Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.84

23 may 1856 [Lamalou, CHASSANIS Clémentine

Ascension pénible d’une montagne. -Réflexions faites à ce sujet.

Informations générales
  • T2-084
  • 683
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.84
  • Orig.ms. ACR, AM 368; D'A., T.D. 38, n. 5, pp. 85-86.
Informations détaillées
  • 1 BOIS ET FORETS
    1 CURES D'EAUX
    1 EFFORT
    1 LOISIRS
    1 REPAS
    1 VOYAGES
    2 CHALVET, SAINTE-HELENE SOEUR
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 MICHEL, SAINT
    2 ROUVIER, HELENE
    3 SAINT-MICHEL DE MOURCAIROL
  • A MADEMOISELLE CLEMENTINE CHASSANIS
  • CHASSANIS Clémentine
  • vers le 23 mai 1856].
  • 23 may 1856
  • [Lamalou,
La lettre

Pour Clémentine

Ma chère enfant,

Si vous saviez combien votre exactitude à m’écrire me touche! Aussi sachez quelle réception je fais à vos lettres. Hier, je reçus la vôtre au moment du déjeuner. Vite je regardai ce que vous me dites de Juliette, et quand je fus rassuré, je mis votre lettre dans ma poche, je déjeunai, (affaire des plus importantes aux eaux) et je partis pour une course solitaire. J’avais marché depuis près de trois heures, je voulais arriver au sommet d’une montagne et je n’étais qu’au bas. Je demandai à des bûcherons le plus court chemin. Ils m’indiquèrent une espèce d’allée taillée au milieu des bois sur une montagne à pic. Je commençai une véritable escalade. Je ne pouvais guère faire vingt-cinq pas sans me reposer; mes bas se perçaient, ma soutane se déchirait. Arrivé au milieu du chemin, je regardai en bas: il était plus difficile de descendre que de monter. Or, je tirai la langue et les forces m’abandonnaient pour aller plus avant. Je m’assis, comme je pus, derrière un petit chêne vert et je lus votre lettre.

Ce chemin où je m’arrêtais si souvent, où je faisais si fort la grimace pour avancer, me fit faire des réflexions, et je ne puis vous dire quelle immense compassion j’eus de vos hésitations passées. Je me mis à offrir les pierres qui roulaient sous mes pas, le soleil qui me brûlait, pour votre persévérance. Si vous saviez toutes les bonnes résolutions que je pris à votre endroit, et la patience que je me promis de vous inspirer, quand vous ne vous trouveriez pas en train! Je pris bien quelque chose de mes fatigues à l’intention de Juliette et de nos deux saintes Hélènes(1), et, en aussi bonne compagnie, je finis mon excursion, avec l’aide de Dieu et de saint Michel, dont je visitai un ermitage.

Ceci est pour vous encourager à m’écrire. Je voudrais que cette lettre vous donne autant de force morale que la vôtre me donne de forces physiques.

Adieu, mon enfant. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Hélène Rouvier et Mme Sainte-Hélène.