Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.459

14 sep 1854 [Lavagnac, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Récit de son séjour à Genève et à Annecy. – On les voudrait à Genève. – Mauvaise rentrée au collège et déficit probable. – La nuit de la foi est comme un abîme où il faut aller, la croix à la main.

Informations générales
  • T1-459
  • 428
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.459
  • Orig.ms. ACR, AD 948; D'A., T.D. 21, n. 243, p. 140.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANNEE SCOLAIRE
    1 APOSTOLAT
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DEFICITS
    1 ECOLES
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 FETE DE LA NATIVITE DE MARIE
    1 PAIX INTERIEURE DE L'APOTRE
    1 REPOS
    1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 RENDU, LOUIS
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 ANNECY
    3 GENEVE
    3 LAVAGNAC
    3 NIMES
    3 ROME
    3 THORENS-GLIERES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 14 septembre 18]54. Fête de l'Exaltation de la croix
  • 14 sep 1854
  • [Lavagnac,
  • Pour notre Mère
La lettre

Me voici à Lavagnac, ma chère fille. J’ai passé vingt-quatre heures à Nîmes et je suis venu ici achever de me reposer. Ma vie, depuis ma dernière lettre, a été assez fatigante, mais je crois apercevoir un mieux très sensible, pourvu que je me repose quand la fatigue s’empare de moi. A Genève, j’ai eu une longue conversation avec M. Mermillod[1], qui peut-être nous viendra. Dans tous les cas il est de vos amis; quoiqu’il trouve, comme quelques autres, que vous êtes un peu grandes dames. Il vous voudrait une maison à Genève, non pas d’éducation, mais pour faire une foule d’oeuvres. Il faudra y penser. Il m’y voudrait aussi, avec une maison d’éducation. Le local est tout trouvé et admirable. Dieu fera ce qu’il voudra. J’arrivai à Annecy dans la nuit du 5 au 6, je dis la messe au tombeau de saint François; je fus presque aussi sec que M. Gay[2]. Le soir, après avoir dîné chez l’évêque[3], qui m’accueillit parfaitement, j’allai à Thorens et j’ai pu dire la messe, le 7 et le jour de la Nativité, dans la chapelle bâtie sur l’emplacement de la chambre où est né saint François de Sales. C’est là où il me semble que j’ai commencé à me convertir tant soit peu. Je vous fais grâce du reste de mon voyage.

Arrivé à Nîmes, j’ai trouvé qu’il ne faut compter que sur 125 élèves. Le Fr. Hippolyte m’a préparé un budget, où il fait 23.000 francs d’économies sur les professeurs. Avec cela, nous aurons un déficit de 20.000 francs. Je vous dis ceci tout de suite, mais je ne suis pas inquiet. Dieu m’a fait, aujourd’hui,la grâce de comprendre la différence qu’il y a entre ceux qui peuvent dire: [[Mihi absit gloriari nisi in cruce Domini Nostri Jesus Christi[4], et ceux qui ne le peuvent pas, et surtout par quels degrés il faut passer pour pouvoir arriver à les prononcer parfaitement. Je ne crois pas être parvenu au plus haut point de cette disposition, mais je le veux, ce me semble, très sincèrement. La nuit de la foi m’apparaît comme un abîme, où il faut se précipiter en tenant la croix et [en] acceptant tout ce que la croix enseigne et signifie. Voilà mon état, et comme, au fond, il me fait trouver de la paix et plus d’amour pour Notre-Seigneur, je m’y livre autant que j’en suis capable.

J’ai été dérangé, je m’arrête. Je vous envoie le projet de règlement général à présenter pour nous à Rome[5]. Vous pouvez le copier, mais renvoyez-le moi.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Gaspard Mermillod (1824-1893), vicaire puis curé à Genève, évêque auxiliaire (1854) et titulaire (1883) du diocèse de Genève-Lausanne, créé cardinal en 1890. Tandis qu'il n'était que vicaire à Genève, il eut l'intention de travailler, sous la conduite du P. d'Alzon, à la conversion des protestants, à partir d'une fondation assomptioniste, à Genève ou à Ferney.
2. L'abbé Gay était à l'époque, comme l'abbé Mermillod, une vocation possible pour l'Assomption.
3. Mgr Louis Rendu (1789-1859) avait été nommé évêque d'Annecy, le 25 août 1842, et préconisé le 27 janvier 1843.
5. Il s'agit peut-être ici de *l'Aperçu général* (CO 152-153), mis en tête de la *Règle de l'Assomption.* <> De fait, c'est par une page détachée que la mention des membres de la Congrégation, et donc du Tiers-Ordre, était intégrée à l'*Aperçu général,* à la suite sans doute de la remarque de Mère M.-Eugénie (*Premières Constitutions,* 1855-1865, p. 15).4. Ga 6, 14.