Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.422

5 may 1854 [Nîmes, ESCURES Comtesse

Il est urgent qu’elle charge quelqu’un de ses affaires financières. – Ce qu’il pense de sa nièce et de sa tante. – Deux voies s’ouvrent devant elle: ou se marier, ou se consacrer aux oeuvres.

Informations générales
  • T1-422
  • 385
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.422
  • Orig.ms. ACR, AN 57; D'A., T.D. 38, n. 57, pp. 198-199.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 BONNES OEUVRES DES LAICS
    1 CHOIX
    1 CONTRAT NOTARIE
    1 FAMILLE
    1 HERITAGES
    1 ILLUSIONS
    1 LACHETE
    1 MARIAGE
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 PIETE
    1 RECONNAISSANCE
    1 RUSE
    1 SOUCIS D'ARGENT
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VENTES DE TERRAINS
    2 BORDARIER
    2 COURTOIS, MADAME RAYMOND DE
    2 COURTOIS, RAYMOND DE
    2 PENNAUTIER, MADAME PAUL DE
    2 VALAT, ANSELME
    3 ALES, PROPRIETE D'ARENES
    3 MIREMAN
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le] vendredi 5 mai 1854.
  • 5 may 1854
  • [Nîmes,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle de Pélissier
    13, avenue Marbeuf, près les Champs Elysées.
    Paris.
La lettre

Ma chère fille,

Je comprends toutes vos tribulations, que je partage bien. Quand il s’agit de traiter les affaires d’intérêt, il n’y a que du désagrément à retirer. Toutefois, ne vous faites pas illusion; plus vous tarderez, plus votre beau-frère mettra dans ses calculs que vous ne devez pas vous marier; que vous ne devez pas faire vendre la portion d’Arènes, avec laquelle on doit vous payer ce qui vous est dû; que vous avez bien peu d’affection pour vos neveux et nièces, et que vous êtes bien ingrate envers lui qui a consenti à épouser votre soeur sur l’idée que vous feriez ses enfants vos héritiers. S’il ne le dit pas, je crois bien qu’il le pensera, si vous lui en donnez le temps; et il ne faut pas lui en vouloir. C’est dans la nature humaine, et il faut la prendre comme elle est. Il me semble urgent que vous chargiez M. Bordarier de vos affaires. Je connais beaucoup M. Valat et je me charge de lui expliquer la position, si cela est nécessaire; mais il faut aller en avant. Si vous eussiez pressé plus tôt, les choses se seraient arrangées. Plus vous tarderez, plus elles prendront une mauvaise tournure; n’en doutez pas.

Ce que vous me dites de Blanche ne me surprend pas. Quant à sa piété, je n’ose pas croire qu’il puisse y avoir jamais grand fonds chez elle, d’après ce que j’ai entendu dire. La franchise de son aïeule ne me surprend pas; c’est un fait connu depuis très longtemps. Et que voulez-vous que Blanche, qui n’est pas sotte, en conclue?

Quant à vous, ma chère enfant, il me semble que vous êtes au moment le plus critique de votre vie. Voilà les deux voies qui s’ouvrent: ou vous marier, — et si la personne, dont vous m’avez parlé et que vous voyez quelquefois, vous détermine, vraiment je ne sais si je vous dirai: [[N’avancez pas]]; ou prendre un grand et sérieux parti, mais ne pas le prendre à demi, et vouer toute votre vie aux bonnes oeuvres. Vous le pouvez, mais à la condition de vous y mettre très franchement, selon tout ce dont vous êtes capable. Je prie bien Notre- Seigneur à cette intention, je vous assure. Il me semble que vous devez appartenir tout entière à Notre-Seigneur, et votre faiblesse, par moments, m’étonne.

Nous commençons l’oeuvre des petites protestantes. Dieu semble nous bénir. J’espère bien que nous réussirons. La providence de Mireman compte 15 petits garçons. Dieu nous soit en aide pour les petites filles! Adieu, mon enfant. Je n’ai pas le temps de me relire.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum