Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.419

30 apr 1854 [Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nouvelles diverses. – Sauvetage d’une oeuvre de jeunesse qui passe par ses soins de l’abbé Daudet à l’abbé Argaud. – Local pour le début de l’oeuvre des petites protestantes.

Informations générales
  • T1-419
  • 381
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.419
  • Orig.ms. ACR, AD 23; D'A., T.D. 21, n. 215, pp. 128-129.
Informations détaillées
  • 1 AUMONIER
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 IMMEUBLES
    1 OEUVRES DE JEUNES
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 RENVOI D'UN ELEVE
    2 ARGAUD, CASIMIR
    2 BAGES, ABBE
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 DAUDET, ABBE
    2 ESCURES, MADAME GAILLARD D'
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PONTALBA, DE
    2 PONTALBA, EDOUARD DE
    2 PONTALBA, MADAME DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SOUSTELLE
    3 NIMES
    3 ROCHEFORT-DU-GARD
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 30 avril] 1854. Sainte Catherine de Sienne
  • 30 apr 1854
  • [Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

J’ai reçu votre billet de 4.000 francs. Je l’ai remis au Fr. Hippolyte, mais je ne sais pas encore ce qu’a répondu M. Soustelle. Dès que je connaîtrai sa réponse, je vous en ferai part. J’ai avancé d’un jour mon pèlerinage à Rochefort[1]: ce sera demain soir que je me mettrai en route.

L’entrée de M. Bagès chez Mme de Pontalba me semble fort triste:

1° M. de Pont[alba] l’avait traité comme un nègre;

2° Edouard triomphe, et cet enfant me paraît bien compromis, mais encore plus Henri. Et puis, je suis convaincu que M. Bagès et M. de Pontalba ne vivront pas six mois ensemble, mais là-dessus je puis me tromper[2].

Ce soir, je crois que nous décidons définitivement l’affaire des petites protestantes, à l’aide desquelles nous espérons vous faire venir un jour. Et voyez comme il ne faut jurer de rien. Il y a quelque temps, une association de jeunes gens était dirigée par un certain abbé Daudet, aumônier des Dames de Saint-Maur; il fit mal certaines affaires, fut obligé à quitter le diocèse. Monseigneur décida que l’association serait dissoute, appela pour aumônier, à la place de M. Daudet, M. Argaud et lui signifia qu’avant toutes choses il lui défendait de s’occuper de l’oeuvre des jeunes gens. Or je me permis d’empêcher que l’oeuvre ne pérît. Ignorant la défense faite à l’abbé Argaud, je le priai de m’aider à soutenir l’oeuvre, et aujourd’hui je viens de bénir une chapelle dans un local acheté avec l’argent de Monseigneur pour cette association, laquelle a pour directeur l’abbé Argaud. Et Monseigneur est enchanté de tout cela, puisqu’il paye[3].

Adieu, ma chère fille. Priez pour que, si Notre-Seigneur veut que vous veniez ici, nos projets soient bénis. Tout à vous du fond de l’âme.

Faites donner quelques-uns de ces détails à Mlle de Pélissier.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
3. Dans la publication des fêtes du centenaire de *l'Oeuvre Argaud,* 1837- 1937 (Nîmes 1938, pp. 34-49), on reconnaît au P. d'Alzon de l'avoir fondée; il s'agit d'une *oeuvre de jeunesse* établie dans la ligne des patronages et selon l'esprit des oeuvres de jeunesse du P. Timon-David à Marseille. L'oeuvre fut d'abord confiée par le P. d'Alzon à l'abbé Daudet, parent du célèbre romancier; elle fut sauvée, comme il est dit ici, et comme le confirme l'historique de ce sauvetage, fait par l'un des jeunes gens de l'oeuvre dans une séance publique tenue à Nîmes le 10 décembre 1854. (Cf. *Revue des bibliothèques paroissiales,* Avignon 1855, p. 46 & ss.).1. Pèlerinage à pied, en vue d'obtenir sa guérison à la chapelle de N.D. de Grâces, à Rochefort, commune d'un millier d'habitants, située sur une hauteur à 34 km. de Nîmes.
2. Plutôt que de reprendre sur un renvoi son garçon Edouard, M. de Pontalba l'avait retiré de Clichy, en prenant à demeure, comme précepteur, un professeur du collège l'abbé Bagès, le tout avec l'accord et à la satisfaction du P. Laurent.