Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.478

22 oct 1854 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Qui est l’abbé Chaillot. – L’union avec les Polonais demeure conditionnelle. L’évêque décline; lui va mieux.

Informations générales
  • T1-478
  • 443
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.478
  • Orig. ms. ACR, AD 959; D'A., T.D. 21, n. 254, p. 147.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 BREVIAIRE ROMAIN
    1 DOCTRINES ROMAINES
    1 DONS EN ARGENT
    1 ESPRIT ETROIT
    1 PROJET D'UNION AVEC LES RESURRECTIONNISTES
    1 PROTESTANTISME
    1 SANTE
    1 ULTRAMONTANISME
    2 BOUIX, MARIE-DOMINIQUE
    2 BUATTONI, M.-DOMENICO
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 DEBELAY, JEAN-MARIE-MATHIAS
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 FIORAMONTI, DOMENICO
    2 GAULTIER, OLIVIER
    2 HUBE, JOSEPH
    2 LE PAILLEUR, AUGUSTE
    2 PIE IX
    2 REVEILHE, MADAME
    2 SEGUR, GASTON DE
    2 SEMENENKO, PIERRE
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    3 AVIGNON
    3 FRANCE
    3 MIREMAN
    3 ROME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 22 octobre 1854.
  • 22 oct 1854
  • Nîmes,
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je crois pouvoir vous rassurer au sujet de M. Chaillot. Il n’était pas prêtre quand il a quitté la France, et il se serait fait Sulpicien, si on avait voulu lui laisser réciter le bréviaire romain. Il n’a que trente-trois ans, il a une fortune très indépendante, jouit à Rome d’une grande considération, est très estimé de l’archevêque d’Avignon, dont il a habité le diocèse toute sa jeunesse; et dans ce moment, après toutes les attaques dont il a été l’objet de la part de quelques évêques à cause de ses principes, s’il y avait eu quelque chose à dire sur son compte, on le lui aurait jeté à la figure. Or on n’a jamais pu lui reprocher que son ultramontanisme. Quant à moi, je suis pour le moment sous une singulière impression. J’ai confiance, une confiance absolue en la Providence, et je ne sais de quel côté me tourner. Je prie Dieu de m’éclairer, et puis je ne sais que faire.

Ce que vous me dites des Polonais ne me surprend pas jusqu’à un certain point[1]. Leur Père Hubé semble un cerveau un peu étroit, et je ne crois pas la tête de Semenenko bien solide[2]. Je soupçonne que celui qui les a détournés est l’abbé Bouix, qui a logé quelque temps chez eux et qui est l’âme damnée des Jésuites. Le pauvre homme vient de se brouiller avec le maître du Sacré-Palais[3] et ne retournera probablement pas à Rome, où il est quelque peu démonétisé pour le moment. Du Lac m’en avait dit quelque chose sous le secret, mais l’abbé Chaillot, qui n’est pas Jésuite, m’a conté l’affaire tout au long[4]. Quant aux Polonais, je désire très vivement m’associer à eux, mais toujours dans la mesure que je vous ai dite. Il ne faut pas, après tout, se préoccuper outre mesure de ce que ces braves gens diront ou feront. Il me semble que Dieu nous bénira sans eux, si nous nous mettons entre ses mains.

Adieu, ma bien chère fille. Il me semble que je vais très admirablement mieux. Notre évêque s’en va. Si le progrès du mal est dans les proportions de ces jours-ci, il n’en a pas pour un mois, disait son médecin, il y a quelques jours. Adieu, encore une fois. Il me semble que je deviens un peu moins mauvais. J’attends la lettre où vous me parlerez de vous. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

Mme Réveilhe vous doit 192 francs[5]. Voulez-vous qu’elle me les compte pour la souscription de vos enfants à Mireman.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dans sa lettre du 20 octobre, Mère M.-Eugénie évoquait <>.
2. Le P. Hubé, supérieur général; le P. Semenenko, législateur des Résurrectionistes polonais.
3. Le P. Tuattoni, o.p.
4. L'abbé Bouix avait commencé par vouloir être Jésuite, mais il dut quitter la Compagnie pour raison de santé. Sa carrière canonique débuta tardivement avec son *Traité des questions de théologie et de droit canon qui concernent les conciles provinciaux*, paru en 1850. Menacé par Mgr Sibour, il se rend à Rome en 1851, où il reçoit le 20 décembre un bref de Pie IX le félicitant de son ouvrage. Le 1er avril 1854, Pie IX lui fit encore décerner par l'Université romaine le diplôme *honoris causa* de docteur *in utroque jure*. Or d'après le P. d'Alzon, l'abbé Bouix aurait quitté Rome, ce qu'il fit au début de 1855, dans une certaine disgrâce. Pie IX lui-même devait en dire le motif au P. d'Alzon le 30 mai 1855 (*Lettre* 510). Informé du fait, le P. Gaultier en écrivit au P. d'Alzon, le 2 août 1855, pour s'en assurer. D'après cette lettre, l'abbé Bouix n'aurait pas introduit quelques corrections exigées de lui dans son *Tractatus de judiciis ecclesiasticis.* Il donna satisfaction et reçut une lettre de félicitations de Mgr Fiaramonti, comme l'apprend du Lac au P. d'Alzon, le 28 novembre 1855.
5. <>.
Dans le rapport lu devant Mgr de Ségur, en octobre 1862, les Religieuses de l'Assomption ra content comment, dès 1853, elles organisèrent dans leur pensionnat de Paris des secours en nature et en argent pour les enfants protestants, dont s'occupait le P. d'Alzon. En l'année 1854, les pensionnaires avaient déjà recueilli 200 francs, somme qui correspond à peu près à celle que leur devait Mme Réveilhe (*Bulletin de l'Association catholique de Saint-François de Sales,* Paris, 1862, pp. 254 259).