Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.624

3 dec 1855 [Clichy, AA

Nous ne reproduirons ici que le début et la fin d’un texte dont on retrouvera l’intégralité dans les *Ecrits spirituels,* sous le titre: *Circulaire inédite sur le cérémonial*.
Malgré l’acribie du P. Vailhé qui l’a reproduit dans le *Corpus Causae* (D’A., T.D. 41, pp. 59-62), et du P. Sage qui l’a édité dans les *Ecrits spirituels* (pp. 298-301), nous croyons pouvoir dire que ce texte n’est pas du P. d’Alzon.
Une *circulaire,* adressée à tous les religieux avec obligation faite à chacun d’en prendre copie, ne peut passer inaperçue. Or, ni les religieux de Nîmes, ni ceux de Clichy, ni ceux de Rome n’accusent réception ou ne parlent d’un tel document, qui aurait été, de la plume du P. d’Alzon, le premier du genre. Jusqu’au P. Emmanuel Bailly, on ignore à l’Assomption cette circulaire: elle ne figure pas dans la compilation des circulaires du P. d’Alzon, éditées en 1912.
Il ne fait pas de doute que l’écriture du manuscrit est de la main du Fr. Cusse, revenu à l’Assomption, après sept ans d’absence, et alors novice, pour les deux parties d’un même texte: d’abord une *circulaire* (de présentation), puis un exposé des *bases du cérémonial assomptioniste*. Le style de la circulaire a une saveur voulue de charte médiévale dans ses formules et son articulation.
Il est vrai qu’un auteur peut faire sien un texte rédigé sous sa dictée, et même un texte élaboré par un autre en son nom. Encore faudrait-il qu’il soit présenté, publié et reconnu comme tel, en matière de législation particulièrement.
Nous n’avons pas les lettres du P. d’Alzon adressées au Fr. Cusse: mais les lettres que celui-ci adresse au P. d’Alzon, vers la fin de 1855, nous invitent à considérer le manuscrit de cette circulaire non pas comme <>, mais seulement comme *l’ébauche autographe du Fr. Cusse pour une proposition de texte.*
Le 15 novembre le Fr. Cusse écrit au P. d’Alzon: <>.
Le 3 décembre, il écrit de nouveau: <>. Puis il ajoute, en faisant allusion au mot de Pie IX adressé au Fr. Picard: <>.
Enfin, le 27 décembre, après avoir parlé <>, le Fr. Cusse rappelle au P. d’Alzon qu’<>. Sept ans bientôt se sont écoulés; une séparation plus complète et qui semblait définitive s’est opérée. Et cependant me voilà, et les Constitutions ne sont pas achevées, et vous m’avez confié le soin de travailler à une partie>>. Le Fr. Cusse avait donc reçu mandat du P. d’Alzon pour élaborer le cérémonial qui manquait aux Constitutions. Et c’est bien les principes et les bases d’un tel livre, qu’il avait rédigés, le 3 décembre, et envoyés au P. d’Alzon peu après. En effet, à la fin de la même lettre, il écrit encore: <>.
Ce qu’il avait envoyé, c’était à la fois un projet de *circulaire,* que le P. d’Alzon daterait et signe rait au jour de sa publication, et les *bases du cérémonial assomptioniste*: un document en 2 parties, qui devait être publié <>, avec obligation <> et <>. Si donc, le 27 décembre, le Fr. Cusse réclame un travail, c’est que le P. d’Alzon n’en a pas donné communication à ses religieux et qu’il ne l’a pas fait sien.
Donc, il n’y a pas là <> à dater de 1855, ni même le texte du <>, mais seulement les principes et les bases posés pour un tel travail par un religieux qui se prévalait de <> (lettre du 23 décembre) et qui désirait voir se transformer <> (lettre du 4 février 1856), grâce à l’introduction <> (lettre du 3 décembre 1855), dans le cadre intangible d’un <>.
En effet, voici ce qu’il écrira au P. d’Alzon, le 1er août 1856, lorsqu’il verra que le Fr. Galabert, attaché au même travail, ne le rejoint pas dans la même uniformité:>>Je crois qu’un cérémonial monastique doit être sévère; rien de plus que ce qui est *strictement ordonné,* mais rien de moins. En fait de liturgie, je ne connais d’autorités que les rubriques prises à la lettre (voir les bulles qui les précèdent), et les décisions prescriptives de la Congrégation des rites. Les usages, louables ou non que la Congrégation tolère ou approuve dans telle ou telle Eglise, ne nous regardent pas. Nous ne sommes pas encore nés; nous ne saurions donc avoir d’autres usages que ceux qui sont *absolument conformes* aux saintes règles>>. Et il ajoute:<>.
Dans ces conditions, il est évident que l’élaboration du cérémonial de l’Assomption n’avancera guère.
En récusant l’authenticité de ce texte, nous ne récusons pas pour autant la volonté du P. d’Alzon de donner à l’Assomption un cérémonial qui s’inspire de la prière liturgique de l’Eglise et de la grande tradition religieuse. Lui-même s’expliquera sur les <> qu’il voudrait pour l’Assomption. (*Lettre* 666).

Informations générales
  • T1-624
  • 574
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.624
  • Orig.ms. CP 50; D'A., T.D. 41, pp. 59-62.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CIRCULAIRES DU PERE D'ALZON
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONSTITUTIONS DE 1855
    1 COUTUMIER
    1 ESPRIT MONASTIQUE
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 FORMES MONASTIQUES DES ASSOMPTIONNISTES
    1 INSTRUCTIONS AUX CHAPITRES
    1 LACHETE
    1 LITURGIE ROMAINE
    1 LIVRES LITURGIQUES
    1 MANQUEMENTS A LA REGLE
    1 PRIERES PUBLIQUES
    1 REGLE DE SAINT-AUGUSTIN
    1 REGLE DE SAINT-BASILE
    1 REGLE DE SAINT-BENOIT
    1 REGLE DE SAINT-FRANCOIS
    1 REGLES LITURGIQUES
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 SUPERIEUR GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOEU D'OBEISSANCE
    2 ALZON, EMMANUEL D'
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BASILE, SAINT
    2 BENOIT, SAINT
    2 COLOMBAN, SAINT
    2 CUSSE, RENE
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 SAGE, ATHANASE
    2 VAILHE, SIMEON
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 NIMES
    3 ROME
  • AUX AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
  • AA
  • le 3 décembre 1855 vers].
  • 3 dec 1855
  • [Clichy,
La lettre

Circulaire du T.R.P. Supérieur général des Augustins de l’Assomption, au sujet du cérémonial[2].

Fr[ère] Emmanuel d’Alzon, Supérieur général des Augustins de l’Assomption, aux Pères et aux Frères de notre Congrégation, salut[3].

L’obligation de la prière et surtout de la prière publique est bien certainement ce qu’il y a de plus excellent dans la vie religieuse; aussi voyons-nous presque toutes les règles monastiques entrer dans des détails très minutieux a cet égard[4].

La nôtre présente encore une lacune fâcheuse a ce sujet. C’est pourquoi, afin de ne pas laisser les abus s’enraciner parmi nous, parce qu’il serait plus tard fort difficile de les détruire, nous avons résolu de vous tracer dès a présent quelques règles générales destinées à servir de base à notre futur cérémonial. Et comme, d’après le treizième chapitre de nos Constitutions, nous sommes tenus de suivre le rite romain[5], c’est sur les livres liturgiques de la Sainte Eglise Romaine, mère et maîtresse de toutes les autres, que seront basées nos prescriptions; Cependant, comme nous ne pouvons pas oublier que nous sommes des moines[6], vous ne devrez pas vous étonner de trouver quelques règles qui sont, non pas contre les rubriques, il n’y en a pas une, mais un peu en dehors d’elles. Ces prescriptions ont pour but de faire pénétrer parmi nous l’esprit monastique que nous sommes loin de posséder encore à un degré convenable[….][7].

Et afin que personne ne les ignore[8], nous commandons en vertu de la sainte obéissance à tous les supérieurs locaux de convoquer immédiatement leurs chapitres pour en faire publiquement la lecture et en prescrire l’exécution. Nous vous ordonnons, en outre, d’en prendre chacun une copie entière dans le délai de huit jours. Les supérieurs locaux, comme tous les religieux, pourront nous envoyer leurs observations, s’ils en ont à faire; mais tant que nous n’aurons rien réglé de nouveau, on devra observer ce que nous avons établi dès aujourd’hui.

Quant aux points qui ne sont pas traités dans les règles que nous vous adressons, nous ordonnons que chaque maison suivra ses usages, sans se permettre aucune innovation, quand même le supérieur local y consentirait[9].

Fait en notre couvent de l’Assomption de l’Immaculée Vierge Marie, à Nîmes, l’an de Notre-Seigneur 1855, le…jour du mois de…. en la fête de…[10].

Notes et post-scriptum
1. La date est donnée en fonction de la lettre du Fr. Cusse adressée au P. d'Alzon, le 3 décembre 1855.
2. Titre complet du ms, non reproduit dans les *Ecrits spirituels*.
3. Le style <> apparaît de suite avec cette <>. La suscription faisait partie du <>, dans les actes, diplômes ou chartes, du moyen âge.
4. Ce paragraphe correspond au <> du <> lui-même. C'est un exorde où se trouvent exprimées des considérations d'ordre général; après quoi vient>> l'exposé>> où l'on va nous instruire des circonstances et des motifs qui ont précédé et provoqué la présente manifestation de la volonté du Supérieur général.
5. *La Règle de l'Assomption,* au chapitre 13, dit seulement:<>. 6. On retrouve à partir d'ici des idées chères au Fr. Cusse, et communes, au XIXe siècle, dans la vie religieuse. Le vrai religieux était le moine, et le moine était un religieux apostolique.<> (SAGE *La Règle de saint Augustin,* Paris 1969, pp. 85-86).
7. Pour la suite du texte, cf. *Ecrits spirituels,* pp. 298-300.
8. Le style <> se poursuit; nous en sommes au <>, avec ses <>,<> et <>.
9. Là encore, le Fr. Cusse fait passer l'une de ses idées chères: <>, dans <>; <>.
10. Ce dernier paragraphe fait encore partie du style <>: c'est le <> avec ses deux éléments de datation et de validation. Le Fr. Cusse, en avançant la date de 1855, présumait de la volonté du P. d'Alzon; du moins lui a-t-il laissé le soin de valider cette <> par sa signature. Peut-on attribuer au P. d'Alzon, pour le moins, un style aussi conventionnel que celui de ce texte?