Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.434

15 jun 1854 Lavagnac, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il va de mieux en mieux et se rendra bientôt à Nîmes.

Informations générales
  • T1-434
  • 398
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.434
  • Orig.ms. ACR, AD 943: D'A., T.D. 21, n. 229, p. 134.
Informations détaillées
  • 1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 NEUVAINES AUX SAINTS
    1 NEUVAINES DE PRIERES ET DE PENITENCES
    1 PRUDENCE
    1 RECONNAISSANCE
    1 SANTE
    1 VETURE RELIGIEUSE
    1 VOEUX DE RELIGION
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 DUVAL, MARIE-ROSE
    2 GOURAUD, HENRI
    2 GUERANGER, PROSPER
    2 LACORDAIRE, HENRI
    2 RAVIGNAN, GUSTAVE DE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 15 juin 1854(1).
  • 15 jun 1854
  • Lavagnac,
La lettre

Ma chère fille,

Je crois que je vais toujours de mieux en mieux pour ma tête, mais évidemment j’ai besoin de quelques précautions; car, quand je me rétablis d’un côté, je me mets à souffrir de l’autre. Vous êtes bien bonne dans tout ce que vous me dites, et je vous assure que je l’apprécie bien. Merci de votre neuvaine, mais me voilà fort embarrassé. On a fait tant de prières, de tant d’espèces, à tant de saints que je ne saurai plus auquel avoir de la reconnaissance en particulier. Pauvre Soeur M.-Rose! Je lui ai donné l’habit ou j’ai reçu sa profession. Je prie bien pour elle.

Adieu, ma chère fille. Je ne sais quand je quitterai Nîmes, où je serai lundi(2). Ce sera toujours le plus tôt possible. Peut-être serai-je d’abord à Paris.

Adieu, ma bien chère fille. Il était temps que vous allassiez mieux.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. A la date de cette lettre, le P. d'Alzon a déjà reçu des lettres de réconfort, dont les plus émouvantes qui nous soient parvenues sont assurément celles de Mère M.-Eugénie datée du 5 juin, et du Dr Gouraud datée du 12 juin.
Le 5 juin, Mère M.-Eugénie écrit entre autres: "S'il y a une seule chose qui me tourmente, parce que la divine Providence elle-même n'est comptée pour rien dans les avertissements qu'elle vous donne, c'est de vous voir, mon Père, toujours passer imprudemment la mesure de vos forces et arriver à des états si inquiétants pour votre Congrégation. Je crois, mon cher Père, que vous pensez vous appartenir, tandis qu'en toute justice et conscience vous *nous* appartenez, à vos Pères et à nous. Pour ma part de cette appartenance, je voudrais bien obtenir qu'après vous être reposé longuement à Lavagnac, vous vinssiez à Paris et non à Nîmes. Je vous assure que nous achèverions de vous reposer et de vous guérir. Votre mal, c'est de la contention, des peines, des inquiétudes, trop de fatigues. Nous saurions vous faire trouver près de nous de la distraction, de la douceur, du repos, de la gaieté. [...] Si, au contraire, vous retournez à Nîmes pour les processions et le temps de la grande chaleur, nul ne peut répondre de vous; vous devez à votre Congrégation naissante de ne pas jouer ce jeu-là. Si vous leur manquiez avant d'avoir réglé l'existence matérielle de vos maisons, que deviendraient les hommes qui se sont dévoués à vous. Votre Evêque ne peut pas trouver mauvais qu'après un accident comme le vôtre vous preniez de longues vacances. [...] Faites-moi donc dire que vous allez tout faire pour vous reposer et vous guérir, et surtout voyager et reposer votre tête malade: sinon je serai bien fâchée contre vous, et le Père Laurent autant que moi".
Le 12 juin, de son côté, Gouraud lui écrivait: "Aujourd'hui, je voudrais que vous eussiez la bonté de m'écouter comme médecin, et si l'amitié se mêle à mes conseils, croyez bien que c'est une amitié sérieuse, chrétienne et qui sait tenir compte de tout. [...] Ce qui vous tue, c'est la multiplicité et l'irrégularité des choses que vous faites, soit que vous vous les imposiez, soit que vous vous les laissiez imposer. [...] La Providence vous indique deux grandes occupations: celle de grand vicaire, puisque vous l'êtes, celle des devoirs de votre Ordre; n'avez-vous point assez de ces deux occupations? [...] Il est évident pour moi que le soin des oeuvres accessoires vous diminue d'autant dans ce que vous avez à faire d'essentiel et de plus particulièrement providentiel. Cela peut aller un certain temps, mais cela ne peut aller un long temps. Les hommes les plus intelligents de notre temps, le P. Lacordaire, le P. Guéranger, le P. de Ravignan ne font qu'une chose. [...] Il résulte de votre position et des excellentes qualités que vous possédez (que je connais mieux que personne et qui m'attachent à vous plus que personne), il résulte du bien même que vous avez déjà fait, que vous aurez, hélas! comme tout homme, des flatteurs: on admirera votre saint zèle, on admirera vos discours, on vous dira que vous êtes indispensable à telle ou telle chose, on vous dira même de ménager votre santé, en vous faisant toutefois entendre qu'on trouve très beau de vous la voir sacrifier, etc. [...] Ne vous emportez pas, mon cher ami, ne vous fâchez pas contre moi, ne jetez pas ma lettre au feu: réfléchissez à ce que je dis et qui est pour la santé de votre esprit, comme pour la santé de votre corps, pour la santé de l'Assomption (dont je suis un peu), comme pour la santé de l'abbé d'Alzon. Soumettez-vous à mes conseils, et cela vous fera du bien; méfiez-vous de vous-même et des *saintes* âmes qui vous entourent. Ne tendez pas le ressort jusqu'à ce qu'il se brise".
2. C'est-à-dire le 19 juin; en fait, il arriva à Nîmes le 22.