Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.109

16 jul 1856 Lavagnac, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il pense aller bientôt à Paris. -Arrivée de ses religieux de Rome; il est content d’eux. -L’oeuvre fera du bien plus tard, quand ils se seront bien dépouillés d’eux-mêmes.

Informations générales
  • T2-109
  • 707
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.109
  • Orig.ms. ACR, AD 1099; D'A., T.D. 22, n. 395, pp. 44-45.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 DEVOTION
    1 MARIAGE
    1 RESIDENCES
    2 BARRE, LOUIS
    2 CUSSE, RENE
    2 GALABERT, ETIENNE-JOACHIM
    2 GALABERT, MADAME ETIENNE-JOACHIM
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GOUY, FAMILLE DE
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MILLERET, EUGENE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
    2 SEGUR, EDGAR DE
    2 SEGUR, FAMILLE DE
    2 SEGUR, GASTON DE
    2 SOULAS, ANDRE
    2 THIBAULT, CHARLES-THOMAS
    3 CASTEL GANDOLFO
    3 LAVAGNAC
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME, PALAIS TORLONIA
    3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 16 juillet [18]56.
  • 16 jul 1856
  • Lavagnac,
La lettre

Ma chère fille,

Très probablement lundi au plus tard,(1) je quitterai Lavagnac; j’irai passer quelques heures à Nîmes, et, de demain ou après-demain en huit, je serai à Paris. On me parle de quelques désordres qui ont eu lieu à Clichy et que je veux aller vérifier par moi-même; ce sont les enfants qui se conduiraient mal. Enfin, il est bon de juger par mes propres observations.(2)

Merci de votre idée pour Alix.(3) Je crois la famille de S[égur] dans une nuance d’opinions trop tranchées pour les miens, quoique, pour ce qui me regarde, j’eusse été très content d’un pareil projet. Je connais M. Edgar de S[égur] et je le crois capable de se poser parfaitement partout où il sera. Vous avez parfaitement fait d’aller voir Mgr de Montpellier,(4) et je suis ravi de l’accueil qu’il vous a fait.

Nos Romains sont arrivés dimanche soirs J’attends le Fr. Galabert, qui est venu embrasser ses parents, à quelques heures de Lavagnac, et qui me dira ce que le Saint-Père leur a dit. Ils ont retenu décidément un appartement pour l’an prochain.

Le Pape ne leur a rien dit de remarquable, sinon qu’il leur a parlé avec une grande bienveillance et leur a rappelé qu’il m’avait reçu, il y a un an, à Castel-Gandolfo. Mais, d’après la conversation que je viens d’avoir avec le Fr. Galabert, nos jeunes gens sont très bien posés à Rome et j’espère qu’ils continueront à se bien établir, à présent qu’ils auront un logement à eux. Je suis content du quartier qu’ils ont pris, et, Dieu aidant, ce petit établissement marchera. Je dois dire pour votre gouverne que, dans la conviction du supérieur du Séminaire français à Rome, M. Barre est aux trois- quarts assomptioniste. Il a dit (M. Barre) à nos religieux de Rome qu’il viendrait passer quinze jours à l’Assomption de Nîmes. Dites-lui que j’y serai probablement du 10 août au 10 septembre.(6)

Je voudrais vous parler un peu de Notre-Seigneur, et quoique, tous ces jours- ci, j’aie été assez recueilli, je me trouve d’une sécheresse horrible. Ce séjour à la campagne m’a pourtant fait du bien. Je m’attache toujours un peu plus à notre pauvre petite oeuvre. J’espère qu’elle fera du bien un jour, quand nous nous serons bien dépouillés de nous-mêmes pour n’être que de simples instruments entre les mains du père de famille. Les sentiments de dévotion que vous éprouvez me réjouissent, elles [sic] fondent votre sécheresse et votre dureté prétendue. Enfin, Dieu vous force à être un peu plus sienne. N’abusez pas de ses étonnantes sollicitations.

Je pense à la communauté d’infirmes(7) et je prie bien pour elle. Adieu, ma chère fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D’ALZON.

Avez-vous reçu ma première lettre? Votre frère m’a écrit pour se plaindre de ne vous avoir pas vue.(8)

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le lundi 21 juillet, pour être à Paris, les 23-24 juillet.
2. Alors que le P. Laurent affrontait avec courage et avec humour les difficultés ordinaires et extraordinaires de la communauté et du collège de Clichy, le Fr. Cusse croyait devoir en parler aussi en son âme et conscience, mais le faisait comme quelqu'un pour qui tout va mal quand tout ne va pas à sa guise et n'est pas à la hauteur de "sa propre ligne de conduite": "toute ma journée sur pied, écrit-il, et mes nuits au travail, tant que Dieu m'en donnera la force; deux ou trois nuits de sommeil *par semaine* m'ont suffi jusqu'ici; j'irai jusqu'au bout...". C'est donc de "cette tête plus ou moins montée" que le P. d'Alzon recevait les 3, 10 et 18 juillet, des nouvelles alarmantes de Clichy, concernant les élèves, les professeurs, les religieux, le P. d'Alzon lui-même: "On a osé me dire que vous ne vous occupiez nullement de nous, que votre malaise n'était qu'un prétexte, etc. Votre oeuvre n'a pas d'avenir; vous n'appelez pas aux Saints Ordres; si on était entré dans une autre Congrégation, on serait prêtre depuis longtemps, au lieu de croupir dans une classe..." De son côté, Mère M.-Eugénie écrivait seulement, le 13 juillet: "On me dit que le P. Laurent est fatigué, qu'il sent un peu le poids moral de sa charge et que votre visite lui ferait du bien." Elle suggère de lui ménager un temps de vacances dans la famille de Gouy, heureuse de le recevoir.
3. Le 10 juillet, Mère M.-Eugénie écrivait: "Mgr de Ségur cherche à marier son frère Edgar qui est charmant et très pieux. Cela pourrait-il aller aux vôtres pour Alix, en cas qu'elle ne continue pas à avoir envie de faire son salut d'un seul coup?" Il s'agit, d'une part, d'Alix de Puységur, nièce du P. d'Alzon et qui devait entrer au Carmel, âgée de moins de vingt ans, le 18 avril 1857, et, d'autre part, d'Edgar de Ségur, premier secrétaire d'ambassade à Rome. Les Ségur servaient l'empire; les d'Alzon ne lui étaient guère favorables.
4. Mgr Thibault.
5. Le lundi 14 juillet, le Fr. Galabert écrivait de Nîmes: "Nous sommes arrivés hier à midi très heureusement. Le P. Picard et le Fr. Ernest vont bien. Le premier vient de partir pour Saint-Gervasy. Mercredi ou jeudi au plus tard, je viendrai à Lavagnac pour prendre vos ordres et causer de Rome. Notre maison est arrêtée pour l'année prochaine. Elle est située dans le palais Torlonia, sur la place des Saints-Apôtres."
6. M. Barre était en cure à Cauterets.
7. La communauté de "baigneuses" ou d'"infirmes" des Religieuses de l'Assomption à Cauterets.
8. Son frère Eugène, pensionnaire de l'abbé Soulas.