Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.456

15 aug 1854 [Paris, COMBIE_JULIETTE

Ce n’est pas l’âge qui manque, c’est un degré de sainteté pour se donner sans réserve à la cause, de Dieu. – Pourquoi alors être triste?

Informations générales
  • T1-456
  • 424
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.456
  • Orig.ms. ACR AM 115; D'A., T.D. 37, n. 5, p. 85.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 CORRECTION FRATERNELLE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 EFFORT
    1 PROTESTANTISME
    1 SAINTETE
    1 TRISTESSE PSYCHOLOGIQUE
    1 ZELE POUR LE ROYAUME
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 GIGNOUX, ABBE
    2 MERMILLOD, GASPARD
    3 GENEVE
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le 15 août 1854]. vers
  • 15 aug 1854
  • [Paris,
  • Pour Juliette
La lettre

Ma chère fille,

Savez-vous que j’ai quelque envie de vous gronder? Il me semble que nous étions convenus que vous vous appliqueriez à devenir une femme chrétienne. Je comptais sur vous. Est-ce que vous voudriez me faire défaut? La profonde tristesse, sous le poids de laquelle vous vous trouvez, m’afflige. Remarquez que je ne me plains pas de ce que vous me la montrez, –je veux toujours lire au fond de votre coeur; mais j’ai assez d’estime pour vous, dans la si profonde affection que je vous porte, pour vouloir que ma fille soit un peu plus énergique. Voilà ce qui nous manque à tous, l’énergie. Vous vous trompez, ma fille: ce n’est pas l’âge qui vous manque, c’est un degré de sainteté. Je le demande pour vous à Notre-Seigneur. Je compte sur ma fille. Ne me faites pas écrire que je me suis trompé.

Notre-Seigneur n’est pas aimé, n’est pas connu. Voilà, mon enfant, ce qui devrait briser votre coeur. Oh! quand trouverai-je des âmes qui s’oublient entièrement et qui se donnent sans réserve à la cause de Dieu! Laissez-moi la conviction que la vôtre est du nombre béni de celles pour qui se sacrifier est une seconde vie. Je n’écris pas aujourd’hui à Louise. Je n’aime pas qu’elle m’écrive si peu. J’attends au plus tôt une longue lettre d’elle qui me trouvera chez le curé de Genève, où je serai vers le 20 août[1],

Adieu, ma fille, écrivez-moi, vous aussi. Oh! Juliette, Juliette, il y a au fond de votre coeur quelque chose qui doit se donner encore plus. Est-ce que je me trompe, quand je crois voir ce pauvre coeur brûler d’une flamme qui a besoin de monter vers le ciel? Pourquoi alors être triste? Sinon parce que vous ne vous êtes pas donnée assez entièrement et que vous avez besoin de vous donner sans partage. Je vous bénis toutes deux, mes bonnes filles. Je demande à Notre-Seigneur de vous faire comprendre, mes enfants, combien je vous suis dévoué.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon séjournera à Genève du 1er au 5 septembre en vue de son oeuvre pour les protestants. Il se proposait d'y rencontrer l'abbé Gignoux et l'abbé Mermillod, deux prêtres de ses amis, engagés comme il l'était à Nîmes, à oeuvrer auprès des protestants de Genève dans un climat encore " plus difficile.