Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.19

3 feb 1856 [Montpellier, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il n’est pas surpris de la lettre de sa mère. -Clichy appartient à la Congrégation. -Il vient de prendre un saint prêtre comme expert et conseiller, -Il accepte ses souffrances. -Ses projets d’aller à Paris sont incertains.

Informations générales
  • T2-019
  • 617
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.19
  • Orig.ms. ACR, AD 1056; D'A., T.D. 22, n. 353, p. 5.
Informations détaillées
  • 1 ACTES DE PROPRIETE
    1 AMES DU PURGATOIRE
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CURES D'EAUX
    1 LITURGIE ROMAINE
    1 MALADIES
    1 NOVICE
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BERTHOMIEU, JOSEPH-AUGUSTIN
    2 DEVES, JUSTIN
    2 LAURENT, CHARLES
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    2 SOULAS, ANDRE
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • vers le 3 février 1856](1).
  • 3 feb 1856
  • [Montpellier,
La lettre

Ma chère fille,

La lettre dont vous a parlé le P. Laurent ne me surprend pas, elle aura même un avantage que je vous expliquerai plus tard(2). Il est très évident que je ne suis pas propriétaire de Clichy, et, supposé que je vienne à mourir, la Congrégation a là un capital indépendant de moi. Je viens de confier la partie de mes affaires, pour lesquelles j’ai besoin de l’aide de ma famille, à l’abbé Berthomieu, un saint prêtre qui a la réputation d’un saint, d’un habile homme d’affaires, et qui est l’associé de M. Soulas pour les bonnes oeuvres. Ma mère, après me l’avoir proposé, commence à ne plus en vouloir, mais c’est égal.

Mon médecin me trouve mieux. Je ne suis pas de son avis; au moins mes nerfs me font horriblement souffrir. Cependant, il me semble que je veux avec bien de l’abandon tout ce que Dieu veut, et comme j’invoque beaucoup ces jours-ci les âmes du purgatoire, je dis sans cesse comme elles: « Je l’ai bien mérité ». Comme plus je l’accepte, plus j’y trouve de profit, je l’accepte de tout mon coeur.

Adieu, ma fille. Je viens de bien prier pour vos novices. Mes projets pour venir sont un peu incertains. Si je puis prendre de très bonne heure une saison d’eaux, à présent que la prise d’habit est faite, peut-être attendrai-je un peu; sinon, j’irai finir le carême à Paris. Vous seriez bien aimable de m’envoyer le mandement de l’archevêque sur la liturgie romaine, dès qu’il aura paru(3).

Notes et post-scriptum
1. La date, *février 56*, a été ajoutée par la destinataire.
2. Le 31 janvier, le P. Laurent écrivait au P. d'Alzon: "Une lettre que votre mère m'a écrite est de nature à devenir pour nous une source d'inquiétude. Elle veut savoir l'état de nos affaires. Je lui ai répondu que la famille n'avait aucun embarras à craindre du côté de Clichy, attendu que tout reposait sur ma tête, et que la propriété répondait, et au-delà, pour votre cautionnement; mais ce qui m'inquiète, c'est qu'il me semble, d'après la lettre de Mme d'Alzon, que votre famille est, entièrement décidée à "*arranger vos affaires, pour vous procurer un repos absolu" [repos absolu, souligné trois fois]. C'est-à-dire qu'elle veut vous tenir indéfiniment loin des vôtres et de vos oeuvres. Ces projets nous paraissent trop cruels, et pour vous, et pour nous. Convaincus que Clichy est la maison de tranquillité pour vous, que là vous jouirez, en outre des soins qui vous seront prodigués avec tout l'amour possible, d'une liberté d'action et de parole qui vous manque complètement à Montpellier, nous vous demandons instamment de nous rendre votre présence, qui, à Clichy, nous suffira seule pour entretenir l'esprit de la Congrégation".
C'est à Mère M.-Eugénie que le P. Laurent a confié de transmettre au P. d'Alzon le contenu de la lettre écrite par sa mère et à l'insu de son fils; le 30 janvier, Mère M.-Eugénie écrit: "Mme votre mère lui demande si vous êtes propriétaire de la maison de Paris, ou si vous avez quelque engagement par rapport à ces affaires. Elle dit que vous avez besoin d'un long repos, que vous souffrez, il est vrai, de ne pas pouvoir suivre vos entreprises, mais que vous êtes dans votre famille à Montpellier pour prendre ce repos, et que c'est un devoir pour elle de s'occuper de vos affaires, puisque vous êtes hors d'état de le faire". Mère M.-Eugénie transmet alors la réponse du P. Laurent et, revenant sur la lettre de Mme d'Alzon, elle ajoute:"Elle pose ces questions si catégoriquement et adjure tellement le P. Laurent de lui dire exactement les choses, qu'il n'a pas cru pouvoir se borner à une réponse vague; d'ailleurs, elle lui dit qu'elle lui écrit pour s'épargner les frais d'un homme d'affaires, laissant voir qu'elle l'enverrait prendre des renseignements plus exacts si elle n'était pas contente de la réponse".
Autrement dit, la famille du P, d'Alzon, inquiète de ses affaires de Nîmes, a peur qu'elles ne soient aggravées par celles de Clichy. Le P. Laurent couvre le P. d'Alzon, mais redoute que sa famille ne le sépare de sa Congrégation. Dans l'immédiat, deux experts seront désignés: M. Devès pour la famille d'Alzon, et l'abbé Berthomieu pour le P. d'Alzon.
3. Mandement de Mgr Sibour, archevêque de Paris.