Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.445

16 jul 1854 Vichy, COMBIE_JULIETTE

Elle ne doit pas hésiter à lui envoyer toutes les lettres qu’elle écrit. – Peut-être passera-t-il par Nîmes avant d’aller à Paris – Notre-Seigneur n’aime pas les demoiselles à grandes idées qui s’impatientent des idées étroites du prochain.- Les croix que Dieu lui fait porter.

Informations générales
  • T1-445
  • 413
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.445
  • Orig.ms. ACR, AM 113; D'A., T.D. 37, n. 3, p. 81.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CRAINTE
    1 DIVIN MAITRE
    1 EPREUVES
    1 ESPECE HUMAINE
    1 ESPERANCE
    1 ESPRIT ETROIT
    1 FAIBLESSES
    1 FOI
    1 FRANCHISE
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 MALADIES
    1 MISERICORDE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PATIENCE
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 SYMPTOMES
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 SABEN MESDEMOISELLES
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • 16 juillet 1854.
  • 16 jul 1854
  • Vichy,
La lettre

Vous avez bien tort, ma chère enfant, de ne pas m’envoyer toutes les lettres que vous m’écrivez; elles me feraient un bien infini. Aujourd’hui, par exemple, je viens de lire celle que je reçois après une autre où j’apprends de fort pénibles choses, et tout ce que vous me dites me soulage et me repose. Oh! mon enfant, ce ne sera pas moi qui augmenterai votre timidité et qui réprimerai vos épanchements. Pensez toujours tout haut avec votre père. Je crois bien que vous en avez besoin.

Je ne comprends pas le temps que mettent vos lettres pour venir. Cependant écrivez-moi encore, la première fois à Nîmes, où il est possible que je sois le lundi 24, au lieu d’aller à Paris, comme j’en avais le projet. Vous avez la pluie, et nous aussi. C’est effrayant. Dieu nous punit.

Notre-Seigneur aime, je crois bien, les âmes qui se dévouent généreusement à son service, mais je ne sais pas s’il aime autant les demoiselles à grandes idées qui s’impatientent et se crispent des idées étroites du prochain. Allons, ma chère Juliette, soyez miséricordieuse pour les faiblesses de l’humanité, je vous en conjure. Vous en avez besoin, si vous voulez avancer dans les secrets du coeur de Jésus-Christ, qui est si miséricordieux. Si vous étiez là devant moi, peut-être vous ferais-je mettre à genoux et je vous conjurerais de songer à tout ce que Notre-Seigneur souffre, sinon d’idées étroites, au moins de sentiments mauvais de notre part. Juliette, Juliette, je veux que vous soyez une sainte. Laissez-moi donc arracher de votre âme tout ce que notre bon Maître n’y aime pas, toute épine qui meurtrirait sa main bénie, quand il voudrait la poser sur vous.

Afin de vous aider à dilater votre coeur, je veux vous ouvrir un peu le mien. Eh bien! mon enfant, Dieu m’envoie des peines. Elles sont grandes pour moi, qui ne vaux pas grand’chose. Priez Dieu, afin que je porte toutes mes croix, comme il convient à un religieux. Demandez pour moi la foi et l’espérance dans cette voie dure à notre infirmité, où j’entre et d’où je ne sortirai probablement pas dans ce monde. Il faut vouloir tout cela et le vouloir, parce que cela est agréable à Jésus crucifié. Vous le voyez, je vous parle presque autant de moi que de vous. Il me semble que ce n’est pas égoïsme de ma part, mais désir de prouver à ma fille ce qu’elle m’est réellement.

Les nouvelles de Nîmes sont que le choléra a empêché l’oeuvre des petites protestantes. Les demoiselles Saben viennent à jubé[1].

Adieu, ma fille. J’ai un gros mal de tête. Ecrivez-moi très souvent et longuement.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. *Venir à jubé,* c'est se soumettre malgré soi.