Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.617

11 nov 1855 [Nîmes, CLERGE_ET_FIDELES

Prochaine arrivée de Mgr Plantier. – Le souvenir de Mgr Cart doit demeurer présent. – L’accueil du nouvel évêque est un devoir que facilitent les qualités qui le distinguent, dont la science et la bienveillance. – La prière de tous doit obtenir autour de lui l’unité désirée par le divin Maître.

Informations générales
  • T1-617
  • 569
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.617
  • D'après l'*Univers,* 18 nov. 1855; D'A., T.D. 40, pp. 13-15.|Le texte est introduit par ces mots: <>.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 APOSTOLICITE
    1 BON EXEMPLE
    1 CHAIRE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CRAINTE
    1 DEFENSE DES DROITS DE DIEU
    1 DIVIN MAITRE
    1 DOUCEUR
    1 ESPRIT DE L'EGLISE
    1 EVECHES
    1 EVEQUE
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 FAIBLESSES
    1 FAUTE D'HABITUDE
    1 FOI
    1 IDEES DU MONDE
    1 LACHETE
    1 OEUVRES DIVERSES
    1 ORDINATIONS
    1 RENOUVELLEMENT
    1 SAINT-SIEGE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUVENIRS
    1 THEOLOGIE
    1 TRADITION
    1 TRISTESSE PSYCHOLOGIQUE
    1 UNITE DE L'EGLISE
    1 VERTUS DE L'APOTRE
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 LYON
    3 NIMES, DIOCESE
  • AU CLERGE ET AUX FIDELES DU DIOCESE DE NIMES
  • CLERGE_ET_FIDELES
  • le 11 novembre 1855].
  • 11 nov 1855
  • [Nîmes,
La lettre

Mes très chers Frères,

En venant vous annoncer la nouvelle de la prochaine arrivée de Mgr Plantier parmi nous, notre coeur se trouve partagé entre deux sentiments. Il nous est impossible de ne pas jeter un regard de tristesse sur cette période de dix-sept ans, pendant laquelle un évêque orné de toutes les vertus qui font les saints, nous évangélisa avec un coeur si enflammé, nous édifia par une vie si belle et si pure, consolida les oeuvres de son prédécesseur, y en ajouta de nouvelles et couronna les jours les mieux remplis par l’exemple d’une patience presque miraculeuse, au milieu des plus atroces douleurs. Le temps, qui emporte tout, emportera-t-il aussi cette mémoire, et le souvenir de Mgr Cart sera-t-il à jamais effacé parmi nous, parce que nous ne le contemplerons plus sur cette chaire pontificale, couverte, pour quelques jours encore, d’un crêpe funèbre? Nous ne pouvons nous arrêter à une si désolante pensée. Et ne vaut-il pas mieux espérer que, sa journée finie, une partie de la récompense de l’apôtre que nous pleurons sera de revivre dans le successeur que ses prières nous ont valu? Tant qu’il fut sur la terre, il n’avait pu se décider, malgré les plus pressantes sollicitations, à se désigner un successeur. Mais son âme, élevée au pied du trône de Dieu et contemplant d’un regard serein les besoins de son troupeau, n’a-t-elle pas obtenu le pasteur qui convenait le plus aux besoins pressants du diocèse de Nîmes?

S’il nous est permis, nos très chers Frères, de vous indiquer à l’avance les qualités qui caractérisent, nous assure-t-on, ce pasteur nouveau, nous nommerons la douceur et la science. La douceur, cette fleur de la charité, orne toujours avec avantage la couronne pontificale. Mais on a tellement répété qu’elle était indispensable parmi nous, que nous finirions par la redouter comme une faiblesse, si nous n’étions assurés qu’une science évangélique, en accordant tout ce qui est possible aux misères des hommes et aux erreurs des temps présents, sait aussi reconnaître les droits de l’immortelle vérité et les faire respecter comme il convient. La douceur attirera les âmes malades, désarmera les préjugés, et la science, en versant ses flots de lumière, apaisera les désirs de ceux qui cherchent la foi, fortifiera ceux qui la possèdent, comme elle rendra sans excuse les intelligences volontairement aveuglées.

La douceur aura un autre avantage. L’humanité est ainsi faite qu’elle a toujours besoin de réformes, et rien de plus propre que la douceur persévérante pour les lui faire accepter. Mais la douceur ne suffit pas. Pour bien réformer, il faut bien connaître, et la science ecclésiastique est un des plus sûrs garants que toute modification indispensable se fera dans l’esprit de l’Eglise, et de façon à relier toute disposition nouvelle à la chaîne de nos anciennes traditions et au centre de l’unité catholique.

Elevons donc nos mains vers le ciel, nos très chers Frères, pour que ces deux qualités soient aussi, par l’effet de l’onction pontificale, deux vertus chez celui que nous attendons comme notre père. Qu’il soit doux, afin de pouvoir posséder toute la terre qui va lui être donnée en héritage, et qu’à sa voix, pleine de douceur, toute brebis le reconnaisse pour le véritable guide! Qu’il soit savant et que par lui les rayons de la vérité divine resplendissent de tout leur éclat, dissipent toute sombre vapeur et mettent en fuite les ténèbres! Qu’aurions-nous à désirer de plus, si, avec ces deux armes puissantes, il pouvait, à l’aide des plus pacifiques conquêtes, convertir les pécheurs, donner la force aux justes, guider ses prêtres dans les champs de la doctrine, pénétrer parmi ceux qui ne connaissent pas encore ce que c’est qu’un évêque et hâter le moment où, selon l’expression du divin Maître, il n’y aura plus qu’un troupeau et qu’un pasteur.

Mgr Plantier sera sacré dans l’église primatiale de Lyon, le dimanche 18 novembre 1855.

Notes et post-scriptum