Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.475

12 oct 1854 Mireman, ESCURES Comtesse

La santé précaire de son évêque ne lui permet pas de s’éloigner de Nîmes. – Il redoute sur elle l’influence d’une personne. – Nouvelles diverses et remerciements.

Informations générales
  • T1-475
  • 440
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.475
  • Orig. ms. ACR, AN 64; D'A., T.D. 38, n. 64, pp; 204-205.
Informations détaillées
  • 1 CRAINTE
    1 ESPRIT FAUX
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 MALADIES
    1 MAUVAISES CONVERSATIONS
    1 MORT
    1 SALUT DES AMES
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CHAZELLES, MADAME DE
    2 MAGNE, MADAME
    2 SAINT-PREGNON, MADAME DE
    3 MIREMAN
    3 NIMES
    3 ROME
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • 12 octobre 1854.
  • 12 oct 1854
  • Mireman,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle Amélie de Pélissier
    Montreux
    Suisse. Canton de Vaud.
La lettre

Ma chère fille,

Il y avait malentendu. J’attendais une de vos lettres et je me dépêche de répondre à celle que je viens de recevoir. Je suis à Mireman[1], où je viens passer deux jours par semaine, et, quoique avant-hier encore on m’ait défendu d’écrire, je vous écris. Votre visite à Nîmes, à quelque époque que vous veniez, m’arrange très fort, La santé de notre saint évêque est telle que je ne puis songer à m’éloigner de lui, à moins qu’il ne voulût lui-même m’envoyer à Rome, ce qui n’est pas probable. Je resterai donc à Nîmes, jusqu’à ce qu’il plaise au bon Dieu de disposer de lui, et je crains que ce ne soit encore plus tôt qu’on ne l’avait calculé d’abord. Voilà donc une existence qui va se briser, et il faut être témoin d’un bien triste spectacle. Voilà donc la vie. Elle s’avance au milieu des cercueils, où s’engloutissent successivement ceux que nous avons connus [et] aimés, jusqu’à ce qu’à notre tour nous rencontrions notre place et que nous y laissions notre dépouille jusqu’au dernier jour.

L’état de Madame de Saint-Pr[égnon] m’inspire une compassion toujours plus grande. A quoi bon rester auprès d’elle, si vous ne devez pas la convertir? Je crains parfois qu’elle ne vous pervertisse un peu et qu’elle ne vous donne, à force de vous les répéter, certaines idées fausses qui me font une peur extrême pour vous. Je n’ai pu voir Mme de Chazelles, mais Mme Magne est venue avant-hier chez moi, et je présume qu’elle devait avoir quelque chose à me dire.

Il est très vrai que j’avais un peu compté sur ce que vous aviez bien voulu me promettre; mais enfin je tâche de m’arranger. L’important est que je puisse, au milieu de toutes mes affaires, tenir mon coeur tout près de Notre-Seigneur.

Votre montre va à merveille. J’ai peur d’y tenir trop et je vous avoue que j’en ai bien quelque scrupule. Vous me parlez bien de votre voyage ici, au mois de novembre, mais vous ne me dites pas combien de temps vous nous donnerez. Tâchez que ce soit un peu long. Quand Mme de Saint-Pr[égnon] vous aura mariée, qui vous verra?

Adieu, ma chère enfant. Je n’écris pas souvent d’aussi longues lettres. Il me tarde bien de vous revoir et de vous faire encore un peu de bien.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mireman, noviciat des Frères convers, colonie agricole et orphelinat pour les petits protestants.