Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.466

27 sep 1854 Nîmes, SACCONI Mgr

Il transmet avec une lettre de Mgr Cart, le propre du diocèse de Nîmes. – Il attire l’attention du nonce sur la succession de son évêque dont l’état de santé est préoccupant.

Informations générales
  • T1-466
  • 0433bis
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.466
  • Orig.ms. Arch. du Vatican; *Nunz. Parigi,* fasc.Nîmes, 1854.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLICITE
    1 CONGREGATION DES RITES
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 LITURGIE ROMAINE
    1 MALADIES
    1 PROPRE DE NIMES
    1 ULTRAMONTANISME
    2 ASTROS, PAUL D'
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CAUSSETTE, JEAN-BAPTISTE
    2 DONEY, JEAN-MARIE
    2 FORTOUL, HIPPOLYTE
    2 GARIBALDI, ANTONIO
    2 GAUME, JEAN-ALEXIS
    2 GUERANGER, PROSPER
    2 MARTIN, ABBE-AVIGNON
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PIE IX
    2 SACCONI, CARLO
    2 SALINIS, ANTOINE DE
    2 SIBOUR, LEON-FRANCOIS
    2 VAILHE, SIMEON
  • A SON EXCELLENCE MGR SACCONI, NONCE A PARIS
  • SACCONI Mgr
  • le 27 septembre 1854.
  • 27 sep 1854
  • Nîmes,
  • Evêché de Nîmes
  • A Son Excellence, Mgr le nonce apostolique
La lettre

Monseigneur[1],

J’ai l’honneur de faire parvenir à Votre Excellence une lettre de Monseigneur de Nîmes à Sa Sainteté. Cette lettre accompagnera le propre du diocèse, qui sera remis à votre hôtel, s’il ne l’est déjà, par Mme la supérieure de l’Assomption. Comme il a passé plus d’un an entre les mains de Dom Guéranger, on espère que la Congrégation des Rites l’approuvera promptement. Ce serait d’autant plus nécessaire que la santé de notre saint évêque nous inspire les craintes les plus vives, et qu’il serait à désirer que l’affaire de la liturgie fût terminée chez nous avant sa mort[2].

Me permettez-vous, Monseigneur, de vous rappeler ce que j’ai eu l’honneur de dire à Votre Excellence, il y a deux mois?[3] Notre diocèse doit attirer l’action très particulière de ceux qui sont chargés de la nomination des évêques. Hier encore, Monseigneur de Nîmes, qui parle de sa mort avec un calme admirable, me disait qu’il n’attendrait pas le dernier moment pour déposer le fardeau épiscopal, si d’ici à un mois sa santé ne se rétablissait pas. Je le conjurai de renoncer à ce projet, à moins que ce ne fût dans l’intention d’influer sur le choix de son successeur. [[Ceci est bien grave, me dit-il, et c’est prendre là une bien grave responsabilité. — Oui, repris-je, mais qui peut plus que vous s’intéresser à voir continuer le bien dans votre diocèse?]] Je me permis de lui citer plusieurs noms. Celui sur lequel son choix parut s’arrêter fut M. Caussette, supérieur des missionnaires à Toulouse[4]. La confiance que lui avait témoignée le cardinal d’Astros et ses principes ultramontains, la confiance et l’estime que professe pour lui l’évêque de Montauban[5] parurent le frapper. Il redoute M. l’abbé Sibour[6] dont le nom a été prononcé. Il croit l’abbé Gaume trop âgé[7]. M. l’abbé Martin, vicaire général d’Avignon, est en ce moment dans un état déplorable de santé. Mais Votre Excellence saurait bien nous indiquer un choix, s’il était nécessaire.

Je crois être agréable à Votre Excellence en lui transmettant ces détails et je me mets tout à ses ordres, supposé qu’Elle en désire davantage. Je suis, avec le plus profond respect, Monseigneur, de Votre Excellence, le très humble et très obéissant serviteur.

EMMANUEL D'ALZON V (re) g (al) de Nîmes.
Notes et post-scriptum
1. Mgr Sacconi (1808-1889), après avoir été chargé d'affaires auprès du grand-duc de Toscane en 1846, fut nommé internonce apostolique en résidence à Munich, en 1848; préconisé archevêque de Nicée le 27 mai 1851, il fut promu, en octobre 1853, à la nonciature de Paris, où il succéda à Mgr Garibaldi. Il sera créé cardinal le 27 septembre 1861.
2. C'était aussi le désir de Mgr Cart, dans la lettre adressée par lui au Pape (Arch. du Vatican; *Nunz. Parigi,* fasc. Nîmes).
3. Pendant le séjour du P. d'Alzon à Paris, en juillet-août.
4. L'abbé Caussette (1819-1880) avait accepté la direction des Pères du Calvaire, ou missionnaires du Sacré-Coeur, sur la demande de leur fondateur, Mgr d'Astros (1772-1851), préconisé archevêque de Toulouse le 5 juillet 1830 et créé cardinal le 30 septembre 1850.
5. Mgr Doney, qui avait deux établissements des Pères du Calvaire proches de sa ville épiscopale.
6. Mgr. Sibour, évêque de Tripoli, auxiliaire de Mgr Sibour, archévêque de Paris.
7. L'abbé Gaume était né le 5 juin 1802.
8. Le 7 octobre, Mgr Sacconi répondit à la lettre du P. d'Alzon; <<C'est avec une véritable peine que j'ai appris les nouvelles sur la santé de votre digne prélat. Si, comme vous le pensez, il avait l'intention d'influer sur le choix de son successeur, pour continuer à son diocèse le bien qu'il a fait, j'espère qu'eu égard surtout à l'estime qu'ici on a justement pour lui, le sujet par lui recommandé serait agréé. Si je devais ajouter aux ecclésiastiques par vous nommés une autre personne, je place rais, et en première ligne, la vôtre. Dans le cas que la maladie de Mgr l'évêque continue malheureuse ment à empirer, et qu'il n'ait pas encore pris une résolution définitive, je vous prie de vouloir bien lui faire lire cette lettre; Mgr Sacconi dira effectivement à Mère M.- Eugénie, le 7 octobre, que son désir était de voir le P. d'Alzon succéder à son évêque *(Lettre* 434 note 1).
Pour en avoir un jugement prudentiel et autorisé, le P. d'Alzon communiqua à Mgr de Salinis les noms qu'il avait mis en avant pour le siège de Nîmes. Le 3 octobre, Mgr de Salinis lui écrit: <>. Puisque le P. d'Alzon était son candidat Mgr de Salinis s'entremit aussitôt auprès de Fortoul, ministre des Cultes et ancien condisciple à Paris du vicaire général de Nîmes; mais ce fut pour s'entendre dire que le P. d'Alzon était desservi par son légitimisme, ou plutôt, faut-il dire, par son indépendance politique pour le seul service de l'Eglise. (VAILHE *Vie du P. d'Alzon* II, pp. 20-21).