Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.443

12 jul 1854 Vichy, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il se propose de séjourner à Paris et d’y tenir un Chapitre général pour fixer les Constitutions – Il s’excuse de lui montrer son âme écrasée par l’épreuve.

Informations générales
  • T1-443
  • 409
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.443
  • Orig.ms. ACR AD 944; D'A.T., 22, n. 234, p. 136.
Informations détaillées
  • 1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONSTITUTIONS DE 1855
    1 CONTRARIETES
    1 DEFAUTS
    1 DOULEUR
    1 ENFANTEMENT DES AMES
    1 EPREUVES
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 FETE DE L'ASSOMPTION
    1 VACANCES
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOIE UNITIVE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    3 AIX
    3 ENGHIEN-LES-BAINS
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 12 juillet [18]54.
  • 12 jul 1854
  • Vichy,
La lettre

Ma chère fille,

Si vous partiez sur le champ pour Aix, peut-être pourriez-vous tout arranger. Je serai à Paris vers le 25 ou le 30. Je voudrais y passer la fête de l’Assomption; peut-être alors seriez-vous de retour. J’avais un peu oublié ces eaux, et j’avais compté tenir un Chapitre général à Paris pour fixer les Constitutions. Nous aurions profité de ce que nos enfants de Nîmes sont congédiés, pour nous entendre avec vous sur quelques points; vous nous auriez aidés pour le reste. Mais qu’est-ce que Dieu veut de moi? Je prie assez dans ce temps-ci, et je vois tant de choses que je ne sais plus où j’en suis. Ce qui me frappe le plus, c’est mon incapacité, c’est mon impuissance, à cause de mes défauts, à faire jamais rien de bien. Les obstacles qui s’élèvent, ne sont-ce que des épreuves? Mon âme est dans une affreuse aridité. Je prie pourtant et me traîne, pour ainsi dire, à la présence de Dieu. Si ce sont là les douleurs de l’enfantement, je les accepte comme Dieu l’entend, mais c’est dur. Enfin, comme Dieu voudra! Je vous souhaite de vendre, si vous le pouvez.

Adieu, ma fille. Je vous demande pardon de vous montrer ma pauvre âme si endolorie. N’êtes-vous pas ma fille entre toutes?[1].

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Au reçu de cette lettre, et pour encourager le P. d'Alzon, Mère M.-Eugénie croit pouvoir assurer que l'abbé de Cabrières va s'orienter vers l'Assomption. Elle poursuit: <<Je lui disais, et permettez-moi de vous le dire aussi, que ma constante consolation, quand je priais pour l'Assomption des hommes, dont le succès extérieur semble moins grand que le nôtre, était de penser qu'il n'y manquait que des moyens humains, mais que le regard de Dieu devait toujours être content, et que pour ce qui était de ne chercher que lui, on pouvait être sûr du père. Je disais cela mieux, ayant plus de temps: mais réellement, mon père, je crois que vous avez des défauts, mais des défauts humains, ou plutôt des défauts propres à empêcher un succès humain, et cela ne me semble pas si important pour une oeuvre surnaturelle. Vous les corrigerez par l'expérience, mais qu'importe à Dieu de tels défauts! Ils servent à vous briser, et je me demande comment Notre-Seigneur permettrait que vous soyez un pauvre grain de froment tombé à terre, que vous mouriez et que vous ne portiez point de fruit? Je vous avoue que je ouise beaucoup de confiance dans ces vues. Laissez-moi espérer que je vous en redonnerai. Je n'irai pas à Aix décidément je tâcherai de prendre des bains à Enghien. Venez donc quand vous voudrez, mon cher Père". (Lettre de Mère M.-Eugénie, 15 juillet 1854.)