Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.528

8 mar 1855 Nîmes, LECOURTIER Abbé

Il tient à donner des explications sur des propos qui lui sont imputés. – Le clergé de Nîmes est nettement ultramontain. – On ne peut en accepter le siège sans en tenir compte.

Informations générales
  • T1-528
  • 485
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.528
  • Minute. ACR, AO 67; D'A., T.D. 39, pp. 302-303.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLICITE
    1 CLERGE NIMOIS
    1 DOCTRINES ROMAINES
    1 EPREUVES
    1 EVECHES
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 GOUVERNEMENT
    1 PAROISSE
    1 PREDICATION
    1 PROVIDENCE
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 ULTRAMONTANISME
    2 ALLOU, AUGUSTE
    2 CARRIERE, JOSEPH
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 DUQUESNAY, ALFRED
    2 FORTOUL, HIPPOLYTE
    2 GAUME, JEAN-JOSEPH
    2 HAMON, ANDRE
    2 LECOURTIER, FRANCOIS
    2 SEGUR, GASTON DE
    2 VAILLANT, JEAN-BAPTISTE
    3 MANS, LE
    3 MONTPELLIER, EVECHE
    3 NIMES
  • A MONSIEUR L'ABBE LECOURTIER
  • LECOURTIER Abbé
  • le 8 mars 1855.
  • 8 mar 1855
  • Nîmes,
La lettre

Monsieur le curé[1],

Quoique souffrant en ce moment, je me hâte de répondre à la lettre que vous me faites l’honneur de m’écrire. J’ai à vous offrir quelques explications.

1° Je ne me rappelle pas avoir jamais eu occasion de parler de vous avec M. l’abbé Duquesnay.

2° J’ai pendant très longtemps entendu apprécier votre caractère, vos vertus à l’égal de votre talent pour les prédications de paroisses, et vous savez que ce n’est pas peu dire.

3° Je ne me suis permis de parler de vous qu’à une époque assez rapprochée, où l’on m’a annoncé que si Dieu disposait du saint évêque de Nîmes, on pourrait vous nommer pour le remplacer. On ajoutait qu’un évêque de France, sur le point de donner sa démission, aurait renoncé à ce projet quand il avait acquis la certitude que le gouvernement vous avait désigné pour successeur. J’ai fait part de ces détails à la personne qui a dû en parler à M. Duquesnay[2].

Mais, je vous avoue, trop de personnes m’ont répété: Vous êtes menacés de M. Lecourtier, pour que, en effet, je n’aie pas fini par prendre votre arrivée possible parmi nous comme une menace à redouter. Je dois vous avouer encore que le clergé de Nîmes marche avec une telle unanimité vers ce qu’on appelait autrefois les idées ultramontaines que l’arrivée d’un évêque, qui ne partagerait pas les principes romains, serait considérée comme une vraie calamité. Permettez-moi d’ajouter qu’on m’a assuré que, sur ces questions, vous n’aviez pas de parti-pris. Je le désirerais beaucoup, si vous deviez un jour devenir évêque de Nîmes.

Enfin, Monsieur le curé, je nie formellement vous avoir traité d’homme léger et d’homme du monde. Si, par mégarde, je me suis servi de ces expressions, ce dont je ne puis me rappeler,je vous en fais mes excuses. Je me rappelle avoir entendu dire, comme un on-dit, que vous aviez eu des motifs de quitter dans le temps les Missions Etrangères.

Si la Providence vous destine au siège de Nîmes et si vous marchez sur les traces de n[otre] s(ain]t évêque, soyez persuadé, Monsieur le curé, que votre épiscopat sera facile, comme aussi il aurait de bien rudes épreuves pour vous, si, avec nos têtes méridionales, vous ne teniez pas compte des principes auxquels nous sommes profondément attachés. Et puisque vous voulez bien tenir à mon opinion, veuillez être persuadé que, pourvu que vous laissiez à chaque particulier la permission de suivre le courant qui entraîne tous les jours plus vers Rome, il vous serait facile de faire ici beaucoup de bien, toujours dans l’hypothèse qui m’a mis dans le cas d’exprimer confidentiellement mon opinion sur votre compte.

Veuillez recevoir mes remerciements pour votre brochure, que je n’ai pas eu le temps de lire pour vous répondre plus tôt, et agréez, Monsieur le curé, l’hommage de mon respect avec lequel je suis, etc.

Signé: D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1.François-Marie-Joseph Lecourtier (1799-1885) était alors curé archiprêtre de Notre-Dame de Paris. Il devait être nommé à l'évêché de Montpellier le 5 juin 1861. Son gallicanisme le contraignit à donner plus ou moins volontairement sa démission au mois d'août 1873. Transféré à l'archevêché titulaire de Sébaste et membre du chapitre de Saint-Denis, il mourut le 20 août 1885, à l'âge de 85 ans. Sa présence à Montpellier suscita au P. d'Alzon bien des ennuis, dont la privation de pouvoirs dans son diocèse.
2. Nous n'avons pas la lettre de l'abbé Lecourtier. Pour éclairer celle du P. d'Alzon, nous pouvons citer, en sachant que l'abbé Duquesnay était l'aumônier du Tiers-Ordre féminin à Chaillot, ce passage de la lettre de Mère M.-Eugénie, datée du 17 janvier [18]54 (=1855): <>.