Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.407

31 mar 1854 Nîmes, ESCURES Comtesse

Il est enchanté de la savoir professe du Tiers-Ordre. – Conseils pour la visite des malades dans les hôpitaux. – Une oeuvre nouvelle s’annonce à Nîmes. – Il l’aidera dans ses difficultés financières. – Qu’elle veille à sa santé.

Informations générales
  • T1-407
  • 370
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.407
  • Orig.ms. ACR, AN 52; D'A., T.D. 38, n. 52, pp. 190-191.
Informations détaillées
  • 1 ADMISSION AU TIERS-ORDRE
    1 BANQUES
    1 CAPITAUX
    1 ENERGIE
    1 FILLE DE LA SAINTE VIERGE
    1 HOPITAUX
    1 INTERETS DU CAPITAL
    1 LINGE LITURGIQUE
    1 OEUVRES CARITATIVES
    1 REFUGE LE
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SANTE
    1 SOINS AUX MALADES
    1 SUPERIEURE
    2 ALMEIDA, MADAME D'
    2 COURTOIS, RAYMOND DE
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 ROUX-LAVERGNE, PIERRE-CELESTIN
    2 TEISSIER
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • 31 mars 1854.
  • 31 mar 1854
  • Nîmes,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle de Pélissier
    13, avenue Marbeuf, près les Champs-Elysées
    Paris.
La lettre

J’attendais de mon côté une lettre de vous, ma chère fille, et mes quelques mots de l’autre jour ont dû vous prouver mon inquiétude sur votre compte. Votre grande lettre m’arrive, et je finis à peine de la lire que je prends la plume pour causer un peu avec vous. Je suis enchanté que vous ayez fait votre profession de tertiaire[1]: ceci est un lien de plus avec Notre-Seigneur et aussi avec moi. Je sus heureux que vous fassiez ce pas, et, quoique j’eusse bien voulu y assister, il me semble que Notre-Seigneur sera content que vous cherchiez toujours un peu plus à lui appartenir. Je vous conjure maintenant de vous poser entièrement comme fille de Notre-Dame de l’Assomption dans le monde, et vous verrez quel bien cela vous fera d’ici à quelque temps. Vous sentirez un peu plus d’énergie chaque jour, et à la fin la somme en pourra être suffisante.

Quoique les commencements de vos oeuvres de charité envers les malades ne soient pas encourageants, je vous engage à continuer. Il y a, à l’hospice Beaujon, un chirurgien, M. Teissier, grand ami de M. Roux-Lavergne; je vous engage à aller le trouver, si vous avez besoin d’autorisation pour assister au pansement. Je l’ai connu, quoique peu; je suis pourtant sûr que, s’il n’y a pas d’inconvénient imprévu, il vous donnera toute espèce de permission, et ce sera moins loin que l’hospice Necker. Vous avez bien raison, des oeuvres de cette espèce vous feront un bien infini.

Dites donc à Mme d’Almeida que j’ai le plus grand désir de la voir nous venir à Nîmes, qu’il y aura pour elle énormément à faire. L’aumônier de l’Hôtel-Dieu vient de former une oeuvre pour les filles de mauvaise vie qui sont à l’Hôtel-Dieu et qui, au sortir de l’hôpital, ne veulent pas encore aller dans un refuge, ne peuvent aller chez leurs parents, et sont trop souvent forcées de retourner dans les mauvaises maisons. Cette oeuvre ne fait que de commencer; si Mme d’Almeida veut venir, nous l’en ferons supérieure. Seulement, qu’elle ne compte pas ici sur les mêmes ressources qu’à Paris, mais sa charité saura en découvrir.

Quant à M. votre beau-frère, à votre place, je lui écrirai que, ne touchant point vos revenus, vous voulez toucher au moins les capitaux; que, dès lors, vous le priez de vous indiquer un homme d’affaires qui s’entendra avec quelqu’un que vous lui désignerez pour arriver à une solution qui, nécessairement, doit avoir lieu à cause de vos projets ultérieurs: d’ici là, je vous chercherai un homme d’affaires, et soyez sûre que, quand il verra que vous le poussez un peu, il ira plus rondement. On vous connaît. Soyez sûre que si vous ne parlez pas un peu ferme, on vous laissera toujours de côté. Ecrivez-lui donc, dès que vous le pourrez: ce sera une bonne chose pour vous sortir de votre position embarrassée. Quelquefois, j’hésite à vous donner ce conseil, parce que j’y trouve mon compte; cependant, il me semble qu’en tout ceci je fais assez abstraction de moi[2].

Merci de votre nappe et de la pale que vous m’annoncez. Je crois que j’ai suffisamment de linge, mais réservez-vous pour autre chose. Soyez sûre que je saurai vous mettre à contribution.

Je prends ma seconde feuille, et pourtant je n’ai guère de temps à moi, mais je voudrais tant vous faire du bien, ma chère fille, vous relever, vous fortifier. Dieu vous pousse tout doucement vers lui, mais, de grâce, laissez-vous pousser. Je suis très aise que vous sortiez peu, excepté pour les bonnes oeuvres. Quant à votre santé, laissez-moi exiger que vous en parliez à Soeur Thér[èse]-Emmanuel ou à toute autre de ces dames, et suivez leur conseil. Je suis convaincu que votre santé influe beaucoup sur votre état moral.

Allons, ma fille, courage. Il me semble que vous m’appartenez un peu plus, depuis que vous êtes professe du T[iers]-O[rdre], et cela me réjouit jusqu’au fond du coeur. Je vous laisse, ma chère Amélie, avec une bénédiction que je prie mon ange gardien de vous porter.

En y réfléchissant, vous pourriez dire à M. votre beau-frère que vous allez ouvrir un compte courant avec un banquier de Nîmes, et que vous le préviendrez qu’il sera chargé de le payer sur vos revenus. Cette idée me paraît la meilleure. Force alors lui sera bien de vendre, le banquier devant lui faire payer le 6 pour 100.

D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le 27 mars, comme l'a écrit Mère M.-Eugénie dans la lettre du 28.
2. Mère M.-Eugénie avait écrit le 28 mars au P. d'Alzon: <>.