Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.94

5 jun 1856 [Lamalou, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Inondations. -Messes assurées. -On ne peut refuser de tracer le sillon que Dieu nous indique. Mais il faut aussi se ménager des aides et savoir s’assurer la liberté nécessaire. -Le renouvellement de sa charge est une occasion à faire valoir.

Informations générales
  • T2-094
  • 692
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.94
  • Orig.ms. ACR, AD 1083; D'A., T.D. 22, n. 379, pp. 28-30.
Informations détaillées
  • 1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CHEMIN DE FER
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 DEFAUTS
    1 EFFORT
    1 ELECTIONS AU CHAPITRE
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 INTEMPERIES
    1 LOISIRS
    1 REPOS
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 VIE DE PRIERE
    2 CHABOT, JEANNE DE
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 LEVY, MARIE-JOSEPH
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 5 juin 1856](1).
  • 5 jun 1856
  • [Lamalou,
La lettre

Les inondations qui ont coupé le chemin de fer, ont mis du retard, ma chère fille, à l’arrivée de votre lettre renfermée dans celle de Jeanne(2), et je crains que la pluie torrentielle, qui tombe en ce moment, ne mette obstacle encore à l’arrivée de ma réponse.

Rassurez-vous, j’ai dit les trois messes que je vous avais offertes. J’en avais dit une entre deux et trois jours avant, et si vous le voulez bien, j’en dirai encore quelquefois sans vous en demander la permission, comme cela m’est arrivé. Seulement il y a certaines fêtes, où je suis bien aise que vous soyez prévenue.

Hélas! ma fille, qui plus que moi comprend tous les ennuis, les embarras d’affaires auxquelles il faut se livrer, et la sécheresse que cette poussière extérieure laisse sur l’âme? Mais ce n’est pas une raison pour refuser de tracer le sillon que Dieu nous indique. Il est là, il sait quels efforts nous avons à faire, il remplace la douceur de son service par la force nécessaire pour le servir davantage. Ménagez-vous, tant que vous le pourrez, la possibilité de prier. Je suis convaincu que vous pouvez, en diminuant quelques conversations, trouver un peu plus de temps pour la prière. Vous m’avez quelquefois reproché de ne pas vous dire vos défauts; en voilà un que je vous signale comme vous prenant du temps que vous pourriez donner à Notre-Seigneur. Toutefois, à mesure que vous irez, il se trouvera que même en ménageant votre temps, vous ne pourrez plus suffire à tout. Vous êtes,je crois, obligée de vous préparer des aides, et peu à peu vous en viendrez à bout. Je crois sous ce rapport que l’époque de votre renouvellement peut vous y aider, et voici comment. D’abord, je vous défends de vous retirer, sauf le cas que je vais vous poser. Témoignez le désir que vous avez de n’être plus supérieure, pour avoir le temps de vous occuper un peu plus de vous, et dites que votre directeur vous autorise à demander d’être déchargée du fardeau, à moins que vous n’ayez la possibilité de vous décharger de certaines choses et de vous faire aider en certaines autres. Il me semble que l’on vous accordera beaucoup pour vous avoir encore, et vous gagnerez d’autant sur votre liberté et sur les aides que vous pourrez prendre autour de vous. Et comme en pareille matière il faut procéder très sérieusement, ce serait très sérieusement que je vous permettrais de prendre six ans de repos, si l’on ne vous laissait pas prendre une position moins assujettie aux fantaisies de quelques-unes, et plus utile au bien de la Congrégation(3).

Communiez tous les jours et suivez sur ce point tous les avis de M. Gay. Le Fr. Marie-Joseph semble avoir tout à fait oublié les Carmes, et est revenu réellement ravissant par moments. Je vous écrirai encore peut-être aujourd’hui, mais le facteur arrive et ces qu[uel]q[ues] lignes vous arriveront vingt-quatre heures plus tôt. J’ai écrit à Jeanne une lettre assez forte contre la polka. Si elle veut m’écrire, ne l’en empêchez pas, supposé que vous pensiez qu’elle puisse un jour être religieuse.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le ms porte: *5 mai 56*; mais cette lettre répond à celle de Mère M.-Eugénie du *30 mai 56*; nous pensons que le P. d'Alzon a commis un lapsus sur la mention du mois, et nous datons: *5 juin* 1856.
2. Jeanne de Chabot pensionnaire à Chaillot.
3. Le 30 mai, Mère M.-Eugénie écrivait: "Quelquefois il me semble qu'on ne peut guère avoir plus d'embarras que je n'en ai [...] Avec ces affaires, bâtir, voir au pensionnat, satisfaire nos amis, pourvoir à l'esprit de la Congrégation, loger nos maisons naissantes, en avoir le souci, et puis, mille choses qui tiennent à notre position, à nos oeuvres, à notre développement rapide, à ce que nous ne sommes pas encore riches en bons sujets, une santé qui, je crois du moins, m'oblige à beaucoup de sommeil [...] Ce n'est pas commode. Je vous avouerai que j'avais rêvé quelque temps de prendre 6 ans de repos aux prochaines élections de supérieure générale qui auront lieu cet été; je crois que vous ne voudriez pas que je me fisse exclure de cette élection par nos supérieurs [...] Avez-vous sur cela une impression plus favorable à ma perfection personnelle, car je crois que cela me fait un grand bien". -C'est à cette consultation que répond ici le P. d'Alzon.