Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.85

25 may 1856 Lamalou, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’orphelinat des petites protestantes pourrait être confié à l’abbé Soulas. -La vocation de Soeur Françoise-Eugénie. -Conseils spirituels.

Informations générales
  • T2-085
  • 684
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.85
  • Orig.ms. ACR, AD 1090; D'A., T.D. 22, n. 386, pp. 35-36.
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 CURES D'EAUX
    1 FETE-DIEU
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 ORPHELINATS
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 REPOS
    1 SOLITUDE
    1 VIE DE FAMILLE
    2 ANGELE MERICI, SAINTE
    2 BERGANOT, MARIE-BERNARD
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 COMBIE, MAURICE
    2 JEAN, SAINT
    2 MALBOSC, EUGENE DE
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 MALBOSC, PAULIN DE
    2 MILLERET, EUGENE
    2 MILLERET, JACQUES-CONSTANT
    2 PAUL, SAINT
    2 SOULAS, ANDRE
    2 THERESE, SAINTE
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 MONTPELLIER
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 25 mai [18]56.
  • 25 may 1856
  • Lamalou,
La lettre

Ma chère fille, La lettre de Louise ne m’a pas surpris(1); toutefois je dois ajouter que:

1° Il y a là-dessous un petit complot de M. Maurice(2). Juliette m’avait prévenu quelques jours auparavant;

2° L’abbé Soulas, quoique tout disposé à prendre ses enfants, ne sera prêt que dans un mois;

3° Si Juliette veut garder ses petites filles, j’ai trouvé par la Mère Bernard une excellente institution, qui permettra à Juliette de faire beaucoup plus pour sa famille et de se reposer. Je laisse le choix à la famille de cette pauvre enfant. Voilà toute la vérité.

Maintenant, les petites protestantes confiées à M. Soulas sont un immense débarras pour moi, et, sous ce rapport, je ne suis pas fâché de leur voir les talons; mais aussi faut-il voir si l’oeuvre ne s’amoindrira pas. Je vais bien prier sainte Thérèse de tout arranger pour le mieux(3).

Une heure avant mon départ de Montpellier, j’ai eu une curieuse conversation avec M. de Malbosc, le frère de Soeur Françoise-Eugénie. Il me dit qu’il était convaincu que sa soeur était faite pour être religieuse hospitalière, mais non Assomptiade. Je lui répondis que, s’il avait quelques inquiétudes à exprimer à sa soeur, je les lui ferais parvenir sans que personne qu’elle en eût connaissance. Il n’insista plus, quand je lui offris cette facilité. Que dois je faire, s’il revient?

J’espère beaucoup des eaux de Lamalou; elles me font dormir. Je n’ai presque fait que cela, depuis que je suis arrivé.

L’idée que vous a donnée le mot de saint Augustin sur saint Paul est bien vraie. Eh! Oui, ma fille, il faut nous jeter entre les bras de Dieu, cum nostris malis meritis, et lui être bien reconnaissant de ce qu’il veut bien nous prendre ainsi. Pour moi, je ne sais pas ce que je lui offrirais, si je devais lui offrir autre chose(4).

Adieu, ma chère fille. La solitude et le repos me ramènent vers ma fille avec une impulsion à laquelle je ne résiste pas. En nous éloignant des objets qui forment notre horizon, on n’aperçoit bientôt plus que ceux qui dominent. Adieu, mon enfant. Voulez-vous la messe des trois derniers jours de la semaine, l’octave de la Fête-Dieu, le Sacré-Coeur, sainte Angèle?

E. D’ ALZON

Je vous écrirai quelquefois sous votre nom de famille. Votre frère dit partout qu’il attend la mort de son père pour jouir d’une immense fortune(5).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Louise Combié, en religion Soeur M.-Catherine, qui avait reçu de son frère une lettre où il lui disait qu'il fallait absolument ôter l'orphelinat à leur soeur Juliette. "Soeur M.-Catherine, écrit Mère M.-Eugénie le 23 mai, désire bien que vous puissiez de Lamalou arranger cette transition", en faisant accepter la chose à Juliette quand elle sera en état de la recevoir.
2. Maurice (lu *Maurin*, T.D.), frère de Juliette et Louise Combié.
3. Sainte Thérèse avait été choisie comme patronne de l'orphelinat.
4. Le 23 mai, Mère M.-Eugénie écrivait: "Je suis très touchée, ces jours-ci, d'une pensée dont j'avais besoin; elle me vient de cette parole de saint Jean: *Et nos credidimus caritati quam habet Deus in nobis [I Jn 4,16]. Je sens que je manque de ce sentiment et je suis heureuse de penser que je dois croire à l'amour particulier de Jésus-Christ pour moi, cet amour qui prévient, qui vient à l'âme, quoi qu'elle soit, comme dit saint Augustin de saint Paul: *Sine ullis meritis, immo cum multis meritis malis [De gratia et libero arbitrio*, 6, 14]. Ces pensées m'ont fait beaucoup de bien. Peut-être jusque là me suis-je nourrie trop exclusivement de la vue de ce qui est dû à Dieu, de ce qu'il est, et pas assez de sa divine inclination vers nous".
5. Son frère Eugène, pensionnaire de l'abbé Soulas, et son père, M. Milleret, qui devait mourir en 1864.