Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.32

23 feb 1856 [Montpellier, ESCURES Comtesse

Il lui est difficile de donner son avis sur sa consultation.

Informations générales
  • T2-032
  • 635
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.32
  • Orig.ms. ACR, AN 73; D'A., T.D. 38, n. 73, pp. 212-213.
Informations détaillées
  • 1 MARIAGE
    2 ESCURES, GAILLARD D'
    2 VAILHE, SIMEON
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le] 23 [février 1856](1).
  • 23 feb 1856
  • [Montpellier,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle Amélie de Pélissier
    94, rue du Chaillot. Paris.
La lettre

Savez-vous, ma très chère fille, qu’il est très difficile de répondre à votre question? Le bon sens semble dire que vous feriez mieux de vous en tenir au premier parti. Il a une fortune assurée, une position faite, c’est beaucoup; mais aussi son air si glacé, à ce que vous dites, vous rendra malheureuse avant quatre jours. Du moins, je le crains.

Votre nature, étant donné un certain instinct, me dit que vous serez mieux avec le second, d’après la peinture que vous m’en faites; mais cette peinture, est-elle exacte? Vous comprenez qu’il y a de ces nuances délicates qu’avec la meilleure volonté du monde on ne peut pas bien saisir à travers une lettre. Aussi, après avoir tourné et retourné les choses dans ma tête, et aussi dans mon coeur pour en consulter les impressions, puisque vous le voulez, il me semble que vous ferez avec l’orléanais un mariage très raisonnable, mais qui ne sera pas très heureux, moins par sa faute que par l’effet de votre excessive sensibilité; dans le second votre imagination, votre puissance d’aimer seront plus au large. Il y aura peut-être d’autres inconvénients, que d’ici je n’aperçois pas et dont je ne puis prendre la responsabilité. Il m’est impossible d’en dire davantage. Je ne fais pas de comparaison, j’exprime des craintes sur le premier parti, et vous voyez à quel point de vue je me place. Pour préférer le second d’une manière absolue, il me faudrait quelques données qui ne m’eussent pas suffi, venant seulement du contre-amiral L.(2).

Adieu, ma fille. J’ai demandé, il y a trois jours de vos nouvelles à l’Assomption. J’ai suspendu ma correspondance parce que j’ai été souffrant; aujourd’hui, je vais sensiblement mieux.

Voilà une lettre un peu indécise. Mais croyez-vous qu’avec la meilleure volonté du monde je puisse faire d’autres réflexions? Je prie Dieu de tout mon coeur pour vous, bien chère enfant, Ecrivez-moi, je vous en conjure, deux mots pour me dire ce que vous aurez fait. Cette fois, je suis aussi embarrassé que vous.

Encore une fois, adieu, mon enfant

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. La date donnée est celle du cachet de la poste à Montpellier (P. Vailhé). Mais le ms porte le chiffre *23* de la main du P. d'Alzon.
2. Il n'y a pas de quoi tranquilliser une indécise. Des deux partis, on peut au moins identifier "l'orléanais"; il s'agit du comte d'Escures, avec qui se mariera Mlle de Pélissier, le 2 avril prochain, et dont la résidence en province est le château du Gué Robert par Tigy, Loiret.