Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.628

8 dec 1855 [Nîmes ESCURES Comtesse

Il ne peut approuver le projet de ses amies. – L’oeuvre de Nîmes n’a rien de monastique, mais requiert une unité d’action et, par suite, d’obéissance. – Le choléra serait une bonne occasion pour qu’elle vienne à Nîmes.

Informations générales
  • T1-628
  • 576
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.628
  • Orig. ms. ACR, AN 69; D'A., T.D. 38, n. 69, p. 203.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 EXERCICE DE L'OBEISSANCE
    1 LAICAT
    1 MALADIES
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 PLANS D'ACTION
    1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
    1 UNION DES COEURS
    1 VIE RELIGIEUSE
    2 ALMEIDA, MADAME D'
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le] 8 déc[embre 18]55.
  • 8 dec 1855
  • [Nîmes
  • Mademoiselle
    Mademoiselle de Pélissier
    13 avenue Marbeuf, près les Champs Elysées
    Paris.
La lettre

Ma chère fille,

Avant de me coucher, je veux vous dire la triste impression que fait sur moi la lettre de ces bonnes demoiselles. Cependant, je vais vous répondre, et vous leur pourrez transcrire les lignes suivantes:

[[Ce que je veux, c’est le moyen de faire du bien aux protestants de nos pays. L’oeuvre ne pourra-t-elle pas s’étendre en dehors de Nîmes? Evidemment oui. Mais quand? Dieu seul le sait. C’est le grain de sénevé, Dieu peut le faire pousser. Aurons-nous cette oeuvre quelque chose de monastique? Non, parce qu’on ne suppose pas les personnes du monde qui y prendront part faites pour être religieuses, quoiqu’on pense que la vie religieuse est en soi quelque chose de plus parfait. On veut une certaine unité d’action, et l’expérience prouve tous les jours, par de très nombreux exemples qu’on a sous les yeux, que cette unité ne peut être obtenue que par l’obéissance. J’ai sous moi des hommes parfaitement chrétiens, dont je tirerais dix fois plus parti, s’ils étaient religieux]][1].

Maintenant, je vous dis à vous que, tant que vos jeunes amies resteront sur leur terrain, il y aura un abîme entre elles et moi. Que je voudrais que la peur du choléra vous attirât ici! Ne pourriez-vous pas faire une fugue, sous le prétexte de cette peur? Il me semble, ma bonne fille, que nous ferions quelque chose ensemble. Que devient Mme d’Almeida? Est-ce que le courage lui manque? Veuillez lui offrir mes hommages les plus humbles et les plus dévoués.

Adieu, mon enfant. Que Dieu vous soutienne et vous fasse toujours avancer en sainteté, comme je le désire tant du fond du coeur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon souhaitait constituer pour l'oeuvre des petites protestantes un Tiers-Ordre régulier, mais non pas une congrégation religieuse, encore moins un ordre monastique. Le noyau de ce Tiers-Ordre régulier serait le groupe des Adoratrices du Saint-Sacrement.