Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.418

30 apr 1854 [Nîmes, BAILLY_MONSIEUR

Regrets que lui inspire la mort de sa fille Adrienne, décédée à Cracovie.

Informations générales
  • T1-418
  • 380
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.418
  • Orig.ms. ACR, AN 156; D'A., T.D. 39, n. 10, p. 78.
Informations détaillées
  • 1 DOULEUR
    1 FOI
    1 MORT
    1 PROVIDENCE
    1 SYMPATHIE
    2 BAILLY, ADRIENNE
    2 BAILLY, BERNARD
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 BAILLY, MADAME EMMANUEL
    2 BAILLY, MARIE
    2 BAILLY, SIDONIE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 DIGBY, LORD
    2 JARRY, PIERRE
    2 POPIEL, PAUL
    2 POPIEL, VINCENT DE PAUL
    3 CRACOVIE
    3 KUROSEWSKI
    3 LONDRES
    3 NIMES
    3 POLOGNE
  • A MONSIEUR EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_MONSIEUR
  • le 30 avril 1854].
  • 30 apr 1854
  • [Nîmes,
La lettre

Mon bien cher Monsieur Bailly,

Comme Dieu vous éprouve de toutes les façons et que vous avez besoin de tout votre esprit de foi pour supporter de pareils coups! Enfin, vous avez un ange au ciel. Mais qu’il a dû être douloureux pour vous de ne pouvoir la voir à ses derniers moments, ni recueillir son dernier soupir! Pourquoi la Providence semble-t-elle prendre ainsi les âmes les plus parfaites, quand il semble que nous en aurions ici-bas un si grand besoin? Vraiment, l’on se perd en conjectures et l’on ne sait que penser de cette contradiction apparente entre le bien qui exige certains instruments et la soustraction de ces instruments privilégiés, au moment où ils paraissent le plus nécessaires, à moins qu’il ne faille voir l’intention de Dieu de ne faire que selon [ce] qu’il veut, sans se soucier du concours des hommes.

Enfin, mon cher ami, votre coeur, si froissé depuis longtemps, éprouve une bien cruelle blessure[1]. Je ne puis que vous dire que je vous plains du fond de l’âme et que je prierai, comme je l’ai déjà fait, pour demander à Notre-Seigneur qu’il ne vous laisse rien perdre du mérite, que vous fera acquérir cette nouvelle croix posée sur vos épaules déjà si écrasées.

Adieu, bien cher ami, et tout à vous avec un coeur tout dévoué.

Veuillez offrir l’hommage et l’expression de ma douloureuse sympathie à tous les vôtres.

Nîmes, 30 avril [18]54.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. M. Emmanuel Bailly et Mlle Sidonie Vrayet de Surcy, mariés le 20 juillet 1830, avaient eu six enfants: Adrienne, 1831; Vincent de Paul, 1832; Bernard, 1835; Marie, 1837, Sidonie, 1840; et Benjamin, 1842. - En 1850, M. Bailly <>. (JARRY, *Thèse* 1971, p. 503 et ss.).
Pour lui venir en aide, on a vu que le P. d'Alzon avait offert, à Nîmes, l'hospitalité à Vincent de Paul, stagiaire dans les services du télégraphe, et reçu Benjamin comme élève à Clichy. On sait qu'au début de 1854, n'ayant pu effectuer dans les délais voulus les paiements imposés de ses dividendes, il se cachait dans les dépendances du collège de Clichy. Sa fille ainée, Adrienne, pour subvenir aux besoins de la famille, avait accepté une première fois de sacrifier aux nécessités des siens son désir d'entrer au Carmel, s'exilant à Londres comme institutrice des enfants de Lord Digby, de 1850 à 1853. Quand elle revint, elle renouvela le même sacrifice, s'embarqua pour la Pologne et y devint institutrice des enfants du comte de Popiel, un autre ami de M. Bailly, depuis le temps déjà lointain des Bonnes Etudes. Au bout d'un an à peine de séjour chez les Popiel, elle tombe subitement malade au printemps de 1854 et meurt victime d'une épidémie de typhus, le 22 mars, au château de Kurosewski, dans les environs de Cracovie. On l'inhuma dans le cimetière de la petite propriété, et l'abbé Vincent de Paul Popiel, frère cadet du comte et futur archevêque de Varsovie, prononça l'éloge funèbre: <>.
De fait, M. Bailly passe de longues semaines dans le plus grand désarroi, et, malgré une reprise, il ne pourra pas oublier:<> écrit-il au début de 1861 à sa fille Marie, devenue Religieuse de Sainte Clotilde et future supérieure générale. <> (JARRY, *ibid.,* p. 512).