Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.608

21 oct 1855 Nîmes, ALBARET Madame

Lettre de condoléances à une mère (sa cousine) pour un fils tué à Sébastopol.

Informations générales
  • T1-608
  • 562
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.608
  • Cop. ms. du P. Thomas Darbois. - AN 131; D'A., T.D. 39, p. 45.
Informations détaillées
  • 1 CHRETIEN
    1 CRUCIFIEMENT DE L'AME
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 FETE DE LA NATIVITE DE MARIE
    1 FOI
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 MERE DE DIEU
    1 MERE DE FAMILLE
    1 MORT
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SYMPATHIE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    2 ALBARET, EDOUARD
    2 ALBARET, MADAME CLEMENT
    2 RODIER, MADAME JEAN-ANTOINE
    3 CRIMEE
    3 SEBASTOPOL
  • A MADAME ALBARET
  • ALBARET Madame
  • 21 oct[obre 18]55.
  • 21 oct 1855
  • Nîmes,
La lettre

Je viens d’apprendre, ma chère cousine[1], la perte affreuse que Dieu vous a imposée. Permettez-moi de vous dire et la part que j’y prends, et la pensée qui m’est venue en songeant que votre sacrifice s’était consommé le jour de la Nativité de la Sainte Vierge. Vous avez, j’en suis sûr, déjà été frappée de cette date. Est-ce qu’une mort, qui a sans doute avec elle tout ce qui peut crucifier le coeur d’une mère, mais qui a aussi eu son retentissement au tombeau de Jésus-Christ, ne peut pas porter avec elle son adoucissement? La victoire qui vous a tant coûté a eu son retentissement le plus éclatant à Jérusalem et au Calvaire, et vous voulez que Dieu ne tienne pas compte de ce commencement d’affranchissement du Saint-Sépulcre à ceux qui ont répandu leur sang pour l’obtenir?[2] Pour moi, ma bien chère cousine, je pense qu’une mère aussi chrétienne que vous, et qui ne veut être consolée que par des pensées de foi, doit trouver quelque chose de bon dans sa douleur à penser que, — soit que ceux qui firent la guerre l’aient voulu ou non, — elle a donné ce qu’elle avait de plus précieux pour une cause qui touche si directement la cause de la religion et prépare son triomphe aux lieux où, Notre-Seigneur expirant, donna la Sainte Vierge pour mère à tous les chrétiens.

Quoique encore un peu souffrant, j’ai voulu vous écrire ces quelques mots et vous assurer de ma tendre sympathie à toute cette peine et de mon respectueux attachement.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Au terme de la copie, nous lisons cette mention: *Lettre écrite à Mme Bénonie Rodier, épouse Albaret, à l'occasion de la mort de son fis Edouard, tué à Sébastopol*.
Mme Albaret, née Bénonie Rodier, était fille de Mme Rodier, tante paternelle du P. d'ALzon.
2. Rappelons que la guerre de Crimée avait été motivée en partie par l'affaire des Lieux-Saints où les moines orthodoxes, patronnés par la Russie, pouvaient évincer les moines latins, patronnés par la France. La campagne militaire s'était orientée vers une expédition en Crimée et, après une année incertaine, s'achevait par la prise de Sébastopol; les 5-7 septembre, la ville subit un bombardement général; le 8, les Russes perdent la tour de Malakof qui commande les défenses et se retirent le 9 de la ville en ruines.