Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.594

16 sep 1855 [Paris, COMBIE_JULIETTE

Il pense à son avenir après le départ de sa soeur pour la vie religieuse. – L’oeuvre de Saint François de Sales pourrait être plus importante que celle des petites orphelines. – Son âge n’est pas un obstacle pour une vie de consacrée dans le monde. – Un mot d’amitié à la supérieure des Dames de Saint-Maur, et à ses parents.

Informations générales
  • T1-594
  • 549
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.594
  • Orig. ms. ACR, AM 125; D'A., T.D. 37, n. 15, p. 95.
Informations détaillées
  • 1 ASSOCIATION D'ELEVES
    1 CROIX DU CHRETIEN
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 ENGAGEMENT TEMPOREL DES LAICS
    1 JEUNESSE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 OEUVRES DIVERSES
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 SOUFFRANCE SUBIE
    2 CHALVET, SAINTE-HELENE SOEUR
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    3 LYON
    3 PARIS
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le] 16 [septembre 18]55. au soir
  • 16 sep 1855
  • [Paris,
La lettre

Ma névralgie me laisse un peu de calme, et je reviens à vous, ma chère enfant. Cette lettre se croisera avec Louise, entre Paris et Lyon, et vous sera remise au moment où votre soeur nous arrivera. Maintenant, ma fille, que ferez-vous? Que deviendra votre vie? Vous me disiez dans votre dernière lettre que vous vous sentiez mourir à vous-même. C’est bien; mais, mon enfant, le chrétien ne doit mourir que pour revivre. Je prie Dieu de m’éclairer sur tout ce que j’ai à vous dire, car il me semble quelquefois que notre union doit se porter à quelque chose de plus que les petites orphelines. L’oeuvre de Saint-François de Sales me paraît prendre des proportions bien autrement étendues que nous ne l’avions pensé d’abord; et, dans ce cas, peut-être aurez-vous à y faire un peu plus et beaucoup plus que par le passé? Mais fais-je bien de vous parler de ces choses, tandis que vous êtes encore toute brisée par votre séparation? Il me semble que oui. Car, pourquoi Louise vous quitte-t-elle? Pour Notre-Seigneur. Et pour qui voulez-vous vivre? N’est-ce pas pour Notre-Seigneur? Que vous dirai-je mon enfant? Parfois je me figure que Dieu vous veut dans le monde, précisément afin que vous m’y aidiez dans une foule d’oeuvres, où [ni] un prêtre, ni une religieuse ne peuvent agir, et où une personne du monde peut s’avancer sans inconvénient. [[Je suis trop jeune]], me direz-vous. C’est un défaut qui s’en va tous les jours, et il me semble que l’oeuvre de Saint-François peut vous absorber dans une foule de choses, où votre âge ne saurait être un inconvénient.

Quoi qu’il en soit, nous en causerons sous peu, j’espère. Nous nous ferons du bien réciproquement, n’est-ce pas? ma bonne fille, et nous nous sanctifierons en donnant toute notre vie à Dieu. Rappelez-moi au souvenir de toute l’association des anciennes élèves. Je pense bien un peu comme vous sur ce qui pourra manquer à la bonne Mme Sainte-Hélène[1], mais ce n’est pas précisément ma faute.

Adieu, ma chère fille. Croyez à tout le désir que j’ai de porter avec vous votre croix et de vous aider à rendre méritoire votre douleur, qui,j’en suis sûr, vous rouvre d’autres blessures.

Veuillez dire à vos parents que, tous ces jours-ci, je pense bien à eux et que je prie bien pour eux.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La supérieure des Dames de Saint-Maur, à Nîmes.