Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.470

5 oct 1854 Nîmes, COMBIE_JULIETTE

Motif du retard de sa réponse. – Commissions diverses. – Pourquoi ne pas attirer à Nîmes sa cousine qui doublerait ainsi ses forces pour le bien. – La vie du chrétien n’est qu’un sacrifice et une longue suite de déceptions.

Informations générales
  • T1-470
  • 436
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.470
  • Orig. ms. ACR, AM 116; D'A., T.D. 37, n. 6, pp. 86-87.
Informations détaillées
  • 1 ENGAGEMENT APOSTOLIQUE DES LAICS
    1 ESPERANCE BASE DE LA PAUVRETE
    1 SALUT DES AMES
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 ANGELIER
    2 BOSSUET
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 MALARTE, JOSEPH
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 MALBOSC, PAULIN DE
    2 PLAGNIOL, MADEMOISELLE
    2 SABEN MESDEMOISELLES
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 NIMES
    3 SAINT-AMBROIX
    3 SAINT-VICTOR-DE-MALCAP
    3 VANS, LES
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le 5 octobre 1854.
  • 5 oct 1854
  • Nîmes,
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je n’ai pu répondre à votre première lettre, parce que vous ne me donniez pas le nom de Madame votre tante, et que je craignais que votre présence ne fût pas assez connue aux Vans, pour que la poste allât vous y chercher.

Il n’y a pas le moindre doute, je veux le petit protestant et je le prendrai avec bonheur. Quant à la petite fille, il faudra que vous arriviez pour tout arranger. Les demoiselles Saben la prendraient bien, mais devez-vous, voulez-vous aller avec les demoiselles Saben? Il faut d’abord examiner la chose.

Mademoiselle votre cousine, fixée à Saint-Ambroix et sous la direction de M. Malarte, pourrait faire un bien immense.[1]. Il ne faudrait donc pas trop l’en détourner, n’était que peut-être cela ne durera pas longtemps. Autrement, je serais loin de m’y opposer. Si, au contraire, vous voulez l’attirer à Nîmes, ne faut-il pas qu’elle y trouve son frère? Si celui-ci ne veut pas se remarier, pourquoi ne pas le pousser aux bonnes oeuvres? Il me semble qu’il pourrait trouver à Nîmes un vaste champ à s’exercer. S’il veut se remarier, il m’est venu l’autre jour une idée, c’est que Mlle Plagniol pourrait peut-être très bien faire son affaire. Quoiqu’il en soit, voyez et priez. Il est sûr que Mademoiselle votre cousine, auprès de vous, doublerait vos forces, les décuplerait même. Mais Dieu veut-il vous donner cette douceur dans le bien? La vie du chrétien doit être un long sacrifice et se composer d’une longue suite de déceptions. Vous connaissez le mot de Bossuet: Nous traînons jusqu’au tombeau la longue chaîne de nos espérances trompées. Une seule chose console le chrétien c’est que le désenchantement des espérances de la terre le force de lever les yeux vers Celui en qui l’espérance ne périt point. Au milieu de la joie que vous goûtez auprès de votre cousine, songez que vous devez être une sainte et que vos actions doivent prêcher la sainteté.

Adieu, ma chère enfant. Il me tarderait bien de vous revoir, si je pensais que vous goûtez, en ce moment, un peu de bonheur, et que ce peu de bonheur peut vous aider à faire du bien à une âme que vous aimez, autant que Mademoiselle votre cousine.

Tout à vous, ma fille, en Notre-Seigneur.

Vous ne me dites pas vos projets. Resterez-vous longtemps à Saint-Victor? Louise allait bien avant-hier. Encore une fois, adieu. M. Angelier est un très brave homme, mais un cerveau fort embrouillé.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Eugénie de Malbose, établie à Saint-Victor de Malcap dans le Gard, qui devait entrer, le 29 octobre 1855, à l'Assomption et devenir religieuse sous le nom de Soeur Françoise-Eugénie.