Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.618

16 nov 1855 Mireman, PICARD François aa

Directives données au Fr. François Picard, supérieur de la communauté de Rome. – La communauté peut rester à Sainte-Brigitte, vu les avantages de cette résidence. – Le jeune supérieur doit tenir compte des qualités de ses Frères, pour faire la part de leurs défauts. – Sa fermeté ne doit jamais être portée jusqu’à la sévérité.

Informations générales
  • T1-618
  • 570
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.618
  • Orig. ms. ACR OH 151 bis.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AMOUR FRATERNEL
    1 ANIMATION PAR LE SUPERIEUR
    1 BON EXEMPLE
    1 COLERE
    1 COMMUNAUTES ASSOMPTIONNISTES
    1 COMPORTEMENT
    1 CONTRITION
    1 CRITIQUES
    1 DOUCEUR
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 FRANCHISE
    1 JEUNES RELIGIEUX
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MONITIONS
    1 OUBLI DE SOI
    1 PENSEE
    1 PIETE
    1 PROJET D'UNION AVEC LES PERES DE SAINTE-CROIX DU MANS
    1 PROVIDENCE
    1 PRUDENCE
    1 SENSIBILITE
    1 SEVERITE
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VERTUS RELIGIEUSES
    1 VOEU D'OBEISSANCE
    2 ALZON, EMMANUEL D'
    2 BRUN, HENRI
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 DROUELLE, VICTOR
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    2 LEVY, MARIE-JOSEPH
    2 MOREAU, BASILE
    2 PIE IX
    3 MANS, LE
    3 MIREMAN
    3 NIMES
    3 ROME, EGLISE SAINTE-BRIGITTE
    3 SAINT-GERVASY
  • AU FRERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • le 16 novembre 1855.
  • 16 nov 1855
  • Mireman,
La lettre

Cher Frère,

Le Père a reçu vos lettres et il m’a chargé de vous répondre à sa place[1]. De nombreuses occupations et, par suite, un peu de fatigue l’ont empêché de vous écrire lui-même. Je suis tout heureux d’être son secrétaire en pareille circonstance et j’espère que vous serez content de moi. J’ai l’intention de vous donner des détails sur Nîmes, sur Miremand [sic], sur Saint-Gervasy[2], d’où je reviens en ce moment.

Parlons d’abord de votre position à Rome vis-à-vis du bon P. Drouelle et de ses religieux[3]. Le P. d’Alzon est d’avis que vous restiez là jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire jusqu’à son premier voyage à Rome. Le P. Drouelle peut vous rendre bien des services. Et puis la bonté ou plutôt la charité avec laquelle vous avez été reçus ne vous permet guère de chercher si vite à vous caser ailleurs. Posez-vous en religieux fervents; donnez aux Pères Salvatoristes l’exemple de la fidélité à la règle; vous pouvez ainsi faire beaucoup de bien à Sainte-Brigitte. Du reste, au mois de janvier, le P. d’Alzon fera le voyage du Mans et s’entendra pour toutes choses avec le P. Moreau. Avant cette époque, il paraît prudent de ne rien changer à votre position. Qui sait si la Providence n’a pas ménagé toutes choses pour vous débarrasser de toutes préoccupations matérielles et vous laisser la liberté de consacrer plus de temps à l’étude et à la vie religieuse? Sous ce rapport, l’hospitalité qu’on vous donne à Sainte-Brigitte, a pour vous des avantages immenses.

Quant à l’impression produite par votre cohabitation avec les Pères du Mans, ne vous en inquiétez guère. Laissez dire. Si elle est dans l’ordre de la Providence, peu nous importe que quelques personnes la blâment. D’ailleurs le P. d’Alzon est parfaitement au courant de ce que vous lui avez dit, et il n’y attache pas une très grande importance. Il sera peut-être bon de ne pas entrer avec M. l’abbé Chaillot dans la discussion des avantages ou des inconvénients que cette cohabitation présente. Vous ferez bien de vous en tenir à cette réponse générale que le P. d’Alzon règlera tout dans son prochain voyage à Rome.

L’essentiel, mon cher Frère, c’est que votre conduite soit vraiment religieuse, et laissez-moi vous dire en toute simplicité ce que je pense de la maison de Rome[4]. Il est impossible d’avoir de meilleurs éléments pour commencer une oeuvre. Où trouverez-vous plus d’abnégation que dans le Fr. Galabert, un plus grand esprit d’obéissance que dans le Fr. Marie? Et notre bon Ernest, avec ses prétentions quelquefois ridicules, a cependant des qualités bien précieuses dont il vous faut chercher à tirer parti. Ne vous adressez guère à son jugement — je crois qu’il est exposé à en manquer –, mais faites appel à son bon coeur et vous serez toujours compris. On agit très efficacement sur ces natures par la douceur, la prévenance, l’affection. La raideur, les avertissements donnés avec un ton trop sévère les irritent. Croyez-en à l’expérience de celui qui vous écrit ces choses et qui a beaucoup de reproches à se faire à cet endroit. Si vous lui ressembliez par ce mauvais côté, il vous engage à lutter de toutes vos forces contre ce malheureux défaut qui ne peut manquer de paralyser l’action d’un supérieur. Vous me permettrez bien de vous parler avec cette liberté; il me serait du reste impossible de prendre des détours avec vous. Tenez-vous donc en garde, mon cher Frère, contre une fermeté qui, bonne dans son principe, devient un défaut, si elle est portée jusqu’à ce qu’on appelle la sévérité. Demandons à Dieu la bonté, la charité à l’égard de nos frères. Rectorem te posuerunt, noli extolli: esto in illis quasi unus ex ipsis, curam illorum habe[5].

Des occupations imprévues m’empêchent de vous donner les détails que je vous annonçais en commençant. Vous n’y perdrez rien; je vous écrirai dans deux ou trois jours. Votre père, votre soeur et son mari, votre tante et votre grand-père vont bien.

H. BRUN.
Notes et post-scriptum
1. La lettre est écrite par le P. Brun au nom du P. d'Alzon et adressée au Fr. Picard, alors âgé de 24 ans et supérieur de ses Frères, en résidence à Rome pour études. Il avait écrit au P. d'Alzon pour rendre compte de la marche de la petite communauté, les 3, 10 et 13 novembre.
2. Village natal du Fr. François Picard.
3. Le P. Drouelle, religieux de Sainte-Croix, était supérieur de la maison de Sainte-Brigitte et procureur de son supérieur général, le P. Moreau.
Le 3 novembre, le Fr. Picard écrivait: <>.
4. Le 13 novembre 1855, Le Fr. François Picard, jeune supérieur, écrivait de nouveau, après avoir donné le règlement de la journée:<>. - De fait, le Fr. Jourdan, comme le Fr. Lévy, vont éprouver le mal du pays, passée la joie première de la découverte de Rome, de l'audience du Pape et du début des cours.5. Si 32,1.