Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.518

5 feb 1855 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Diverses nouvelles et affaires – La situation de Clichy. – Son jugement sur les Constitutions.

Informations générales
  • T1-518
  • 475
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.518
  • Orig. ms. ACR, AD 984; D'A., T.D. 21, n. 280, p. 161.
Informations détaillées
  • 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 APOSTOLICITE
    1 CLERGE LATIN
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 CONSTITUTIONS DE 1855
    1 NONCE
    1 PRUDENCE
    1 SOCIALISME ADVERSAIRE
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 VOCATION SACERDOTALE
    2 BAUDRY, CHARLES-THEODORE
    2 CARRIERE, JOSEPH
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 CRESUS
    2 DIOGENE
    2 LA BOUILLERIE, FRANCOIS DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LEVY, MARIE-JOSEPH
    2 MILLERET, LOUIS
    2 MORANGE, MADAME DE
    2 PELERIN, PAUL DE
    2 PERNET, ETIENNE
    2 SACCONI, CARLO
    3 CARCASSONNE
    3 MARSEILLE
    3 NIMES
    3 ROME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 5 février 1855.
  • 5 feb 1855
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Il faut parler ou faire parler au nonce, mais avec prudence, la preuve du fait ne pouvant se donner que très difficilement[1]. Outre les 40.000 francs, vous en trouverez encore 20.000; ils sont promis. Si vous pouvez donner un peu de vie au P. Laurent, vous ferez bien[2].

Je félicite l’abbé de la Bouillerie d’être content de Carcassonne. C’est un pays, où le socialisme a fait d’affreux progrès, et je suis étonné qu’on lui fait un si bel éloge du clergé[3]. Le Fr. Marie-Joseph vous portera nos Constitutions. On y voudrait, dit-on, plus d’esprit d’humilité. Qu’en pensez-vous?[4].

Je compte partir pour Rome le second lundi de carême[5]. Ainsi vous pouvez tenir vos affaires prêtes pour ce moment. Je n’ai jamais entendu parler de Mme de Morange[6], mais je prendrai des renseignements. M. de Pèlerin est un esprit un peu embrouillé, qui aime beaucoup l’Assomption, mais il ne faut pas tout lui dire[7].

Je ferai tous mes efforts pour me mettre bien avec M. Baudry. Je suis sûr qu’il va fort mal avec M. Carrière, mais cette affaire voudrait une très grande prudence. Voyez si vous voulez l’entreprendre[8].

J’ai dû, hier, annoncer à des parents très chrétiens que leur fils voulait se faire prêtre. Je suis sûr qu’il sera un jour assomptioniste, et si ma prévision se réalise, il entraînera bien une douzaine de jeunes gens avec lui.

Adieu, ma chère fille. Je vais un peu mieux aujourd’hui et j’ai préféré dicter par prudence[9].

Mlle Combié, qui me sert de secrétaire, vous arrive au grand galop. Ce serait une précieuse acquisition. Dans tous les cas, ce sera un pilier du Tiers-Ordre vivant en communauté.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dans sa lettre du 31 janvier, Mère M.-Eugénie écrivait: <<Croiriez-vous qu'à propos de nomination d'évêques, que j'entends mettre à l'ordre du jour, il m'est venu un scrupule fort extravagant. Je vais l'enfermer dans un papier cacheté, que vous brûlerez, en me répondant: <>, ou <>.
2. Au début de l'année le P. Laurent s'inquiétait du silence du P. d'Alzon. Est-ce, peut-être, parce que lui-même n'écrit pas? Le 15 janvier, le Fr. M.-Joseph tente de faire le point sur les personnes et la marche de la maison. Il commence par les religieux les plus engagés dans l'oeuvre:
<<Père Laurent écrit-il, se désole quand il pense qu'il ne peut seulement pas écrire à son supérieur. Recevoir les parents qui ont de plus en plus confiance en lui; faire les réponses aux lettres qu'il reçoit; tenir les livres et régler la dépense; et puis... le dirais-je... *attendre les recettes;* diriger les études; confesser des personnes étrangères, les Soeurs de l'Assomption et leurs élèves, les élèves de la maison; donner des ordres aux domestiques; etc..; dire son office, sa messe, faire son oraison, réciter son chapelet, préparer des sermons; être pardessus tout cela sans cesse souffrant et ne mangeant à peine qu'une fois par jour [...]. <<Père Pernet prie, travaille, souffre, et je crois que la Trinité *se met en quatre* pour en faire un saint. Le jour, il fait l'étude; pendant les classes il va faire les commandes chez les fournisseurs. La nuit, il prie dans son dortoir et se couche fort tard pour se lever bien matin pour prier de nouveau; il veille souvent lorsqu'il a des comptes à régler, des factures à faire; tout cela pour éviter d'écraser le Père Laurent qui n'en peut plus.
<>.
La lettre se poursuit en parlant de l'esprit des élèves et des professeurs, qui est bon, et de l'esprit des religieux, <>, et en vient à la situation matérielle; <>.
Le tableau est peut-être forcé. Mais le P. Laurent, avec autant de réalisme, affirme, le 3 février, qu'après les paiements de janvier, opérés sur les versements anticipés des pensions du second trimestre, il n'a plus que <>. A ses yeux, il n'est qu'une solution: augmenter le nombre des élèves, et pour cela, bâtir un dortoir!
3. <>.
4. Le 12 février, Mère M.-Eugénie répond: <>.
La critique porte sur les 2 premiers chapitres de la *Règle de l'Assomption.* Le 17 février, la Mère complète son jugement sur le reste: <>.
5. C'est-à-dire le 5 mars.
6. Personne d'origine créole, ayant habité Marseille, et dont la fille de son second mariage était proposée au frère de Mère M.-Eugénie, Louis.
7. Paul de Pèlerin (1831-1905), ancien élève de l'Assomption (1848-1850) faisait à Paris ses études de droit en s'occupant de la Conférence de Saint-Vincent de-Paul de Saint-Nicolas du Chardonnet. Il demeura toute sa vie attaché au collège de Nîmes et aux oeuvres de l'Assomption.
8. Mère M.-Eugénie espérait pouvoir orienter vers l'Assomption l'un ou l'autre des quatre prêtres ou diacres suivis par l'abbé Baudry, de Saint- Sulpice.
9. La lettre est de la main de Juliette Combié, à l'exception de la signature et du dernier paragraphe, de la main du P. d'Alzon.
10. On peut voir ici l'une des premières amorces de la future association des Adoratrices, ou Tiers-Ordre renforcé, fondée le 31 mai 1857, dont la règle (*Lettre* 520, note 1) prévoira la possibilité de vivre en communauté.