- T1-449
- 417
- Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.449
- Orig.ms. ACR, AM 114; D'A., T.D. 37, n. 4, p. 83.
- 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
1 APOSTOLAT
1 BONTE
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CURES D'EAUX
1 DISTRACTION
1 DIVIN MAITRE
1 ESPRIT ETROIT
1 HUMILITE
1 LIVRES
1 LUTTE CONTRE LE MONDE
1 OUBLI DE SOI
1 PATIENCE
1 REFORME DU COEUR
1 TRISTESSE PSYCHOLOGIQUE
1 UNION A JESUS-CHRIST
1 VIE DE PRIERE
1 VIE DE SILENCE
2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
2 JEAN DE LA CROIX, SAINT
3 ANNECY
3 GENEVE
3 LUCHON
3 NIMES
3 PARIS
3 VICHY - A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
- COMBIE_JULIETTE
- 18 juillet 1854.
- 18 jul 1854
- Vichy,
Voilà qui est bien. Je croyais que votre lettre était une réponse à la mienne, mais point; vous m’écrivez une seconde fois de vous-même. Je vous en remercie du fond du coeur. Je ne sais trop si ces lignes vous arriveront à Luchon. Je ne comprends pas que la poste soit si lente; vous m’écrivez le 13, et je ne reçois votre lettre que le 18.
Mais je veux vous parler un peu sérieusement. Vous êtes complètement dans l’erreur, si vous croyez que je souffre à Vichy. Il faut s’y accoutumer, mais une fois le pli pris, on se tire très bien d’affaire. Depuis quelque temps, je priais assez mal, à cause de toutes mes distractions. Vichy m’a rendu la facilité à entrer un peu dans l’intimité de Notre-Seigneur, et c’est pour cela que je trouve bien heureuses les personnes qui, comme vous et Louise, ont du temps à elles et peuvent, en se séparant de certains dérangements, consacrer à Dieu une vie d’union dans la prière et les bonnes oeuvres. Il y a des vertus silencieuses de patience, de douceur, d’humilité, que rien ne manifeste extérieurement, sinon un parfum dont le monde est embaumé comme malgré lui, et, qui plaisent au coeur de notre bon Maître. C’est à cette vie qu’il faut tendre, ma chère fille. Vous trouvez sévères les oeuvres de saint Jean de la Croix, et moi aussi; mais pour nous faire tendre à cette disposition d’âme qui accepte l’immolation, le dévouement obscur, je ne sache rien comme les paroles de ce saint.
Vous ne me dites pas si vous êtes contente de la santé de Louise. Est-ce une preuve qu’elle va mieux? J’ignore ce que je vais faire. Il est possible que mes affaires me forcent de retourner à Nîmes, au moins q[uel]q[ues] jours. Dans ce cas, je vous y verrais; mais il est fort possible aussi que je parte pour Paris et, de là, pour Genève et Annecy. Je vous l’écrirai dans tous les cas. Si vous avez le temps, avant votre départ, de répondre à cette lettre, adressez la vôtre à Nîmes, d’où on me l’enverra à Paris, si j’y suis.
Oui, ma pauvre et si chère enfant, vous avez besoin d’un peu d’ouverture et de dilatation. Profitez-en pour vous ouvrir et vous dilater du côté de Dieu. Vous verrez comment cet état de votre âme vous aidera à la prière. Il y a une foule de choses dans votre coeur. Laissez-y s’assoupir tout sentiment qui ne va pas vers Dieu, et, au contraire, épanchez autant que vous le pourrez tout ce qui vous portera à lui. Vous me parliez dans votre précédente lettre de personnes à vues étroites. Mon enfant, qu’importe l’esprit des gens? C’est le coeur que Dieu regarde, et quand le coeur en se dilatant s’élargit, l’esprit finit par y participer. Formez dans votre âme, ma fille, un rempart contre la tristesse. Il faut que vous luttiez contre cette disposition. Je crois voir que, quand on veut, on peut en venir à bout.
Adieu, chère enfant. J’ai quelqu’un dans ma chambre et je ne sais plus suivre ma pensée.
Votre père
Je vous ai écrit hier.
E.D'ALZON.