Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.33

24 feb 1856 [Montpellier, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Elle n’a pas compris sa pensée sur Juliette Combié. -Aucune quête n’est possible ici pour ses étudiants de Rome. -Nouvelles diverses. -Difficultés avec les chanoines de Nîmes.

Informations générales
  • T2-033
  • 636
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.33
  • Orig.ms. ACR, AD 1066; D'A., T.D. 22, n. 362, p. 13.
Informations détaillées
  • 1 AUMONE
    1 CHANOINES
    1 CLERGE NIMOIS
    1 MISSION D'ANGLETERRE
    1 QUETES
    1 VICAIRE GENERAL
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 FALCONNIER, M.-LOUIS
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 LEVY, MARIE-JOSEPH
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 ANGLETERRE
    3 NIMES
    3 ROME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le] dimanche [24 février 1856].
  • 24 feb 1856
  • [Montpellier,
La lettre

Ma chère fille,

Je ferai mon profit de ce que vous me dites de Juliette, quoique je pense que vous n’avez pas bien compris ma pensée sur elle. Je ne redoute chez cette pauvre enfant que ses immenses tristesses qui la privent de son énergie (1).

Il n’y a guère moyen de quêter ici pour nos étudiants de Rome, je quête assez pour d’autres choses, et cette sorte de quête réussirait mal(2). Merci de votre lettre au Frère Marie-Joseph; j’ai dîné, il y a peu de jours, avec le général des Carmes.

Les nouvelles de la visite du card[inal] Gousset m’intéressent beaucoup. Quant à vos affaires d’Angleterre, il me semble qu’un peu de répit ne peut vous faire grand mal. Je n’ai guère envie du jeune homme de M. Falconnier, d’après le portrait que vous en faites(3).

Adieu, ma chère fille. Tout à vous du fond du coeur. Quand vous recevrez cette lettre, je serai à Nîmes, où je donnerai peut-être ma démission de grand vicaire. Les chanoines et l’évêque ont, pendant mon absence, décidé certaines choses sur mon compte qui ne me vont pas. On m’a écrit, hier, que je devais faire ma semaine aujourd’hui. J’ai répondu que je n’étais pas chanoine(4). Mais si l’évêque tient pour ces Messieurs, avec toute la politesse possible et en lui donnant le temps qu’il voudra, je me retirerai. Adieu.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
4. Le P. d'Alzon n'était que chanoine honoraire et l'on n'avait pas à lui imposer les fonctions d'hebdomadier. -Il demandera par le Fr. Galabert à l'abbé Chaillot une étude sur les grands vicaires dans leurs rapports avec les chapitres, et nous avons de sa main une note d'étude à ce sujet (D'A., T.D. 43, p. 102), où il est dit: "Les grands vicaires ne font point partie du Chapitre, et, s'ils sont chanoines, ils doivent se retirer si l'on traite des affaires où l'évêque est pour quelque chose".1. Le 20 février, Mère M.-Eugénie écrivait: "Je veux aussi vous dire que j'ai examiné Juliette pendant ce séjour. Je ne crois pas qu'elle se fasse jamais religieuse. J'y vois beaucoup de difficultés et point d'attrait. Cela étant, êtes-vous sage de l'attirer autant dans votre vie? Quelle place raisonnable et acceptable pour tous y pourra-t-elle tenir à mesure que votre vie sera plus consacrée à votre oeuvre? Les autres hommes admettront-ils ce qui n'aura pas en apparence de raison d'être? Ne lui feriez-vous pas plus de bien en la soutenant dans ses oeuvres, en l'aidant à les bien arranger, en ordonnant sa vie à elle et l'y soutenant d'un bras affectueux, qu'en la prenant dans la vôtre comme un *adjutorium*à vous, vocation singulière à laquelle votre attrait à vous ne suffit pas, mais à laquelle il faut encore une explication donnée par les circonstances extérieures? Je ne me permets de vous dire cela que parce que vous m'avez consulté à cet égard et que je ne sais pas bien si ce que j'ai pu vous dire alors était bien dans ce sens; je n'avais pas bien vu la tendance de vos rapports et il me semble que main tenant que je crois l'apercevoir, elle ne me paraît pas sage, ni même avantageuse pour elle pas plus que pour vous [...] Vous voyez que j'ai toujours mon franc-parler. Pardonnez-le moi".
Le 25 février, elle écrira de nouveau: "Je prends comme vous les tristesses de Juliette; elles font peine et sont difficiles à combattre, parce qu'elles résultent d'un défaut d'harmonie entre le principe d'activité intérieur et les moyens de la produire qui sont chez elle très incomplets. C'est à cause de cela que je pensais qu'elle avait besoin qu'on lui arrangeât ses oeuvres et sa vie".
2. "Fort inquiète de ces bons Pères" de Rome, Mère M.-Eugénie leur avait fait parvenir quelques aumônes rassemblées par ses soins. Elle venait aussi de recevoir, le 20 février, du Fr. Marie-Joseph, "une lettre d'enthousiasme sur Rome", à laquelle elle avait répondu.
3. Il s'agissait d'un "jeune homme qui faisait sa théologie au Saint-Esprit et qui en sort, parce qu'il a une grande répugnance à aller dans les colonies".
4. Le P. d'Alzon n'était que chanoine honoraire et l'on n'avait pas à lui imposer les fonctions d'hebdomadier. -Il demandera par le Fr. Galabert à l'abbé Chaillot une étude sur les grands vicaires dans leurs rapports avec les chapitres, et nous avons de sa main une note d'étude à ce sujet (D'A., T.D. 43, p. 102), où il est dit: "Les grands vicaires ne font point partie du Chapitre, et, s'ils sont chanoines, ils doivent se retirer si l'on traite des affaires où l'évêque est pour quelque chose".