Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.442

8 jul 1854 Vichy, ESCURES Comtesse

Grand bien que lui a fait sa lettre Ils pourront se voir bientôt à Paris, ou même en Savoie et en Suisse – Il demande pour elle au Saint-Esprit une grande générosité.

Informations générales
  • T1-442
  • 408
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.442
  • Orig.ms. ACR, AN 61; D'A., T.D. 38, n.61, p. 202.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 EGOISME
    1 EPREUVES
    1 GENEROSITE
    1 PEUR
    1 SAINT-ESPRIT
    2 VARIN D'AINVELLE, MADAME J.-B.-FELIX
    3 ANNECY
    3 GENEVE
    3 LAVAGNAC
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PRESINGES
    3 SAVOIE
    3 SUISSE
    3 VICHY
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • 8 juillet 1854.
  • 8 jul 1854
  • Vichy,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle de Pélissier
    13, avenue Marbeuf, près les Champs Elysées
    Paris.
La lettre

Votre lettre m’est remise à l’instant même, mon enfant, et je ne sais pourquoi je sens s’évanouir je ne sais quels tristes pressentiments, que je subissais à votre égard. Pourquoi suis-je plus rassuré? Vraiment, je n’en sais rien. Je m’attendais à une lettre un peu triste et amère, vous me parlez d’une façon qui me va tout à fait au plus intime du coeur. Je crois bien avoir fait quelquefois un peu de bien à ma fille, mais je puis lui assurer que sa lettre d’aujourd’hui m’en a fait beaucoup. Je n’ose pas vous prier de m’attendre à Paris, où je serai du 20 au 25; pourtant, j’ai tant d’envie de vous revoir que si, sans déranger vos projets, je pouvais avoir avec vous une conversation de quelques bons moments, j’allais dire de quelques heures, cela me ferait un grand bien. Mais peut-être est-ce trop demander, et il vaut mieux porter tout seul sa croix; non que je croie bon de vous dire ce que Notre-Seigneur m’envoie de peines, mais parce qu’il permet, je le crois, de s’appuyer quelquefois sur une véritable fille. Toutefois, ne vous en gênez pas; car, après tout, cette envie n’est que celle de voir ma bonne Amélie, et il y a là un égoïsme, auquel il vaut peut-être mieux ne pas se laisser aller.

Si vous partez avant que je n’arrive, il nous sera facile de nous voir, soit à Genève, soit à Présinges, soit à Annecy. Maintenant, je vous dis adieu. Ecrire peut me fatiguer, mais lire, non. Souvenez-vous de cela. Adieu, ma fille. Je vais bien prier pour vous. Expliquez-moi donc pourquoi votre lettre, malgré le silence dont vous me menacez, m’a si bien dilaté le coeur. Je crois bien que vous ne pourriez pas le garder toujours ce silence. Enfin, je serai généreux et ne prendrai que ce que vous voudrez me donner. J’ai quelquefois peur que vous n’ayez peur de me revoir. Je vous préviens que vous auriez bien tort.

Adieu, encore une fois. Que le Saint-Esprit vous réchauffe le coeur et vous éclaire tout particulièrement. Je lui demande aussi pour vous un grand esprit de sacrifice. A quinze jours ou à six semaines d’ici, comme vous le voudrez. Je vous envoie une bénédiction de vrai père.

Je n’ai fait presque que traverser Nîmes[1], et l’on ne m’a pas dit si Mme Varin avait laissé votre paquet[2]. Merci toujours.

E. D' ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon avait passé une semaine à Nîmes, du 22 au 29 juin, entre son séjour à Lavagnac et son départ pour Vichy.
2. Mme Varin s'occupait de l'oeuvre des tabernacles à laquelle collaborait Amélie de Pélissier, par la confection de linges liturgiques.