Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.513

10 jan 1855 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

A propos d’une épreuve dans la famille d’Everlange. – L’affaire des actions de M. de Franchessin. Les études du Fr. Marie-Joseph. – La nomination éventuelle au siège de Nîmes. – Les Jésuites compromis dans le royaume de Naples. – Diverses nouvelles.

Informations générales
  • T1-513
  • 471
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.513
  • Orig. ms. ACR, AD 979; D'A., T.D. 21, n. 275, p.158
Informations détaillées
  • 1 ABSOLUTISME
    1 ACTIONS
    1 AUTORITE PAPALE
    1 CHOIX
    1 EMOTIONS
    1 ETUDES ECCLESIASTIQUES
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 IMMACULEE CONCEPTION
    1 MONARCHIE
    1 PAROISSE
    1 PATRONAGES
    1 PENSIONS
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 PETITS SEMINAIRES
    1 POSTULAT
    1 PREDICATION
    1 PROGRAMME SCOLAIRE
    1 PROTESTANTISME
    1 PUBLICATIONS
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SPOLIATEURS
    1 SUPERIEUR ECCLESIASTIQUE
    1 SYMPTOMES
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 VOCATION
    2 ALMEIDA, MADAME D'
    2 AUBERT, ROGER
    2 BAUDRY, CHARLES-THEODORE
    2 BOSSUET
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CHASTEL, M.-ANGE
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 DONEY, JEAN-MARIE
    2 DUFETRE, DOMINIQUE
    2 EVERLANGE, LEON D'
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
    2 FILIPPI, LUIGI
    2 FORTOUL, HIPPOLYTE
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 GASTEBOIS, MADAME DE
    2 GAUME, JEAN-JOSEPH
    2 GEORGES-MASSONNAIS, JEAN-BAPTISTE
    2 GINOULHIAC, JACQUES-MARIE-ACHILLE
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 JELOWICKI, ALEXANDRE
    2 LA BOUILLERIE, FRANCOIS DE
    2 LANNURIEN, LOUIS DE
    2 LEGUIN, ABBE
    2 LEVY, MARIE-JOSEPH
    2 MARTIN, JEAN-ETIENNE
    2 PIE IX
    2 POUJOULAT, JEAN-JOSEPH
    2 SEGUR, GASTON DE
    2 THAYER, MADAME EDOUARD
    2 TURGOT, LOUIS-FELIX DE
    2 VATON, A.
    3 BERGERAC
    3 CARCASSONNE
    3 ESPAGNE
    3 GRENOBLE
    3 ITALIE
    3 LOS SANTOS
    3 MADRID
    3 MONTAUBAN
    3 MONTPELLIER
    3 NAPLES
    3 NIMES
    3 PERIGUEUX
    3 PIEMONT
    3 REIMS
    3 ROME
    3 SARLAT-LA-CANEDA
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 10 janvier 1855.
  • 10 jan 1855
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Je me sers de la plume d’une des personnes que j’aurais bien envie de vous faire connaître[1], qui veut bien me rendre le service d’être mon secrétaire, dans l’impossibilité où je me trouve d’écrire longtemps sans une grande fatigue. Je veux aujourd’hui revenir sur bien des choses que j’ai oubliées depuis quelque temps. Et d’abord, vous ai-je chargée de dire à Soeur Marie-Emmanuel toute la part que j’ai prise à sa douleur? J’ai vu ses deux frères[2]. Emile est bien maigri depuis quelque temps. Peut-être qu’à l’émotion qu’il a éprouvée dans son récent malheur se joint la fatigue de plusieurs jubilés, qu’il prêche avec beaucoup de succès[3]. Evidemment il n’est pas fait pour la vie de paroisse, et sa soeur pourrait profiter de la circonstance douloureuse où il se trouve pour lui parler de sa vocation.

Vous serez assez bonne aussi, j’espère, pour dire quelque chose de ma part à Mme d’Almeida. La conduite des Portugais envers la fille de son mari me paraît l’opprobre d’une nation. Je prierai de tout mon coeur pour l’affaire de vos actions. On dit que M. de Turgot quitte l’Espagne. Est-ce qu’on ne pourrait pas profiter de son séjour à Madrid, pour pousser l’affaire des mines et celle du mariage de l’infant? Du reste, je connais quelqu’un qui va souvent en Espagne et qui pourrait peut-être prendre à coeur l’affaire de Los Santos. Voulez-vous que je m’en occupe?[4]

Je vous félicite des postulantes que vous recevez. Priez donc le bon Dieu qu’il m’arrive la même fortune. L’idée de M. l’abbé Baudry est excellente au sujet du Frère Marie-Joseph[5]. Si comme je l’espère, je puis disposer de quelques ressources l’an prochain, je l’enverrai à Rome, chez les Polonais ou chez le successeur du P. Lannurien[6].

Mon secrétaire voudra bien me permettre que je ne vous dise rien de ce qui vous regarde personnellement.

Si le P. Jelowicki voit Mme Thayer, veuillez lui dire d’ajouter à la liste[7] le nom de M. l’abbé Martin, curé de Saint-Denis, à Montpellier. L’évêque de Grenoble[8], grand ami de Fortoul[9], le propose pour Carcassonne, et je suis convaincu [que c’est] un des meilleurs choix qu’on peut faire. J’ai prononcé le nom de l’abbé Gaume[10] à l’évêque de Montauban[11], qui est ici; il a fait une grimace dont je ne me rends pas compte. Cependant, ce vénérable protonotaire a été bien accueilli par le Pape, et l’évêque de Montauban va appliquer son plan d’études au petit séminaire de Sarlat[12]. Il paraît que ce système fait d’assez grand progrès en Italie et surtout dans le royaume de Naples[13], d’où les Jésuites viennent d’être chassés de presque partout. Ils n’ont pu se tirer d’affaire qu’en déposant entre les mains de la police napolitaine une déclaration, par laquelle ils affirment ne reconnaître de vrai gouvernement que le gouvernement monarchique et absolu. Le Pape a fait venir le provincial de Naples et lui lava vigoureusement la tête pour avoir fait une pareille déclaration. C’est, du moins, ce qu’il a dit à l’évêque de Montauban. Les évêques, leurs amis, leur ont fait les plus vives remontrances sur la conduite du P. Chastel, qui les compromet, avec leurs véritables amis dans l’épiscopat[14].

J’approuve tout à fait le choix de Mme de Gastebois[15]. Veuillez lui dire que je ne lui écris pas, uniquement pour ménager ma tête, et que son livre m’a fait le plus grand bien et que je suis tout à fait de l’avis du P. Mariste.

Veuillez dire à M. Poujoulat que j’ai fait écrire à Vaton des détails qui lui prouveront que je m’occupe très activement de son livre[16]. L’archevêque de Reims[17] s’occupe très activement de votre approbation, à ce que m’assure l’abbé Leguin. Je suis tout à fait de l’avis de la Bouillerie au sujet du patronage des petites filles de Chaillot[18]. Quant aux moyens d’exécution, vous comprenez qu’il faut être sur les lieux pour les discuter, et j’aime mieux m’en rapporter à vous.

La personne qui vous écrit est une tertiaire, qui s’est chargée des petites protestantes; elle va en avoir huit sur les bras. Je charge Soeur Marie-Emmanuel[19] de vous dire tous les défauts de Mlle Juliette Combié.

Adieu, ma chère fille. Je ne permets pas à ma secrétaire de relire, parce que je suis pressé d’aller voir l’évêque de Montauban[20].

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
16. *Lettres sur Bossuet*. Un compte rendu avait déjà paru dans la *Revue de l'enseignement chrétien* en octobre 1854.1. Juliette Combié.
2. Il s'agit de Soeur M.-Emmanuel d'Everlange, dont l'un des frères, Emile, était prêtre, tertiaire de l'Assomption, et curé d'abord de la paroisse de Cabrières, et depuis 1853, de celle de Milhau, en plein milieu protestant. <>. (EA 30).
3. Jubilé accordé à l'occasion de la proclamation du dogme de l'Immaculée- Conception, le 8 décembre 1854. Ces manifestations religieuses furent pour beaucoup dans le développement de la dévotion mariale au XIXe siècle.
4. Actions laissées à la mort de M. de Franchessin, oncle de Mère M.-Eugénie.
5. Ayant reçu M. Baudry, de Saint-Sulpice, Mère M.-Eugénie avait émis l'idée de payer au Fr. M.-Joseph sa pension dans un séminaire pour lui permettre <>, écrivait-elle le 2 janvier.
6. Louis Baruzer de Lannurien, religieux du Saint-Esprit, avait été chargé d'établir à Rome le Séminaire français, aidé en cela par Mgr de Ségur. Après avoir songé au rectorat de Saint-Nicolas des Lorrains, en février 1853, il loua en avril, l'ancien Collège des Irlandais, *via degli Ibernesi.* Les développements du Séminaire français furent si rapides qu'il fallut bientôt songer à un autre local. Lorsqu'il s'installa, en 1856, à son emplacement actuel, *via Santa Chiara,* le P. Lannurien était mort, enlevé par le choléra le 6 septembre 1854.
7. Liste de noms pour la nomination éventuelle d'un évêque à Nîmes, étant donné l'état de santé fort précaire de Mgr Cart.
8. Jacques-Marie-Achille Ginouilhac (1806-1875), nommé évêque de Grenoble, le 9 décembre 1852, et archevêque de Lyon, le 2 mars 1870.
9. Ministre de l'Instruction publique et des Cultes.
10. Auteur du *Ver rongeur* et promoteur de la querelle des classiques, l'abbé Gaume avait été nommé par Pie IX protonotaire apostolique en 1854. Ce geste pontifical désavouait la conduite de Mgr Dufêtre vis-à-vis de l'abbé Gaume, dont il ne qualifiait pas pour autant les idées.
11. Mgr Doney.
12. Sarlat étant dans le diocèse de Périgueux, et le petit séminaire de ce diocèse se trouvant à Bergerac, malgré ce qui est dit ici, peut-être faudrait- il corriger, en relation avec la correspondance de l'abbé Gaume: <>.* (ACR, fond Gaume).
13. Les lettres reçues par l'abbé Gaume d'Italie, notamment de Mgr Filippi, évêque d'Aquila, confirment cette assertion (ACR, fond Gaume).
14. Parlant des débuts de la laïcisation en Italie, dans son *Pontificat de Pie IX,* R. Aubert écrit: <> (*op. cit.,* p. 74-75). Par contre, l'anticléricalisme s'affirme dans le Piémont et le 22 mai 1855 sera votée la fameuse <>.
15. Comme prieure du Tiers-Ordre.
17. Le cardinal Gousset.
18. M. de la Bouillerie, en passe de devenir l'évêque de Carcassonne, était le supérieur ecclésiastique des Religieuses de l'Assomption. Il avait organisé, le 21 novembre 1854, un groupe d'enfants de Marie. Le Tiers-Ordre s'occupait d'un patronage.
19. Sr. M.-Emmanuel (d'Everlange) était originaire de Nîmes.
20. Ce paragraphe et la signature sont de la main du P. d'Alzon.