Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.428

19 may 1854 Nîmes. MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il n’est pas maître de sa santé. – « Il me semble que je m’en vais vers Dieu ».

Informations générales
  • T1-428
  • 392
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.428
  • Orig.ms. ACR, AD 31; D'A., T.D. 21, n. 224, pp. 132-133.
Informations détaillées
  • 1 CONSTITUTIONS DE 1855
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 MALADIES
    1 SYMPTOMES
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 DUVAL, MARIE-ROSE
    2 PRIVAT, DOCTEUR
    2 REVEILHE, MADAME
    2 SAGE, ATHANASE
    3 LAMALOU-LES-BAINS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le [19 mai] 185[4].
  • 19 may 1854
  • Nîmes.
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Il me semble que Notre-Seigneur prend mon coeur, et je viens vite vous le dire, afin que vous m’encouragiez à le lui donner sans réserve. Ceci n’est pas de quelqu’un qui n’aurait pas confiance en vous. Est-ce illusion? Il me semble que je reçois bien des grâces. Je souffre un peu; je suis fatigué, dissipé par moments; mon imagination trotte parfois, et pourtant, il me semble que je m’en vais vers Dieu; il me semble être dans un état très précieux, si j’en profite, très dangereux, si je n’avance pas. Voilà où j’en suis. En cet état ma pensée semble reporte habituellement vers vous, que je voudrais voir si sainte. Je prie pour ma fille et je me reproche de ne pas la rendre si sainte que je le voudrais.

Mme Réveilhe vous laisse toute sa moire pour en faire ce que vous voudrez. Il peut y avoir eu quelque petite fâcherie de sa part, mais je crois que c’était l’effet d’un malentendu.

Je me suis interrompu d’un travail sur nos règles pour vous écrire ces quelques lignes. Je prie bien pour Soeur M.-Rose. Ici, nos malades vont mieux. Moi, je ne vais pas mal et j’ai pourtant des agitations de sang qui me préoccupent. Adieu, ma fille. Tout à vous en Notre-Seigneur(1).

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Cette lettre, note le P. A. Sage, fut écrite peu avant l'attaque cérébrale qui frappe le P. d'Alzon: "Il demandait d'être uni à Notre-Seigneur pour arrêter nos règles, le voilà uni par la souffrance. Nous ne devons pas oublier dans quel état d'esprit nos Constitutions ont été achevées durant la fin de l'année 1854"." Je suis tombé malade en mai 1854, écrirat-il à Marie Correnson, le 20 juillet 1871, et cela a duré trois ou quatre ans avec des fatigues et des tortures inouïes".
"Le 19 mai 1854, écrit encore le P. Sage, est une date décisive dans l'histoire de la sainteté et de la spiritualité du P. d'Alzon". *(Un Maître spirituel...,* pp. 52-53). Voici, d'après le rapport du Dr Privat, rédigé à Lamalou en 1856, les antécédents et la nature de la crise de santé du P. d'Alzon:
"En 1853, à la suite de fortes préoccupations, il éprouve de fréquents vertiges avec sensation de tension douloureuse dans la tête et impossibilité de semble livrer à un travail mental. Cet état oblige le malade à passer l'été et l'automne à la campagne, où il s'occupe à jardiner, tout travail mental lui ayant été formellement interdit. Une amélioration notable semble produit consécutivement, mais le malade en profite et en abuse en semble livrant, dès l'hiver suivant, à part des préoccupations sérieuses, à un travail de cabinet excessif, à la prédication, etc. Aussi les maux de tête et les vertiges ne tardent-ils point à reparaître, avec sensation de coup de piston et comme d'un jet de sang dans la tête.
"Un long voyage dissipe momentanément ces nuages, mais vers la fin du printemps de 1854, ayant voulu reprendre le cours de ses occupations, il semble voit atteint un jour, en venant de parler en public, d'une congestion cérébrale avec sentiment de défaillance atteignant tout le côté droit du corps. Les effets primitifs de cet *ictus* ne durent pas, mais ils laissent au malade un sentiment de fatigue extrême, que produit chez lui la moindre contention d'esprit. "J'étais, nous dit le malade, comme un homme ivre". Ajoutons que cet état s'accompagnait fréquemment de crises nerveuses. Le caractère devient irritable. Il arrive parfois au malade de semble réveiller tout colère, sans savoir pour quoi; il grimace fréquemment et il est obligé de *grimacer* sans motif; sa tête est lourde, il grince des dents; sentiment de faiblesse et obtusion de la sensibilité à l'extrémité des doigts et à la plante des pieds". (Suite de ce rapport, *Lettre* 578).