Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.83

22 may 1856 [Lamalou, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’évêque de Nîmes est gravement malade, mais ce n’est pas à lui à le faire savoir. -Etat de sa propre santé. -Nouvelles diverses.

Informations générales
  • T2-083
  • 682
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.83
  • Orig.ms. ACR, AD 1089; D'A., T.D. 22, n. 385, pp. 34-35.
Informations détaillées
  • 1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 FATIGUE
    1 MALADIES
    1 PREMIERE COMMUNION
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 VOEUX DE RELIGION
    2 ALTENHEIM, MARIE-ANTOINETTE D'
    2 BERTHOMIEU, JOSEPH-AUGUSTIN
    2 BOLZE, MADAME SIMEON
    2 BOLZE, MARIE-GERTRUDE
    2 CONTE, AMELIE
    2 CONTE, MADAME
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 VARIN d'AINVELLE, J.-B.-FELIX
    2 VARIN D'AINVELLE, MADAME J.-B.-FELIX
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le] 22 mai 1856.
  • 22 may 1856
  • [Lamalou,
La lettre

Ma chère fille,

Je venais de cacheter ma lettre d’hier, quand je reçus à Montpellier celle que vous m’écriviez par Mme Bolze. J’ai déjà répondu à ce que vous me demandez sur mon arrivée à Nîmes. J’y serai du 15 au 20 juin, au plus tard. Je ne dois rester qu’une vingtaine de jours à Lamalou.

L’évêque est, en effet, très gravement attaqué dans sa santé, mais j’aime mieux que cela ne vienne pas au public par moi. Mon mal n’est pas le même que celui de M. Varin(1). Du reste s’il est comme je le vis, il y a un an, je suis tout autrement. Ma tête est un baromètre qui se tend ou se relâche selon le temps, et, au moment des variations, je ne vaux pas grand-chose. Mais il me semble que je puis, sauf certains moments de fatigue, soutenir certaines discussions, plus peut-être que ne le veut mon médecin, lequel prétend que plus je me reposerai à présent, plus j’aurai de force pour plus tard. D’autre part, l’abbé Berthomieu, qui a eu quelque chose de mon mal et des vertiges beaucoup plus forts, m’engage à prendre du repos quelque temps encore. Tout le monde me félicite sur ma bonne mine. Il est sûr que je vais bien sous certains rapports. Chose étonnante, je soutiendrais en plein air plusieurs heures de conversation, et dans un salon, au bout d’une heure, j’éprouve de la fatigue. Du reste, entre ce que vous m’avez vu et ce que je suis, il n’y a pas de comparaison(2).

Je dirai samedi la messe pour Soeur M.-Antoinette(3). Veuillez faire mes compliments à M. Gabriel. Mme Bolze est très ébranlée, mais toujours absurde. Arrangez-vous pour enlever son consentement et prendre Louise, qui est très bien(4). Amélie Conte s’est très bien posée à Nîmes par raport à vous; sa mère n’a pas le sens commun(5). Veuillez dire à Mme Varin que j’attends sa lettre avec empressement(6). Je vais dire la messe. Mes enfants font aujourd’hui leur première communion; je n’ai pas voulu y aller par prudence.

Adieu, ma fille. Je prie beaucoup pour vous et vous souhaite cet amour de Dieu, dont vous vous trouvez si dépourvue

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Ingénieur des ponts et chaussées, député et maire d'Alès, qui devait mourir en 1857. Sa famille était très liée au P. d'Alzon.
2. "J'ai bien envie de vous gronder, mon cher Père, écrira Mère M.-Eugénie le 27 mai. Pourquoi dites-vous toujours que vous êtes si fatigué de la tête: les gens charitables ne demandent pas mieux que d'y ajouter un *De profundis* éternel sur votre cerveau et par suite sur votre oeuvre, en s'appuyant sur vos propres paroles. Toutes les fois qu'il m'en revient de cette espèce, je suis de mauvaise humeur, d'autant que, dans votre plus mauvais moment cet hiver, j'ai fort bien trouvé votre cervelle à sa place et plus que celle de bien des gens qui ne se vantaient pas comme vous de ses impuissances. D'autre part, pourquoi, sous aucun prétexte, en aucune circonstance, prêchez-vous, même un instant, comme dans vos visites à Nîmes? Pour que vous guérissiez, il faut avoir le courage de regarder cela comme oeuvre défendue quelque temps encore, un an ou deux. Ah! quand donc mon vénérable père aura-t-il de la sagesse sous ses cheveux qui blanchissent!".
3. Née Anna d'Altenheim, et dont l'abbé Gabriel recevra les voeux.
4. Mlle Louise Bolze, dont la mère faisait obstacle à sa vocation.
5. Mlle Amélie Conte, postulante rendue à sa mère qui ne voulait pas convenir de la maladie de sa fille. 6. Mme Varin d'Ainvelle, qui s'occupait à Alès, entre autres oeuvres, d'un orphelinat à Servas, de l'oeuvre des tabernacles et d'une oeuvre d'adoration.