n’avez pas bien compris le passage de ma lettre, où je vous parle de l’esprit de foi que j’exige pour vous conduire à Dieu. Quoi qu’il en soit, il me semble que je reçois tous les jours un désir plus vif de faire de ma chère fille une grande sainte, et que ce désir grandit avec mon affection pour votre âme. Il y a, dans tout ce que vous me dites, quelque chose de si cordial que, quand je le voudrais, je ne pourrais pas en être ému.

Adieu, ma bonne enfant. A huit ou dix jours. D’ici, je vous envoie ma bénédiction de père, et du père le plus affectueux pour sa bonne fille.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La date est celle du cachet de la poste, à Nîmes. (P. Vailhé).