Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.412

22 apr 1854 Nîmes, ESCURES Comtesse

C’est sa nature, non sa position, qui la fait souffrir. – Le remède, c’est une certaine activité dans les bonnes oeuvres, avec un peu d’obéissance. – Le moment approche d’une décision définitive.

Informations générales
  • T1-412
  • 374
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.412
  • Orig.ms. ACR, AN 55; D'A., T.D. 38, n. 56, pp. 197-198.
Informations détaillées
  • 1 BONNES OEUVRES DES LAICS
    1 CHOIX
    1 EFFORT
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MARIAGE
    1 ORAISON
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    1 SOUFFRANCE SUBIE
    1 VIE RELIGIEUSE
    2 VAILHE, SIMEON
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • 22 avril [1854].
  • 22 apr 1854
  • Nîmes,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle Amélie de Pélissier
    13, avenue Marbeuf, près les Champs Elysées
    Paris.
La lettre

Ma chère fille,

Je viens de prier pour vous et de penser à vous pendant presque toute mon oraison. Voici ce que Notre-Seigneur me donne à votre égard. Je ne puis croire que vous soyez faite pour être religieuse, ni pour vous marier: votre caractère s’oppose à ces deux états. Il me paraît que ce n’est pas votre position, mais votre nature qui vous fait souffrir, et vous serez doublement, triplement malheureuse, quand vous aurez à souffrir avec quelqu’un. Quel remède? Moi, je n’en connais pas d’autre qu’une certaine activité dans les bonnes oeuvres. — [[J’en suis incapable]], répondez-vous.- Peut-être pas autant que vous le croyez. La fatigue fait beaucoup de bien, et, l’expérience venant pour prévenir les maladresses des premiers essais, supposé qu’on en ait fait, on finit par faire à merveille et l’on y prend goût; en un mot, l’occupation, selon moi, fait du bien aux natures de votre sorte. Il y faudrait ajouter un peu d’obéissance, à quoi votre nature est un peu antipathique. Cependant, je ne pense pas qu’il vous soit possible d’avancer sans ce dur soutien.

Il me semble que ma pensée est très claire, ma bonne Amélie; elle l’est extrêmement pour moi et devant Dieu. Priez pour vous en rendre compte, si elle a des obscurités pour vous. Voilà qu’approche le moment définitif, le mois de mai. Je vous promets de prier beaucoup, de mon côté; car il faut arriver à une décision définitive; ou vous forcer à faire de nouveaux et plus énergiques efforts, ou reconnaître que nous avons fait fausse route, et vous laisser entrer dans une voie plus commune. Je suis extrêmement préoccupé de ce grand parti, mais il faut absolument le trancher d’une façon très décisive, d’ici a un mois.

Adieu, mon enfant. Que je voudrais vous faire voir ce qu’il y a dans mon coeur pour vous, d’angoisse et d’affection! Tout à vous, en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le manuscrit porte par erreur [18]*53*, mais le cachet de la poste, *23 avril 1854.* (P. Vailhé).