Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.63

15 apr 1856 Montpellier, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Réponses à diverses questions. -Les nouveaux évêques. -Son programme pour le reste de l’année et pour l’établissement du noviciat. -L’union avec le P. Moreau est peu probable et peu désirée. -Il voudrait rester un an au noviciat, à Paris. -Demande au cardinal Gousset.

Informations générales
  • T2-063
  • 662
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.63
  • Orig.ms. ACR, AD 1078; D'A., T.D. 22, n. 374, pp. 23-24.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 AUMONIER
    1 CURES D'EAUX
    1 DOCTRINES ROMAINES
    1 NONCE
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 PROJET D'UNION AVEC LES PERES DE SAINTE-CROIX DU MANS
    1 RESIDENCES
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 VOEUX SIMPLES
    2 BERGANOT, MARIE-BERNARD
    2 BOUDINET, JACQUES
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 DIDIOT, CHARLES-NICOLAS
    2 FORTOUL, HIPPOLYTE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GALTIER, JEAN-FRANCOIS
    2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 JACQUEMET, ANTOINE-MATHIAS
    2 LANDRIOT, JEAN-BAPTISTE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LEVY, MARIE-JOSEPH
    2 MOREAU, BASILE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 ROBINET DE CLERY, FELIX
    2 SIBOUR, LEON-FRANCOIS
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    3 AUTEUIL
    3 PARIS
    3 PERPIGNAN
    3 ROME
    3 TRIPOLI
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 15 avril [18]56.
  • 15 apr 1856
  • Montpellier,
La lettre

Ma chère fille, Je vais répondre article par article à votre lettre.

1° Il faudrait faire observer au nonce, si vous ne l’avez pas encore vu, que l’on m’est extrêmement favorable à Rome(1).

2° M. Galtier est la médiocrité la plus caractérisée que j’aie jamais vue. Il était détesté assez généralement dans le diocèse de Perpignan, quand j’y allais de la part de Mgr Gerbet. Du reste il affectait d’avoir toutes mes doctrines. Qu’est-ce que M. Didiot? L’abbé Boudinet est absolument de la nuance Jacquemet, je le tiens de sa propre bouche(2).

3° Les lettres perdues vous étaient adressées; elles ont été mises à la poste par moi le lundi de Quasimodo, 31 mars, vers 10 h. du matin. L’enveloppe contenait une lettre signée Moreau, une autre signée Picard. Je n’avais mis que quelques mots au dedans de l’enveloppe même(3).

4° J’espère avoir avec moi le jeune de Cléry(4).

5° Voici ce que je voudrais pour le noviciat: arriver vers les premiers jours de juin, puisque le mauvais temps ne me permet pas d’aller prendre les eaux tout de suite; rester à peu près seul, juin et juillet; commencer une retraite d’un mois avec le plus grand nombre de religieux possible, du 15 août au 14 septembre; faire faire les voeux à tous les anciens et partir de là pour ouvrir le noviciat. Les nouveaux trouveraient les usages établis et les suivraient tout doucement.

6° Voici la lettre pour l’archevêque de Paris. Vous voudrez bien la lui faire remettre par l’évêque de Tripoli ou par le P. Laurent. Il paraît que son adhésion est nécessaire à notre approbation. Voyez s’il serait mieux que vous la lui remettiez vous-même. Je m’en rapporte à vous.

7° Le Fr. Marie-Joseph est de retour de Rome, je l’ai vu hier. Nous sommes très bien vus à Rome, à ce qu’il dit. Mais ni le Fr. Picard, ni le Fr. Galabert, ni lui ne pensent que l’union soit possible. Le P. Moreau me répond une lettre un peu raide et où il montre très peu d’intelligence des choses(6). Du reste, c’est un saint qui passe son temps devant le Saint-Sacrement. Nous pourrons avoir pour rien ou presque pour rien à Rome une maison, avec une église, et nous serons chez nous. L’abbé Chaillot se charge de l’affaire(7).

8° Ce que vous me dites de votre santé me peine beaucoup. Je reprends ici toute mon autorité pour vous forcer à vous soigner. J’exige que vous soyez très prudente, entendez-le bien.

9° Je voudrais bien que, pendant un an ou à peu près, je n’eusse pas à sortir du noviciat. Ce serait un excellent moyen de rompre avec mille liens de relations inutiles. Vous pourriez venir à la Thuilerie, sous prétexte de bâtiments, et tout s’arrangerait à merveille.

10° La Mère Bernard est débarrassée de son aumônier, mais je redoute une tempête pour elle, et peut-être n’aura-t-elle que ce qu’elle ou ses Soeurs auront voulu.

11° Le cardinal Gousset voudrait-il me donner une lettre pour Rome? Si cela le fatigue de la faire, je la lui enverrai toute prête. Je ne lui écris pas pour ne pas lui donner l’ennui de me répondre. Tâchez donc de savoir par lui comment me juge le ministre des Cultes?(8).

Adieu, ma fille. Tout vôtre avec le coeur le plus dévoué.

E. D’ALZON

Si vous chargez Mgr de Tripoli de ma lettre, offrez-lui aussi tous mes hommages les plus affectueux.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Ce jour même, Mère M.-Eugénie écrivait au P. d'Alzon le récit de son entrevue, la veille avec le nonce (cf. *Lettre 658*, note 2).
3. Voir lettre du 31 mars 1856(*Lettre 652*).
6. Lettre du 10, citée en note de la lettre du P. d'Alzon du 2 avril.(*Lettre 654*).1. Ce jour même, Mère M.-Eugénie écrivait au P. d'Alzon le récit de son entrevue, la veille avec le nonce (cf. *Lettre 658*, note 2).
2. Il s'agit de 3 nominations épiscopales du 7 avril: Jean-Francois-Augustin Galtier (1799-1858) nommé à Pamiers, rencontré par le P. d'Alzon à Perpignan en janvier 1854; Charles-Nicolas Pierre Didiot (1797-1866) nommé à Bayeux; Jacques-Antoine-Claude-Marie Boudinet (1806-1873) nommé à Amiens, -de même nuance, selon le P. d'Alzon, que Mgr Jacquemet (1803-1869), évêque de Nantes depuis le 6 décembre 1848.
3. Voir lettre du 31 mars 1856(*Lettre 652*).
4. Félix Robinet de Cléry, élève de l'Assomption (1850-1856), qui manifestait alors des désirs de devenir religieux et fit par la suite carrière dans le barreau.
5. L'archevêque de Paris, Mgr Sibour; l'évêque de Tripoli, Mgr Sibour, son cousin et son auxiliaire.
6. Lettre du 10, citée en note de la lettre du P. d'Alzon du 2 avril.(*Lettre 654*).
7. Il s'agissait d'une partie du *palazzo* attenant à *S. Andrea della Valle*, propriété des Théatins et que la Congrégation des Evêques et Réguliers devait évacuée, mais dont les propriétaires exigèrent un loyer de 210 écus annuels, -"dépense exorbitante", écrira le P. Picard, le 30 juin.
8. "Le cardinal Gousset, archevêque de Reims m'a dit, écrira Mère M.-Eugénie, le 18 avril, que, sans le demander, il savait très bien ce que le ministre pouvait avoir contre vous: 1° que vous êtes ultramontain; 2° dévoué à la question des études chrétiennes et opposé aux classiques païens, en faveur desquels M. Fortoul a arboré son drapeau en nommant M. Landriot; 3° vous appartenez à une famille légitimiste. Le cardinal n'est pas avec M. Fortoul dans des termes à lui parler de cela. J'ai dit au cardinal les occasions où vous aviez par conviction rendu des services au gouvernement. A l'occasion, cela lui reviendra".