Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.67

15 apr 1856 Nîmes, SIBOUR Mgr

Demande d’une lettre de créance pour le décret laudatif. -Il a préféré passer par les Congrégations romaines, plutôt que de s’adresser directement au Pape.

Informations générales
  • T2-067
  • 665
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.67
  • Orig.ms. ACR, AP 36; D'A., T.D. 39, p. 161.
Informations détaillées
  • 1 TEXTES OFFICIELS DE LA FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 AMOUR DE L'EGLISE A L'ASSOMPTION
    1 APPROBATION PAR ROME DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 LA BOUILLERIE, FRANCOIS DE
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 ROME
  • A MONSEIGNEUR SIBOUR, ARCHEVEQUE DE PARIS
  • SIBOUR Mgr
  • 15 avril 1856.
  • 15 apr 1856
  • Nîmes,
La lettre

Monseigneur,

Permettez-moi de rappeler à Votre Grandeur que lorsque je lui exprimai, il y a quelques années, l’intention de former une petite Congrégation, vous voulûtes bien me promettre appui et encouragement. Je viens vous prier de tenir cette promesse et de m’accorder une lettre nécessaire à l’approbation canonique, que je sollicite en ce moment à Rome. Vous voudriez bien y rendre témoignage de la conduite de nos religieux de Clichy, et dire un mot de ce que vous connaissez de mon attachement à l’Eglise et au Saint-Siège.

Le Pape a bien voulu me témoigner et me faire témoigner, à plusieurs reprises, son intérêt pour notre oeuvre, et peut-être aurais-je obtenu directement de lui tout ce que j’aurais demandé. Mais des personnes expérimentées dans les affaires romaines m’ont engagé à suivre la filière ordinaire, pour ne pas créer des embarras ultérieurs auprès des Congrégations, assez jalouses de leur pouvoir.

Veuillez agréer, Monseigneur, l’hommage de mon profond respect et de ma vieille amitié.

E. D’ALZON

Nîmes, 15 avril 1856(1).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Les archives de Rome possèdent la copie de la lettre de Mgr Sibour, datée de Paris le 20 avril (LI 4), à laquelle il faut ajouter celles de la lettre de Mgr Plantier, datée de Nîmes le 27 avril (LI 5), de la lettre du cardinal Gousset, datée de Reims le 27 avril (LI 3) et de la lettre de Mgr de La Bouillerie, datée de Carcassonne le 26 mai 1856 (LI 6). Les deux premières ont été demandées directement par le P. d'Alzon; les deux autres par l'intermédiaire de Mère M.-Eugénie.
Nous n'avons pas le texte de la lettre du P. d'Alzon adressée à Mgr Plantier. Sollicité par le P. d'Alzon, l'évêque de Nîmes lui écrit le 25 avril: "Vous auriez déjà la lettre que vous m'avez fait l'honneur de me demander, mon cher M. d'Alzon, si j'avais su précisément sur quoi la faire porter. Veuillez me l'indiquer catégoriquement et vous l'aurez sans retard". La suite de la lettre de Mgr Plantier révèle ses sentiments envers le P. d'Alzon.
"Avant qu'on fît effort pour vous séparer de moi, on en a bien fait plus pour m'empêcher de vous prendre comme vicaire g[énér]al. Le gouvernement, plusieurs évêques même dévoués aux doctrines, disons mieux, aux opinions auxquelles vous avez cru devoir consacrer vos sympathies, grand nombre d'ecclésiastiques suivant la même bannière, toutes ces autorités réunies s'étaient accordées pour me détourner du projet que j'avais manifesté de vous choisir comme membre de mon administration. Je n'en ai pas tenu compte; je suis allé en avant, et vous ai désigné pour être mon auxiliaire par un fait qui m'est tout personnel. J'ose espérer que vous aurez toujours pour moi la générosité que j'ai su trouver le courage de montrer pour vous. Je l'attends avec d'autant plus de confiance que je ne vous demanderai jamais le sacrifice de vos opinions. Je me permettrai de les juger dans mon for intérieur; c'est mon droit. Mais je les respecterai; et jamais pour ma part je ne les regarderai comme élevant entre vous et moi une barrière quelconque de l'épaisseur même d'un cheveu.
"Quant aux oppositions dont vous croyez entrevoir les symptômes, je ne peux pas m'en épouvanter. Elles ne sauraient me créer, sur le terrain pratique, un embarras sérieux. Si elles sont dans le vrai et dans le droit, je n'engagerai pas de luttes. Il ne m'en coûte pas de céder, dans l'occasion, au droit et à la vérité. Si, au contraire, elles sont dans le faux, alors ce n'est plus qu'une difficulté vulgaire, et comme l'administration en rencontre tous les jours. Ainsi je reste sans inquiétude. J'en ai d'autant moins qu'on ne découvrira jamais le secret de1. Les archives de Rome possèdent la copie de la lettre de Mgr Sibour, datée de Paris le 20 avril (LI 4), à laquelle il faut ajouter celles de la lettre de Mgr Plantier, datée de Nîmes le 27 avril (LI 5), de la lettre du cardinal Gousset, datée de Reims le 27 avril (LI 3) et de la lettre de Mgr de La Bouillerie, datée de Carcassonne le 26 mai 1856 (LI 6). Les deux premières ont été demandées directement par le P. d'Alzon; les deux autres par l'intermédiaire de Mère M.-Eugénie.
Nous n'avons pas le texte de la lettre du P. d'Alzon adressée à Mgr Plantier. Sollicité par le P. d'Alzon, l'évêque de Nîmes lui écrit le 25 avril: "Vous auriez déjà la lettre que vous m'avez fait l'honneur de me demander, mon cher M. d'Alzon, si j'avais su précisément sur quoi la faire porter. Veuillez me l'indiquer catégoriquement et vous l'aurez sans retard". La suite de la lettre de Mgr Plantier révèle ses sentiments envers le P. d'Alzon.
"Avant qu'on fît effort pour vous séparer de moi, on en a bien fait plus pour m'empêcher de vous prendre comme vicaire g[énér]al. Le gouvernement, plusieurs évêques même dévoués aux doctrines, disons mieux, aux opinions auxquelles vous avez cru devoir consacrer vos sympathies, grand nombre d'ecclésiastiques suivant la même bannière, toutes ces autorités réunies s'étaient accordées pour me détourner du projet que j'avais manifesté de vous choisir comme membre de mon administration. Je n'en ai pas tenu compte; je suis allé en avant, et vous ai désigné pour être mon auxiliaire par un fait qui m'est tout personnel. J'ose espérer que vous aurez toujours pour moi la générosité que j'ai su trouver le courage de montrer pour vous. Je l'attends avec d'autant plus de confiance que je ne vous demanderai jamais le sacrifice de vos opinions. Je me permettrai de les juger dans mon for intérieur; c'est mon droit. Mais je les respecterai; et jamais pour ma part je ne les regarderai comme élevant entre vous et moi une barrière quelconque de l'épaisseur même d'un cheveu.
"Quant aux oppositions dont vous croyez entrevoir les symptômes, je ne peux pas m'en épouvanter. Elles ne sauraient me créer, sur le terrain pratique, un embarras sérieux. Si elles sont dans le vrai et dans le droit, je n'engagerai pas de luttes. Il ne m'en coûte pas de céder, dans l'occasion, au droit et à la vérité. Si, au contraire, elles sont dans le faux, alors ce n'est plus qu'une difficulté vulgaire, et comme l'administration en rencontre tous les jours. Ainsi je reste sans inquiétude. J'en ai d'autant moins qu'on ne découvrira jamais le secret de me pousser à l'emportement et à l'agression".