Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.13

25 jan 1856 Montpellier, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Difficultés que lui cause sa famille pour ses embarras d’argent. -Ses regrets de ne pouvoir présider à la prise d’habit.

Informations générales
  • T2-013
  • 610
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.13
  • Orig.ms. ACR, AD 1052; D'A., T.D. 22, n. 348, p. 3.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 EPREUVES
    1 VETURE RELIGIEUSE
    1 VICAIRE GENERAL
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, HENRI D'
    2 BALINCOURT, CHARLES DE
    2 BARAGNON, MADAME AMEDEE
    2 BARAGNON, NUMA-PIERRE
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 DU LIMBERT, HENRI-FRANCOIS
    2 FREDRO, JOSEPH-PROSPER
    2 GASTEBOIS, MADAME DE
    2 MORNY, CHARLES DE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SIBOUR, LEON-FRANCOIS
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 NIMES, DIOCESE
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 25 janvier [18]56.
  • 25 jan 1856
  • Montpellier,
La lettre

Hélas! ma fille, j’ai très fort raison de me préoccuper. On n’a pas pu se servir de vos actions et il a fallu que je puisse obtenir de mon père encore 20,000 francs. Il en faudra 30.000 au mois de juin, et vous voulez que je ne sois pas préoccupé? Cependant, j’y trouve une nouvelle expérience. Ma soeur aînée s’oppose à ce qui me mettrait à flot, et, au moment où j’écrivais ces mots, mon père entre dans ma chambre pour me dire qu’il est fatigué de me fournir de l’argent et qu’il faut que je cède mon établissement aux Jésuites. Or tout cela est une petite combinaison de ma soeur aînée. Je crois que je vais quitter Montpellier. Comme je m’y occupe d’affaires autant qu’ailleurs, malgré les supplications que j’ai faites pour qu’on me laissât en repos, autant [vaut-il] que j’aille là où je pourrai m’en occuper, sans les tiraillements de famille qui énervent plus que toute chose.

Merci de ce que vous avez dit à M. de Morny(1).

Un des plus grands sacrifices que je puisse faire, dans un autre ordre que celui des affaires, était de ne pas présider à la prise d’habit de Soeur M.- Catherine. Mais il faut savoir immoler ces brisements plus délicats du coeur, avec les brisements de ma pauvre tête, afin que, ne nous appuyant sur rien, nous nous appuyions uniquement sur Dieu. Au fait, quand je n’en pourrai plus, je prierai Notre-Seigneur de venir me prendre. Ce sera peut-être le moyen de me délivrer de mes terreurs. Un mal chasse l’autre. Je m’applique à prendre toutes ces épreuves de la manière la plus soumise et la plus sanctifiante.. Je ne réussis pas toujours. Cependant, je suis, il me semble, un peu plus maître de moi.

Adieu, ma fille. Tout à vous du fond du coeur.

E. D’ALZON

Si Mme Baragnon n’est pas partie, gardez le Monasticon augustinianum; j’en aurai plus besoin à Paris qu’à Nîmes(2).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. En décembre 1855, par trois fois, le P. d'Alzon avait demandé à Mère M.- Eugénie de s'informer, à son retour à Paris, sur les raisons qu'on pouvait avoir à s'opposer à sa nomination de vicaire général de Mgr Plantier (cf. *Lettres* 573, 581, 597.
Le 19 janvier, s'étant adressée à l'évêque de Tripoli, elle écrit: "Je ne veux pas oublier de vous dire que, quant à vous, Mgr Sibour croit que c'est par intrigue que l'on a donné à Mgr Plantier des préventions contre vous".
Ayant vu M. de Morny, président du Corps législatif, elle écrit de nouveau, le 23 janvier: "J'ai pu, à propos de notre autorisation, lui parler du cas où vous demanderiez la vôtre, et lui tenir le discours que vous désiriez que je fisse. Il l'a très bien accueilli, m'a dit qu'il parlerait de cela à M. Baragnon et a été tel que vous pouvez, en suite de cette conversation, entrer plus tard en rapport avec lui et lui donner toutes les explications que vous voudrez. J'ai dit les deux choses que vous m'aviez indiquées: votre influence pour chercher à rendre populaire la guerre de Crimée et pour faire nommer le candidat du gouvernement aux dernières élections, et le reproche que vous avaient fait vos amis de briser l'action légitimiste dans le département du Gard. J'ai dit cependant que vous aviez lieu de penser que, dans les employés du pouvoir, il y avait des préventions contre vous, que je ne pouvais me les expliquer que parce que l'on vous reprocherait d'avoir trop de zèle vis-à-vis des protestants, mais que vous étiez prêtre et que c'était ce zèle de prédication et de bonnes oeuvres qui vous rendait, si puissant sur les catholiques; que, ne voulant pas être évêque, vous ne vouliez pas qu'on vous mit des entraves dans les oeuvres auxquelles vous vous dévouez. Je vais charger M. de Balincourt de dire dans le monde à M. de Morny qui vous êtes et quelle est votre influence. Il paraît être bien aise qu'on lui parle de choses qui se rattachent ainsi à son influence politique, plus qu'à son rôle d'homme d'affaires. Il a très bien écouté tout cela. Je suis très contente, mon cher Père, d'avoir pu le lui dire comme je le désirais".
Ces deux conversations rapportées par Mère M.-Eugénie n'éclairent qu'en partie l'opposition mise par le gouvernement à la nomination du P. d'Alzon comme vicaire général de Mgr Plantier. Il y eut aussi une lettre assez réticente du nouvel évêque de Nîmes, adressée au ministre des Cultes, le 12 novembre 1855 (cf. *Lettre* 573, note 4) et aussi une lettre du préfet du Gard, dont témoigne la confidence qu'il fait au préfet de l'Hérault, le 9 juin 1861, à propos du P. d'Alzon "qui se porte comme candidat au Conseil général de l'Hérault pour le 2e canton": "M. d'Alzon est très intelligent et très instruit. Il est un homme du monde et de relations fort agréables. Mais ses opinions sont au plus haut degré légitimistes et ultramontaines. M. d'Alzon est très dangereux; il l'est d'autant plus qu'il est très entraînant, inflexible dans ses principes qu'il cherche à faire triompher par tous les moyens possibles. J'avais transmis ces renseignements au gouvernement à l'occasion de la nomination de M. d'Alzon aux fonctions de vicaire général. Le gouvernement ne crut pas devoir en tenir compte. Il est à désirer qu'on n'ait pas à regretter cette nomination". (*Arch. départ. du Gard.,* 6 M. 735; lettre citée dans *Pages d'Archives*, octobre 1960).1. En décembre 1855, par trois fois, le P. d'Alzon avait demandé à Mère M.-Eugénie de s'informer, à son retour à Paris, sur les raisons qu'on pouvait avoir à s'opposer à sa nomination de vicaire général de Mgr Plantier (cf. *Lettres* 573, 581, 597.
Le 19 janvier, s'étant adressée à l'évêque de Tripoli, elle écrit: "Je ne veux pas oublier de vous dire que, quant à vous, Mgr Sibour croit que c'est par intrigue que l'on a donné à Mgr Plantier des préventions contre vous".
Ayant vu M. de Morny, président du Corps législatif, elle écrit de nouveau, le 23 janvier: "J'ai pu, à propos de notre autorisation, lui parler du cas où vous demanderiez la vôtre, et lui tenir le discours que vous désiriez que je fisse. Il l'a très bien accueilli, m'a dit qu'il parlerait de cela à M. Baragnon et a été tel que vous pouvez, en suite de cette conversation, entrer plus tard en rapport avec lui et lui donner toutes les explications que vous voudrez. J'ai dit les deux choses que vous m'aviez indiquées: votre influence pour chercher à rendre populaire la guerre de Crimée et pour faire nommer le candidat du gouvernement aux dernières élections, et le reproche que vous avaient fait vos amis de briser l'action légitimiste dans le département du Gard. J'ai dit cependant que vous aviez lieu de penser que, dans les employés du pouvoir, il y avait des préventions contre vous, que je ne pouvais me les expliquer que parce que l'on vous reprocherait d'avoir trop de zèle vis-à-vis des protestants, mais que vous étiez prêtre et que c'était ce zèle de prédication et de bonnes oeuvres qui vous rendait, si puissant sur les catholiques; que, ne voulant pas être évêque, vous ne vouliez pas qu'on vous mit des entraves dans les oeuvres auxquelles vous vous dévouez. Je vais charger M. de Balincourt de dire dans le monde à M. de Morny qui vous êtes et quelle est votre influence. Il paraît être bien aise qu'on lui parle de choses qui se rattachent ainsi à son influence politique, plus qu'à son rôle d'homme d'affaires. Il a très bien écouté tout cela. Je suis très contente, mon cher Père, d'avoir pu le lui dire comme je le désirais".
Ces deux conversations rapportées par Mère M.-Eugénie n'éclairent qu'en partie l'opposition mise par le gouvernement à la nomination du P. d'Alzon comme vicaire général de Mgr Plantier. Il y eut aussi une lettre assez réticente du nouvel évêque de Nîmes, adressée au ministre des Cultes, le 12 novembre 1855 (cf. *Lettre* 573, note 4) et aussi une lettre du préfet du Gard, dont témoigne la confidence qu'il fait au préfet de l'Hérault, le 9 juin 1861, à propos du P. d'Alzon "qui se porte comme candidat au Conseil général de l'Hérault pour le 2e canton": "M. d'Alzon est très intelligent et très instruit. Il est un homme du monde et de relations fort agréables. Mais ses opinions sont au plus haut degré légitimistes et ultramontaines. M. d'Alzon est très dangereux; il l'est d'autant plus qu'il est très entraînant, inflexible dans ses principes qu'il cherche à faire triompher par tous les moyens possibles. J'avais transmis ces renseignements au gouvernement à l'occasion de la nomination de M. d'Alzon aux fonctions de vicaire général. Le gouvernement ne crut pas devoir en tenir compte. Il est à désirer qu'on n'ait pas à regretter cette nomination". (*Arch. départ. du Gard.,* 6 M. 735; lettre citée dans *Pages d'Archives*, octobre 1960).
2. Le 23 janvier, Mère M.-Eugénie écrivait: "Mme de Gastebois vous envoie par Mme Baragnon un livre qui vous fera, je crois, bien plaisir, c'est le *Monasticon augustinianum*; M. Fredro l'a trouvé en bouquinant et elle a voulu l'acheter pour vous le donner".